Interviewé ce midi sur RTL par Pascal Vrebos, Jean-Michel Javaux a déclaré, à propos de la N-NA, qu'il préférait voir celle-ci dans le gouvernement flamand plutôt que dans l'opposition, car elle serait ainsi plus facile à contrôler...Le parti Ecolo semble aussi incapable de s'affranchir du concept politique belgicain que les autres partis traditionnels et de percevoir l'avenir de la Wallonie dans "l'après-Belgique". Ils sont décidément aussi myopes les uns que les autres !
Comme de coutume - cela devient une ritournelle - Jean-Michel Javaux a mis en exergue le "duo Ecolo-Groen", qu'il s'obstine à présenter comme un modèle, alors que si les Verts ont doublé leur score en Wallonie en atteignant les 18%, ils ont perdu 1% en Flandre où ils stagnent à peine à 6% ... Le co-président d'Ecolo se met-il, lui aussi, à pratiquer la langue de bois comme les partis traditionnels ? Partisan à la fois d'un "front francophone" et d'une sorte de "front vert", il adopte des positions contradictoires, puisque Groen et Ecolo ont des points de vues tout-à-fait opposés au sujet de Bruxelles et de BHV ! D'ailleurs, pour le gouvernement bruxellois, Groen s'est allié, dans le collège néerlandophone, non aux socialistes mais aux libéraux de l'Open VLD. Comprenne qui pourra !
C'est l'occasion de rappeler une fois de plus, à l'intention des néophytes, que ce sont des hommes politiques wallons qui, bien avant leurs collègues flamands, ont revendiqué la séparation administrative (1910), l'unilinguisme des deux grandes régions (1932) et l'instauration du fédéralisme (1945). A cette époque, ils n'étaient pas peureux comme aujourd'hui.
C'est un sénateur libéral liégeois, plusieurs fois bâtonnier de l'Ordre des avocats, qui le premier, s'écria à la Haute assemblée : vive la séparation administrative!, provoquant les remous que l'on devine sur les bancs du Sénat et dans la presse. Son nom : Emile Dupont, auquel la Ville de Liège a dédié une place publique (1). Après la IIè guerre mondiale, ce sont des socialistes et des libéraux wallons qui ont amené les hommes politiques flamands, jusqu'alors farouchement unitaristes, à défendre également le fédéralisme.
Les rattachistes lucides, qui ont un minimum de culture historique et refusent la "pensée unique" que d'aucuns tentent de leur imposer, n'ont pas a hésiter, à présent, à adopter mutatis mutandis la même attitude que leurs devanciers : constituer, sous une dénomination et une forme acceptable pour l'opinion publique wallonne, un " front autonomiste/séparatiste" avec les nationalistes flamands. La N-VA est un parti démocratique et certains de ses parlementaires, comme M. Jan Peumans, se déclarent même "de centre-gauche". Mais il y a aussi divers groupements importants, comme le Vlaams Volksbeweging et le Cercle De Warande. Les interlocuteurs "fréquentables" ne manquent pas...
(1) Sur Emile Dupont, voir l'Encyclopédie du Mouvement wallon, tome I, p. 531.
4 commentaires:
Je ne pense pas que Javaux pratique la langue de bois. Il répète simplement ce qu'on entend partout. Nous connaissons la chanson: les profondes divisions entre flamands et wallons, l'incroyable complexité de l'État belge qui est la conséquence directe desdites divisions, la paralysie politique totale de ces deux dernières années, tout cela est réduit à un banal conflit de personnes et à l'existence du nationalisme flamand. Si seulement les politiques pouvaient s'entendre! Si seulement les nationalistes pouvaient disparaître!
Javaux n'est pas cynique, il est superficiel, c'est différent. Il se préoccupe de ses dadas et limite sa réflexion à ce terrain-là. Il n'est pas un homme d'État dans le sens premier du terme. Personne ne l'est d'ailleurs en Wallonie et en Flandre, je ne vois que Bart Dewever.
S'il n'y avait pas la crise financière, il n'y aurait aucun espoir car chez les flamands, il faudra encore longtemps pour que le vote nationaliste atteigne la majorité. Mais fort heureusement, les caisses sont vides et la Flandre va être bientôt contrainte de choisir entre l'indépendance ou la ruine. Et en disant cela, je précise c'est l'État belge qui sera la cause de cette ruine, pas Bruxelles ou la Wallonie.
Par un tour de passe-passe, l'unité nationale va se créer pour défaire l'unité nationale. La réunion de la N-VA (13% aux élections 2009) et de quelques rattachistes wallons (0,5%) va créer un séisme capable d'obtenir la scission de la Belgique honnie. Mais quelle naïveté ! Quel angélisme !
Si un partage de la Belgique devait s'effectuer par l'entente entre les nationalistes flamands (et derrière la NV-A, se profile le CD&V, version soft du flamingantisme), et ces quelques rêveurs, quelle serait la la répartition de l'héritage belge.
Doit-on croire en la générosité de ces individus "fréquentables", subitement soucieux d'une équité entre les régions ? Ces rattachistes qui prétendent connaître l'histoire,se rappellent-ils seulement le retour triomphal de Chamberlain en 1938 qui trouvait les exigences d'Adolf Hitler parfaitement raisonnables et qui pensait avoir écarté le spectre de la guerre ?
Pourquoi une nation en devenir résisterait-elle à la volonté d'écraser ce qui pourrait l'affaiblir ?
Décidément, je comprends de plus en plus la désaffection du citoyen lucide qui, à lire ce genre de déclaration, ne peut comprendre un rattachisme qu'il découvre prêt à s'allier avec le diable, quitte à brûler en enfer !
Monsieur Thirion critique, mais ne propose rien, à part la désunion !
@ M. Thirion :
Comment un rattachiste peut-il encore parler "d'unité nationale" à propos d'un Etat fédéral qui n'est pas une nation ? Les rattachistes ne représentent pas 0,5%, mais, en additionnant ceux du RWF et ceux de WALLONS, ils atteignent 2,5% !Où M. Thirion va t-t-il chercher que la Flandre veut écraser la Wallonie ? Elle veut peut-être reconquérir en partie Bruxelles, mais en quoi cela concerne t-il les wallons ? La seule chose qui compte, c'est que LA WALLONIE soit rattachée à la France. Que les Buxellois se débrouillent; ils ne nous ont jamais aidés, au contraire.
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