lundi 30 novembre 2009

Déni de démocratie ou ingérence francophone ?

Pour nous, on le sait, la Flandre est un pays "étranger" qui, comme tout pays, a le droit élémentaire d'avoir son territoire, ses frontières et sa langue nationale. Ce n'est pas encore un Etat indépendant, mais c'est déjà un "Etat-nation", un Etat fédéré voire confédéré au sein de la S.A. Belgique, een Deelstaat, comme disent les Flamands.
Evoquer un déni de démocratie à propos des "bourgmestres-non-nommés" de la périphérie bruxelloise, ou de l'existence en Flandre d'un Wooncode (code du logement), ou encore d'une assurance-dépendance complémentaire, relève de la confusion et de l'ingérence. C'est en tout cas se placer dans une optique essentiellement belge, voire belgicaine, et si on comprend cette attitude de la part du FDF ou du cdH, on reste confondu de la constater également au RWF réunioniste !
En quoi ces questions concernent-elles les Wallons en général et les rattachistes en particulier, que ce parti est sensé défendre ? On se perd en conjectures... Le RWF entretient la confusion entre la défense de la Wallonie et "les intérêts des francophones de Flandre", deux concepts antinomiques à nos yeux. Antinomiques et illogiques, car on ne peut, dans le même temps, vouloir négocier avec les Flamands la séparation de la Belgique et accuser ceux-ci de tous les maux, réels ou imaginaires. Cette attitude est à la fois incohérente et contreproductive...
Dans sa haine pour Jean-Luc Dehaene ("il est écoeurant"), le RWF va jusqu'à situer Vilvorde dans la périphérie bruxelloise[sic], alors qu'elle est à l'extrême nord de BHV ! Et il n'y a pas que Dehaene : Mario Keulen, qui sera probablement le prochain président de l'Open VLD ( libéraux flamands), en prend aussi pour son grade. Pensez-donc : à Vilvorde, en plein pays flamand, les prévenus ne peuvent plus obtenir d'être jugés en français ! Et alors ? Les prévenus flamands sont-ils jugés en néerlandais à Liège ?
Quant aux trois "bourgmestres non nommés" de la périphérie bruxelloise, ils vont, nous apprend aujourd'hui La Libre, interpeller Herman Van Rompuy. Comme d'habitude, c'est le hargneux Damien Thiéry, qui ne cache pas ses convictions belgicaines et "bilinguistes", qui mène la danse. Et de rappeler que" l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a clairement demandé [de quoi je me mêle?] que les trois bourgmestres de la périphérie soient nommés", ajoutant : "On ne peut pas, d'une part, se targuer d'être au sommet de l'Europe et, d'autre part, cautionner ces manoeuvres flamandes qui bafouent les règles les plus élémentaires de la démocratie".
On apprend également qu'une séance du conseil communal de Linkebeek, qui s'était tenue à huis-clos(!), vient d'être invalidée par le gouverneur du Brabant flamand, le socialiste (SPA) Lodewijk De Witte...
Ainsi donc, les coupables de "dénis de démocratie" sont dans ce cas, non les "affreux fachos" du Vlaams Belang ou les nationalistes de la N-VA, mais des personnalités libérale et socialiste. Où se trouveraient donc, dans ces conditions, les démocrates de Flandre ? C'est pourtant bien avec tous ces partis "antidémocratiques" de Flandre qu'il faudra négocier la scission de la Belgique...
Un mot encore à propos de ces fameux "bourgmestres-non-nommés". En les qualifiant ainsi, les partis francophones, y compris le RWF, abusent l'opinion wallonne. Il n' y a pas de "bourgmestres-démocratiquement-élus-non-nommés". Les trois Mousquetaires belgicains de la périphérie - le baron van Hoobrouck d'Aspre, l'écuyer d'Oreye de Lantremange et M. Damien Thiéry - ont été élus non en qualité de bourgmestres, mais seulement de conseillers communaux. Depuis la régionalisation, la tutelle sur les communes est exercée par les Régions et ce sont donc les autorités régionales qui nomment les bourgmestres. N'est-il pas normal que celles-ci ne nomment pas des candidats-bourgmestres qui ont violé la législation régionale ? Et ce pour une broutille en somme, car tous les francophones sont capables de comprendre les trois phrases en néerlandais qui figurent sur les convocations électorales ! Et ils peuvent, sur demande, en obtenir la traduction. Que les trois intéressés fassent un geste de bonne volonté, qu'ils s'engagent pour l'avenir à envoyer les convocations électorales dans la langue de la Région et ils seront nommés. Mais ils refusent obstinément ! Où sont les provocateurs ?
Exprimez votre avis, postez des commentaires, mais venez avec des arguments, pas des réactions émotionnelles ! Nous sommes désolés d'avoir dû refuser une série de commentaires, mais leurs auteurs persistaient dans des invectives personnelles dans un sens ou dans l'autre, alors que nous avions bien insisté pour qu'il n'y ait plus ce genre de propos.

