la politique ?
Encore et toujours le problème de Bruxelles !
On peut se poser la question quand on lit les avis que donnent dans la presse M. Pierre Vercauteren politologue aux Facultés universitaires de Mons ou M. Pierre Verjans, politologue à l'Université de Liège. Qu'ils analysent la situation politique et l'évolution des négociations entamées par MM. Elio Di Rupo et Bart De Wever, fort bien, mais quand M. Verjans décrète, dans La Libre d'aujourd'hui, que "le pire n'est pas imaginable" et qu'une "non-négociation- c'est à dire le clash- est impossble", il sort de son rôle. Il en va
de même quand M. Vercauteren affirme : "il faut éviter le transfert [de compétences] pour le transfert". Cette remarque n'a pas de sens pour les séparatistes !
C'est quoi le pire pour M. Verjans ? Et pourquoi faudrait-il ou non "céder à la panique" ? Le pire, c'est évidemment pour lui la fin de la Belgique. C'est une prise de position politique, ce n'est plus une analyse de politologue ! Pour nous, rattachistes, la fin de la Belgique est une issue que nous appelons de nos voeux, autant que les séparatistes flamands. Ce n'est donc pas du tout le pire et loin de paniquer, cette perspective nous réjouit !
Le politologue flamand [ néerlandophone, dit M. Verjans !] Dave Sinardet, de l'Université d'Anvers, est plus objectif quand il déclare au Soir : "Les francophones essayent de faire un compromis des Belges, alors que les Flamands, ceux de la N-VA en tout cas, veulent boucler la dernière négociation avant le démantèlement de la Belgique".
Où M. Verjans voit juste, c'est quand il admet que "c'est l'avenir de Bruxelles qui rend les discussions aussi compliquées", "les francophones refusant la cogestion de Bruxelles par les deux grandes Communautés".
A cet égard, Mme Véronique Lamquin, dans Le Soir, évoque le problème de la scission de certains pans de la sécurité sociale (allocations familiales, soins de santé, etc). "Quand on aborde les modalités pratiques, on tombe sur un noeud nommé Bruxelles". Selon les Flamands, explique-t-elle, "les Bruxellois devraient s'affilier au système flamand ou francophone. Voilà qui créerait des sous-nationalités à Bruxelles (...), ce qui est totalement inacceptable pour le Sud [sic]". Inacceptable pour le Sud ? Pour le Centre, peut-être, mais pour les Wallons, quelle importance ? En quoi sont-ils concernés ?
L'idée de créer à Bruxelles deux (sous)nationalités est d'ailleurs autant wallonne que flamande. Du moins était-ce le cas il y a cinquante ans : la proposition de révision de la Constitution déposée sur le bureau de la Chambre par des parlementaires wallons socialistes et libéraux le 25 mars 1947, rédigée par une commission du Congrès Wallon présidée par M. Fernand Dehousse, prévoyait, pour les Bruxellois, la possibilité de choisir entre la (sous)nationalité wallonne et la (sous)nationalité flamande...
Quoiqu'il en soit, on voit bien que Bruxelles demeure la pierre d'achoppement. S'il n'y avait que les Wallons et les Flamands, il serait beaucoup plus aisé de conclure un accord, fût-ce pour négocier la partition de la Belgique comme l'ont fait les pacifiquement les Tchèques et les Slovaques, dans un pays où il n'y avait pas de capitale centrale.
C'est bien pourquoi nous disons et répétons, contrairement au RWF, que le statut, le sort et l'avenir de la Wallonie et de Bruxelles doivent être découplés .L'écrivain de talent Pierre-René Mélon, tête de liste du RWF à Liège lors des dernières élections, ne disait pas autre chose en 2002, quand il militait au parti "FRANCE" . Voici ce qu'il écrivait : "La doctrine 'paul-henryste', par le sort qu'elle réseve à Bruxelles, réunit les ingrédients propres à discréditer le sérieux du projet réunioniste : irréalisme diplomatique, maladresse psychologique et méconnaissance crasse des réalités bruxelloises(...) Le destin de Bruxelles n'est pas d'être inclus au territoire de la République française, mais de parfaire et d'exemplariser ce qu'elle est par sa nature géopolitique (...) : le lieu de passage, de séjour et de rencontre des Européens et plus largement encore, de tous les hommes de bonne volonté, une sorte de Jérusalem d'Occident(...) (1)
C'est bien pourquoi nous disons et répétons, contrairement au RWF, que le statut, le sort et l'avenir de la Wallonie et de Bruxelles doivent être découplés .L'écrivain de talent Pierre-René Mélon, tête de liste du RWF à Liège lors des dernières élections, ne disait pas autre chose en 2002, quand il militait au parti "FRANCE" . Voici ce qu'il écrivait : "La doctrine 'paul-henryste', par le sort qu'elle réseve à Bruxelles, réunit les ingrédients propres à discréditer le sérieux du projet réunioniste : irréalisme diplomatique, maladresse psychologique et méconnaissance crasse des réalités bruxelloises(...) Le destin de Bruxelles n'est pas d'être inclus au territoire de la République française, mais de parfaire et d'exemplariser ce qu'elle est par sa nature géopolitique (...) : le lieu de passage, de séjour et de rencontre des Européens et plus largement encore, de tous les hommes de bonne volonté, une sorte de Jérusalem d'Occident(...) (1)
(1) Cf Wallonie Région de France, n° 9, année 2002, p. 23.
