mercredi 27 mai 2009

Persiste et signe...à contre courant !

Alors que nombre de militants du Rassemblement Wallonie-France (RWF), particulièrement dans la région liégeoise, estiment que les positions de ce parti devraient être plus nuancées et tenir compte davantage de la sensibilité des électeurs, son président, de plus en plus contesté pour sa rigueur doctrinaire, persiste et signe.
Allant tout-à-fait à contre courant, M. Gendebien, qui n'est vraiment pas "tendance", reproduit sur son site un extrait de son livre Le choix de la France(1).
Persuadé de connaître l'inconscient collectif des Wallons et des Bruxellois, il affirme que ceux-ci aspirent à un profond renouvellement des modes de fonctionnement de la société politique, ajoutant : il (leur inconscient) les fait se tourner vers la France mais pas en suivant la pente du sentiment ou en obéissant à Dieu sait quelle loi de l'Histoire.
Et de balayer d'un coup de plume, comme il a balayé le "vieux" Mouvement wallon, le précédent de la "période française" entre 1794 et 1814, dont le RWF ne veut pas se revendiquer, ni de "droits" historiques quelconques (sic) qui justifieraient aujoud'hui son projet. Car accepter l'idée d'une prédestination fondée sur les événements du passé reviendrait à s'aventurer dans la voie incetaine du déterminisme dans la vie des peuples.
Pour l'auteur du "Choix de la France", le réunionisme n'est pas un ethno-culturalisme(...) Pas d'historicisme et dès lors pas de fatalisme. C'est dire que les réunionistes (lesquels ? ndld) ont une vision "laïque" de l'histoire (laïque ou marxiste ? ndlr). Et M. Gendebien précise : il ne s'agit pas de plaider en faveur de la reconstitution d'une unité perdue de la "grande famille française". Un pareil objetif serait d'ailleurs en contradiction avec la fonction intégratrice (le creuset) qui est celle de la République(...).
Cette doctrine est à cent lieues de celle qu'a toujours défendue le Mouvement wallon en général et son aile rattachiste en particulier. Ce n'est certes pas ce genre de considérations qui a motivé les pélérinages à Waterloo d'avant guerre, la célèbre Lettre au Roi de Jules Destrée et encore moins les 486 congressistes qui ont voté pour la réunion à la France lors du Congrès national wallon de 1945, dont pourtant M. Gendebien se revendique. Mais le président du RWF, n'est pas à une contradiction près! Qu'il pense tout cela ne dérangerait personne - la liberté de pensée et d'expression est un droit fondamental -, mais ce qui n'est pas acceptable est qu'il en ait fait la doctrine officielle de son parti et qu'il veuille à tout prix imposer celle-ci comme une sorte de pensée unique ne souffrant aucune discussion. Il y a là un paradoxe difficile à comprendre pour quelqu'un qui se présente comme un républicain et comme un démocrate !
Et pourtant, le RWF gagnerait beaucoup en audience et en crédibilté, auprès des électeurs, si au lieu de se cristalliser sur l'Union-assimilation, il développait la formule de l'Union-intégration, bien plus acceptable pour les Wallons, que M. Jacques Lenain a brillamment défendue et développée lors des Etat généraux de Wallonie. L'entêtement de M. Gendebien, qu'il ne faut pas confondre avec la persévérance, est hélas néfaste pour notre cause, alors que la présentation des diverses formes de réunion à la France serait au contraire de nature à séduire un beaucoup plus grand nombre d'électeurs et à rassurer ceux que tout changement inquiète.
A Liège, heureusement, c'est la perspective de l'Union-intégration (qui semble être la position officieuse du gouvernement français),que les dirigeants et les militants du RWF mettent en avant.Ils méritent donc la confiance de tous nos amis.
(1 ) Le choix de la France, 2001, éd. Luc Pire, 183 p.