7 commentaires:

Vincent Bodart a dit…

Vous avez raison.

En fait, il y a deux erreurs de stratégie au RWF :

1) il est trop "français-français" sans tenir compte de la sensibilité wallonne;

2) il est trop "anti-flamand" alors qu'on a besoin d'eux pour mettre fin à la Belgique.

Pourquoi ne peut-on pas débattre de ces questions sereinement ?

Anne Dopchie a dit…

En voulant intervenir dans ce qui se passe en Flandre, on(les francophones) se comporte en "belge", même pas en belge "féraliste", mais en belge "unitaire", qui se croit chez lui en Flandre. Même certains rattachistes se comportent de cette façon, ce qui est tout-à-fait paradoxal. Au lieu d'entretenir la confusion, le RWF devrait au contraire bien clarifier les choses. En jouant sur les deux tableaux, il risque de perdre sur les deux à la fois. C'est un mauvais calcul. Mais seuls vous, à Liège-France, avez une position claire sur la question. Que pensent les autres ?

Alex Remacle, sur son blog a dit…

Le mouvement rattachiste explose OU L'IMPOSSIBILITE POUR LES WALLONS DE S'UNIR ET DE RESTER UNIS:
Pour preuve, le nombre de tendances au sein du mouvement rattachiste.
Le RWF qui n'arrête pas d'exploser suite aux démissions et aux exclusions.
Les EGW des rattachistes Jules Gheude et André Schreurs qui lui-même dirige le mouvement Liège-France.
Le parti France de Marie-France Jarbinet.
Le mouvement Debout la Wallonie de Claude Thayse et Didier Mélin, mais Didier semble vouloir se diriger vers le FDF.
Plus tous ceux qui ne savent plus où aller, qui restent perplexes face à ce déchirement.
Nous n'arriverons donc jamais à un Front démocratique et pluraliste wallon, car du côté des régionalistes et autonomistes, ce n'est pas mieux.
Triste conclusion.

Stéphane Dohet a dit…

Ce n'est pas tout-à-fait vrai Alex. Les déchirements internes au Mouvement wallon sont historiques. Il n'y a qu'à voir le nombre d'entrées dans l'Encyclopédie du Mouvement wallon pour tous les partis, mouvements, clubs créés. Ce qui est normal, car si nous sommes tous Wallons, nous avons des idées différentes dans bien des domaines. Mais nous sommes à un moment où les différentes tendances travaillent au sein d'une même alliance, l'UPW. Ce n'est pas encore un vrai parti, mais on s'en rapproche. C'est déjà aussi toute une affaire de concilier les points de vue indépendantiste et rattachiste, mais la convergence est possible, car le chemin est commun aux deux tendances : sortir la Wallonie de la Belgique et poser la question de l'avenir par référendum, souveraineté ou intégration.

Je pense sincèrement que la porte est ouverte à l'UPW pour accueillir le RWF mais aussi nos amis de Liège-France, le MMW, ainsi que toute personne intéressée par l'avenir post-belge de la Wallonie. Il n'y a que les extrémistes de droite que nous refusons.

Philippe Rasquin a dit…

Vilvorde est une assez grande commune qui touche effectivement la frontière bruxelloise, mais seul le tout petit quartier (huppé) de Beauval, vraiment à la frontière, est francophone.

A. Schreurs a dit…

Le fait qu'il y ait diverses tendance au sein du mouvement rattachiste est plutôt une richesse. Le tout est d'être suffisamment souple et tolérant pour pouvoir les rassembler, les fédérer. Ce doit être possible avec de la bonne volonté. A cet égard, malheureusement, le RWF n'a pas été "rassembleur" et c'est sans doute la cause de son échec. Par exemple,en dehors de Liège, latendance "régionaliste/rattachiste que je partage avec Jean-Sébastien Jamart et Claude Thayse n'a jamais pu y être débattue, pas plus que la "théorie Lenain", ou encore le problème des relations avec les Flamands. Ce sont trois tabous. Il faudrait constituer un vrai rassemblement, respectueux des diverses tendances et de ceux qui les défendent.

P. Marchot a dit…

Un parti au sein duquel on ne peut débattre de questions d'idées et d'arguments et n'apporte rien de concret,ne peut rassembler que des convaincus ou des gens qui se contentent d'idées simplistes.Il faut autre chose pour intéresser les Wallons, aussi bien les "citoyens lambda" que les milieux culturels.