mardi 10 novembre 2009

Les Wallons, premiers et derniers gaullistes ?

Hier, 9 novembre, ce n'était pas seulement l'anniversaire de la chute du mur de Berlin, c'était aussi celui de la mort de Charles de Gaulle, une disparition qui fit dire à Georges Pompidou, son successeur : La France est veuve ! Claude Thayse le signale opportunément sur son blogue-notes et rappelle un passage significatif des Mémoires de guerre du Général, que nous reproduisons ci-dessous.
"Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l'inspire autant que la raison. Ce qu'il y a en moi d'affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone des fresques des murs, comme vouée à une destinée imminente et exceptionnelle. J'ai, d'instinct, l'impression que la Providence l'a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires.
S'il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j'en éprouve la sensation d'une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n'est réellement elle-même qu'au premier rang; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même; que notre pays, tel qu'il est, parmi les autres, tels qu'ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur".
Les rattachistes wallons, qu'émeuvent de tels propos, seront-ils les derniers gaullistes, comme se le demandait Catherine Laneau (1) dans une carte blanche du 15è jour du mois, périodique de l'Université de Liège (2) ?
Ils furent en tous cas les premiers, puisque c'est le jour même de l'Appel du 18 juin 1940, ou quelques jours plus tard, que les militants wallons fondèrent le mouvement clandestin "Wallonie Libre", en référence à la "France Libre" constituée à Londres par le Général. Tous les tracts et publications de "Wallonie Libre" étaient timbrés du coq wallon profilé sur une croix de Lorraine et le mouvement diffusa, pendant la guerre, des dizaines de milliers de photos de Charles de Gaulle, avec la mention : La Wallonie libre est aux côtés de la France libre. C'est pour avoir diffusé largement ces photos que l'avocat de Charleroi, Arille Carlier, fut arrêté par les Allemands et incarcéré à la prison de Louvain, puis transféré dans la forteresse de Dietz, en Allemagne (3), où il demeura deux ans.
Catherine Laneau signale les contacts que des rattachistes eurent à nouveau avec le Général en 1963, lorsqu'il reçut à l'Elysée une délégation wallonne conduite par Robert Liénard, le doyen de la Faculté de Droit de l'Université de Louvain. C'est alors que, selon Alain Peyrefitte, il prononça la fameuse phrase : "...si demain, une Autorité représentative de la Wallonie s'adressait à nous, c'est de grand coeur que nous répondrions favorablement à une demande qui aurait toutes les apparences de la légitimité".Ajoutant : "Avant, c'est impossible(...) Un peuple ne peut se redresser que par lui- même(...)donnez-vous des chefs jeunes qui diront la vérité au peuple(...) J'ai pourtant la conviction que seule leur prise en charge par un pays comme la France peut assurer l'avenir de vos trois à quatre millions de Wallons".
L'auteure fait observer que les appuis que les rattachistes ont en France proviennent tous des milieux gaullistes ( feu Philippe Rossillon, l'ambassadeur Bernard Dorin, le député UMP Jacques Myard) ou souverainistes (Jean-Pierre Chevènement, le député socialiste Jean-Yves Autexier). Et elle conclut : "Si les soutiens français au rattachisme peuvent sembler disparates, ils possèdent un commun dénominateur : le général de Gaulle. Par ses multiples facettes et son parcours politique iconoclaste, l'homme du 18 juin reste la référence essentielle pout tous ceux qui, sur les deux rives du Quiévrain, cherchent leur chemin sous le signe de la 'France éternelle".
(1) Catherine Lanneau est docteur en histoire, assistante à l'Université de Liège et attachée au FNRS.
(2) Numéro 176 de septembre 2008.
(3) Bologne-Lemaire Aimée, Arille Carlier ou la conscience wallonne, 1969, éd. Institut Jules Destrée.
Vous avez des questions ? Postez des commentaires.

12 commentaires:

Jean-Louis Gravis a dit…
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Jean-Louis Gravis a dit…

Le RWF en général et M. Gendebien en particulier sont-ils gaullistes ? Certes, ils ont dans leur programme le scrutin majoritaire à deux tours instauré par de Gaulle, mais ils sont aussi très "républicains laïques", ce qui réfère plutôt aux 3ème et 4ème Républiques.
Aucun site du RWF n'a songé, semble-t-il, à publier un billet à propos de l'anniversaire de la mort du général.

Julien Hiernaux a dit…

Le choix du scrutin majoritaire à deux tours n'est pas une indication de gaullisme ni de francophilie. MM. Modrikamen et Aernoudt, fondateurs du nouveau "parti populaire" de droite, ont également inscrit ce mode de scrutin dans leur programme.
Je crois effectivement qu'il y a deux tendances chez les rattachistres: la vôtre et celle de Wallonie Libre, du parti France, etc et celle des "nouveaux" qui sont en effet plutôt "républicains laïques". Je pense que c'est le cas de pas mal de militants du RWF.

