mercredi 17 juin 2009

Quand les politologues découvrent des évidences...mais n'en tirent pas les conclusions !

Ils sont à la mode, les politologues. Il n'est guère de jour sans qu'un journal ne publie les savants commentaires de l'un ou de l'autre, qu'il s'agisse de Vincent Cordebyter (le plus sérieux), du professeur Verjans de l'ULg (le plus neutre) ou de Pascal Delwit de l'ULB (le plus "belge").
Dans La Libre de ce jour, M. Pascal Delwit, précisément, fait une grande découverte : "Les enjeux ne sont pas les mêmes au Nord qu'au Sud". Reconnaissons lui quand même un tour de force : en 143 lignes, il parvient à ne pas citer une seule fois la Wallonie, n'évoquant que le sud du "pays". En fait, le "Sud", c'est quoi au juste ? Le sud de la Belgique, bien sûr, mais encore ? S'agit-il de la Wallonie ou de la Wallonie et Bruxelles ? Mais Bruxelles est au centre, pas au sud...en fait c'est même un îlot francophone en Flandre, qui le restera aussi longtemps que les Bruxellois n'auront pas obtenu, au minimum, un "couloir"dans la forêt de Soignes, reliant la Région de Bruxelles-Capitale à la Wallonie.Un peu comme le couloir de Dantzig (1) ?
Même si c'est devenu un lieu commun, confirmer que le "Nord" et le "Sud" ont des "configurations socio-économiques et socio-culturelles qui ont de moins en moins de points communs" est un bon début. Et M. Delwit ajoute : L'idée d'un destin commun est de moins en moins présente. Autre constatation banale mais intéressante : "Culturellement, le Nord est plus tourné vers le monde anglo-saxon et les Pays-Bas; le Sud est plus influencé par le débat latin et en particulier français". C'est bien, M. Delwit, vous réfléchissez dans le bon sens, encore un petit effort et vous trouverez la conclusion évidente de tout cela : la Belgique est composée de deux pays, de plus en plus différents l'un de l'autre, dont le destin apparaît clairement : l'indépendance pour la Flandre et la réunion à la France pour la Wallonie. D'ailleurs, vous admettez qu' "on est dans une situation structurellement explosée". Explosée structurellement et explosive pour l'Etat belge, auriez-vous pu ajouter. Mais non, l'éminent politologue conclut : "par le fait que la prochaine élection n'est pas pour tout de suite, le terrain est propice pour atterrir sur une nouvelle réforme de l'Etat équilibrée !
Question à cinq francs : Y-a-t'il, dans le "Sud", des politologues intellectuellement capables de se détacher des idées reçues et de réfléchir à l'avenir de la Wallonie en dehors du cadre belge, comme le firent les participants aux Etats généraux de Wallonie ?
(1) Près de l'embouchure de la Vistule, Dantzig fut une sorte de "ville libre" que se disputèrent la Pologne et la Prusse. Hitler l'annexa à l'Allemagne le 1er septembre 1939, ce qui provoqua l'entrée en guerre de la France et de la Grande-Bretagne aux côtés de la Pologne envahie. En polonais, le nom de Dantzig (Danzig en allemand) n'est autre que Gdansk, où Lech Walesa lança le syndicat Solidarnosc en 1980.

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