6 commentaires:

Philippe Rasquin a dit…

Pour l'arrondissement de Charleroi, le RWF est crédité de 2,2% des intentions de vote, et le parti WALLONS de 0,9% (sondage du groupe des quotidiens de "Vers l'Avenir").Cela fait un total de 3,1%.Si les deux partis s'associaient sur la base d'une plateforme comme celle que propose M. Lenain et que défend M.Schreurs (sorte de compromis intelligent et réaliste entre réunionistes et indépendantistes), et compte tenu des indécis, une telle formation pourrait sans doute atteindre le seuil des 5% dans cet arrondissement et, pourquoi pas, dans les autres arrondissements wallons.

Josette Shipers a dit…

Les Wallons sont des Gaulois, il faut toujours qu'ils se divisent au lieu de s'unir.

Ginette Monoyer a dit…

Ne craignez vous pas, en critiquant ainsi le RWF à la veille des élections, de dissuader des sympathisants de voter pour lui ?

A. Schreurs a dit…

@ Ginette Monoyer :
Non, je ne le crois pas. Mes amis et moi pensons au contraire que ce débat démocratique est salutaire, car il fait apparaître qu'il y a plusieurs formes possibles de rattachement à la France.
Certains sympathisants, dégoûtés par les compromissions, les "affaires" et la malgouvernance qui ont entaché le PS, seraient peut-être favorables, comme M. Gendebien et ses amis,à un changement du mode de votation et au remplacement du système électoral belge à la proportionnelle par le système français du vote majoritaire à deux tours, permettant l'alternance. Il y a sûrement des partisans de ce système en Wallonie.
Mais beaucoup de Wallons sont attachés au système proportionnel, qui leur paraît plus démocratique et auquel ils sont habitués depuis l'instauration du suffrage universel.
En insistant sur le fait que le rattachement à la France n'implique pas nécessairement l'adoption du système français et que le droit belge pourrait demeurer d'application chez nous, en vertu d'un statut particulier accordé à la région de France "Wallonie", comme c'est le cas pour la Corse et l'Alsace-Moselle ainsi que pour certaines colletivités d'Outre-mer, on permet à un plus large public de voter pour le RWF.
Le maintien de tout ou partie du droit belge, même si celui-ci présente des lacunes et des défauts, est de nature à RASSSURER tous ceux qui craignent un trop grand changement lors du rattachement.D'autre part, les régionalistes wallons pourraient être tentés de voter pour le RWF ou en tout cas pour ceux de ses candidats se présentant comme étant également des régionalistes, mais au sein de la République française.
Il faut ratisser large si on veut que notre cause progresse et notre démarche est donc tout-à-fait constructive.
Ajoutons que la formule de "l'Union-intégration", que M. Jacques Lenain a développée aux Etats généraux de Wallonie, semble avoir les faveurs du gouvernement français. Elle est donc doublement rassurante pour les Wallons.

Jacques Lenain a dit…

Monsieur Schreurs, bien reçu, merci. J'en profite pour vous dire que je ne partage pas votre point de vue sur l'abandon des Bruxellois, périphériques notamment...mais ceci est une autre histoire, dont nous reparlerons. A bientôt. J.L.

A. Schreurs a dit…

@ Monsieur Lenain :
Je n'ignore pas que les mileux autorisés français tiennent beaucoup à ce qu'on défende les intérêts des francophones de Bruxelles et de sa périphérie. J'ai eu l'occasion d'en parler à plusieurs reprises avec l'ambassadeur de France, M. Bernard Dorin, ainsi qu'avec l'ancien ambassadeur Salon.
Tant mieux si les francophones de Bruxelles et alentours veulent nous accompagner dans le combat pour la réunion à la France, mais :
1) je ne le crois pas, car ils sont très belgicans et 2) les partis flamands ne seront jamais d'accod sur un élargissement de Bruxelles.
Il faut parfois faire des choix douloureux : cela n'a-t-il pas été le cas du général de Gaulle quand il dût choisir entre la République et l'Algérie française ? Et avant lui, un certain Henry IV n'avait-il pas estimé que "Paris vaut bien une messe" ? Bien à vous.