Philippe Rasquin a dit…

Monsieur Schreurs est sûrement un pur gaulliste, "iconoclaste" comme son modèle...

Jean-Sébastien Jamart a dit…

Allons tous à Colombey-les-Deux-Églises le 9 novembre 2010 !

Unknown a dit…

Julien Hiernaux a dit...
"Je crois effectivement qu'il y a deux tendances chez les rattachistres: la vôtre et celle de Wallonie Libre, du parti France, etc et celle des "nouveaux" qui sont en effet plutôt "républicains laïques"."

Wallonie Libre n'est pas rattachiste mais :
"Wallonie Libre est indépendantiste, elle désire une Wallonie autonome, libre, indépendante et souveraine."
copié de http://wallonie-libre.blogspot.com/

A. Schreurs a dit…

@ Alex Remacle :

Le mouvement actuel "Wallonie Libre", d'accord, mais pas celui qui fut fondé le 18 juin dans la Résistance, dont la plupart des membres étaient rattachistes. Jusqu'au congrès de 1945, il y avait à "Wallonie Libre" des partisans du fédéralisme, de l'indépendance et de la réunion à la France. C'est le Congrès qui les a départagés avec ses deux votes : celui du coeur pour le rattachement et celui de la raison pour le fédéralisme.

Julien Hiernaux a dit…

Je ne comprends pas bien la position de Monsieur Remacle. Il veut défendre la Wallonie en s'oppsant à la réunion à la France, alors qu'il est partisan d'un Etat Wallonie-Bruxelles, la pire solution à mon avis car tout l'appareil d'Etat bege restera à Bruxelles, avec la monarchie, et Bruxelles continuera a vouloir dominer la Wallonie comme elle l'a toujours fait.
Pour maintenir une certaine identité wallonne tout en assurant un avenir à la Wallonie, la meilleure solution me paraît être celles des régionalistes rattachistes, comme MM. Jean-Sébastien Jamart, Didier Mélin André Schteurs et Claude Thayse (voir leurs blogs) qui veulent une Wallonie française mais largement autonome, suivant la formule de l'union-intégration proposée par le Français Jacques Lenain.

Pynnaert Pierre a dit…

"qui veulent une Wallonie française mais largement autonome, suivant la formule de l'union-intégration proposée par le Français Jacques Lenain."

: le beurre , l'argent du beurre et le sourire de marianne ! Cette formule lenain est indigeste car tout changement ultérieur à l'union serait impossible, lourd pour se mettre chaque fois en conformité avec la france, ses lois et les "nôtres"

Osons un statut particulier, poussé, mais pas ça !!!

Georgette Davister a dit…

@ Monsieur Pynnaert :

Un statut particulier, ou cette union-intégration, n'est-ce pas la même idée? Le problème n'est pas ce que nous pouvons souhaiter à titre personnel, mais la meilleure façon de présenter les choses en tenant compte de la mentalité wallonne. L'assimilation pure et simple fait peur aux gens, parce qu'on craint toujours un trop grand changement.Moi personnellement, je ne demande qu'à être Française à part entière, mais je vois bien les réactions des gens, même chez mes amies.

Stéphane Dohet a dit…

Les relations entre la Wallonie et la France ne sont pas les mêmes qu'entre la RDA et la RFA. Il est possible que la Wallonie se rattache à la France (ce sera toujours mieux que d'être gouverné par un État belgo-flamand), mais pas sans une grande autonomie pour la Wallonie.

Qu'ensuite, les Wallons choisissent au fur et à mesure d'harmoniser leurs lois avec celles de la France, ce sera une question à leur poser par référendum.

Unknown a dit…

@ André Schreurs
Nous sommes en 2009, donc nous devons prendre en compte les positions actuelles de Wallonie Libre avec tout le respect que nous devons à la création de cette organisation du Mouvement wallon.
Des Congrès, car il n'y a pas eu que celui de 1945, que reste-t-il?
Peu de rattachisme, me semble-t-il, non ? Le fédéralisme a pris le pas sur les autres options ? Mais, justement, c'est cela qu'il faut remettre en question sans imposer votre point de vue si peu approuvé par les wallons ! Les résultats des élections le prouvent. Indépendantistes, autonomistes et rattachistes, nous sommes très, mais très minotitaires en Wallonie, alors !
Engageons-nous sérieusement pour expliquer les trois solutions possibles aux citoyens wallons. Pas pour faire "sa" pub personnelle en écrivant des bouquins et des articles, des cartes blanches, des ... dans les journaux.
Monsieur Schreurs, vous avez déjà remplacé PHG par AS ou JSJ ou ...
Ce n'est pas une question de personne, c'est un Combat. Cela ne vous rappelle-t-il rien ? COMBAT !