vendredi 20 février 2009

Un "grand cirque", "ahurissant", "ubuesque", "dramatique"...

Tels sont quelques uns des qualificatifs dont use Olivier Mouton dans Le Soir pour commenter la situation créée par le vote du Parlement flamand unanime refusant une disposition du plan de relance économique concocté par le gouvernement fédéral, qu'il juge préjudiciable à la Flandre.
Cette disposition porte sur un abaissement généralisé du coût du travail, que le CD&V et l'Open VLD avaient accepté au niveau fédéral, mais rejettent au niveau régional à la suite d'une motion des socialistes flamands. L'éditorialiste du Soir en déduit que notre paysage politique est plus schizophrénique que jamais. Pour lui, les parlementaires flamands sont des irresponsables et leur dérapage risque d'avoir une conséquence dramatique.
Dramatique pour qui, pour quoi ? Pour la relance économique en cette période de foudroyante récession, martèle Olivier Mouton. En fait, il n'y a rien de dramatique là dedans et le plan de relance n'est nullement compromis. Mais cette affaire fait apparaître une fois de plus à quel point les intérêts des Flamands et des francophones sont opposés. "Intérêts" est bien le mot, puisque c'est une motion en conflit d'intérêts que le parlement flamand a votée!
En fait, ce que veulent les Flamands, c'est pouvoir adopter une politique différente en matière d'emploi et leur vote est une forme déguisée de régionalisation dans ce domaine. Puisque le "dialogue de communauté à communauté" est bloqué jusqu'aux élections régionales, il faut bien utiliser d'autres moyens. Franchement, on ne peut leur donner tort et on souhaiterait que le parlement wallon soit aussi pugnace et déterminé.
Les partis flamands voudraient démontrer que la Belgique est ingérable qu'ils ne s'y prendraient pas autrement, conclut l'éditorialiste du Soir, en estimant cette attitude inacceptable. Pour lui, la gestion de l'Etat est devenue un grand cirque. Pauvre Monsieur Mouton, vous semblez - ou vous faites semblant - de découvrir l'Amérique. Prenez-vous vos lecteurs pour des sots ? Il y a longtemps que nombre de ceux-ci, en Wallonie du moins, ont compris que ce pays est effectivement devenu ingouvernable et que tous les efforts pour le sauver sont vains. Vous le reconnaissez vous-même en évoquant les inombrables tensions et bras de fer entre Communautés et Régions et en affirmant, avec raison, que l'absence de projet fédérateur est criante. La seule attitude intelligente et responsable est de penser dès-à-présent à l' "après-Belgique" et de réfléchir aux solutions d'avenir qui seront examinées lors des Etats généraux de Wallonie.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Sans faire du pathos comme Olivier Mouton, l'éditorialiste de "La Libre Belgique", plus conscient mais aussi plus philosophe que son confrère du "Soir" constate que "c'est comme ça parce que c'est comme ça".
Qu'est-ce qui est "comme ça" ? Et bien,explique Michel Konen, tout ce qui ne va pas en Belgique : le vote du parlement flamand, le passage à la trappe du bien commun au bénéfice de l'intérêt partisan, l'implosion du système belge de la négociation interprofessionnelle, l'augmentation du déficit budgétaire et de la dette de l'Etat, le fait que la Flandre veut jouer solo. Et de conclure : "le message adressé aux tenants d'une Belgique de fédéralisme d'union est on ne peut plus clair : il n'y a plus de notion du bien commun".
Voilà :" c'est comme ça parce que c'est comme ça" et, semble-t-il, il n'y a pas de quoi pleurer. C'est comme çà !

Anonyme a dit…

Il a raison, Michel Konen, mais qu'est-ce que les Wallons attendent
pour se révolter contre cette situation lamentable ? On a l'impression qu'il ne faudrait pas grand chose pour que tout bascule et que l'Etat belge soit balayé. Je mets beaucoup d'espoir dans les Etats généraux de Wallonie, car on ne peut pas compter sur nos partis politiques, y compris le RWF, dont l'influence reste très limitée. Il faut autre chose:un grand Mouvement wallon comme le Congrès Wallon de 1945 ou le Mouvement populaire wallon de 1961.