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3 commentaires:
Comme prévu, le dialogue communautaire a lieu sur base communautaire et non régionale. Exactement ce que voulaient les Flamands.
A l’heure actuelle, il est impossible de deviner ce qui va sortir des négociations. Mais ce ne seront de toute façon que des solutions insatisfaisantes et temporaires. Les sources de conflits ne pouvant y être traitées à fond. Il faut mettre sur pied de toute urgence une association temporaire de partis – idéalement issus des quatre entités régionales, mais on peut commencer avec moins - qui décident de centrer leurs programme de réformes institutionnelles sur base d’une organisation au départ des régions. Sortant ainsi des blocages institutionnels récurrents qui empêchent de prendre réellement en charge les préoccupations prioritaires des citoyens.
Autour de la table pour nous représenter, 5 « francophones » sur 7 peu suspects de prendre en compte les spécificités régionales (avec un léger bénéfice du doute pour Picqué et Ludgen). Il ne manque que le MR qui aurait renforcé le camp communautariste. Ce sont ces gens avec les pouvoirs exorbitants que leur donne le système « présidentocratique » qui vont décider pour tout le monde de la nouvelle architecture institutionnelle d’un pays qui n’en finit pas de mourir.
C’est là toute la perversité du système de partage entre communautés rivales de fait. Elles n’arrêtent pas de s’accuser des blocages et dysfonctionnements du fédéralisme. Le mantra du « front francophone » ayant conforté les vœux des nationalistes de Flandre d’imposer un jeu à deux.
(à suivre)
S’il a été – pour nous Wallons – un incontestable progrès et a permis de stopper le déclin économique imposé par l’Etat unitaire, le fédéralisme est incomplet puisqu’il nous manque, entre autres, la maîtrise de compétences essentielles et complémentaires en matière d’éducation et de culture. Sans compter celles du fédéral où les choix sont basés sur des rapports de force qui nous sont défavorables.
En l’état, ce fédéralisme qui montre ainsi ses limites a de moins en moins de chance de pouvoir bien fonctionner à l’avenir puisqu’il y est impossible de définir des systèmes de solidarité mutuellement acceptables. Le système est largement ingouvernable et le restera tant qu’il restera des zones de chevauchement de compétences de type linguistico-communautaires.
Votre billet donne raison aux propos tenus dans les années’30 par les responsables du Mouvement wallon qui parlaient déjà d’organisation du pays sur base – à l’époque – de trois régions. La Wallonie, la Flandre et la Région bilingue de Bruxelles.
Il faut donc appeler à réorganiser « ce pays » – dans un premier temps – sur base de quatre régions (en fait des Etats confédérés) libres et égales en Droits. Libres de s’associer deux à deux entre elles ou encore de s’adosser à l’un ou l’autre pays voisin de leur choix. Des associations « à géométrie variable » en quelque sorte. Sur base d’accords négociés et équilibrés où chacun trouverait son compte.
L'interview récente de Jean-Pierre Chevènement dans le « Paris Match » a bien montré que l’option de l’adossement négocié est tout à fait envisageable malgré l'état de notre sécurité sociale.
(à suivre)
J’y vois d’énormes avantages. Y compris - et surtout - pour les Bruxellois qui vivent une forme originale d’expérience de cohabitation multiculturelle et multicommunautaire. Ils pourraient ainsi continuer à développer cette nouvelle forme de citoyenneté, respectant les langues en présence tout en édifiant un projet commun porteur d’avenir pour tous les habitants. Il est patent que beaucoup de Bruxellois néerlandophones se sentent d’abord bruxellois avant d’être Flamands. Il en va de même pour les Bruxellois francophones dont peu se sentent Wallons. Les autres communautés – ni flamandes ni d’expression française – fort représentées s’identifiant à la culture bruxelloise en plus de leur culture originale. (Le succès de foule de la « Zineke parade » en est un des signes les plus visibles.)
Cette réorganisation sur base de quatre entités laisserait la porte ouverte à différentes possibilités en fonction de la volonté exprimée par les populations. Garder une Belgique sous une forme confédérale ou, à l’inverse, permettre une transition en douceur vers la réunion de l’une ou l’autre des entités avec un pays voisin. Ménageant même pour l’une ou l’autre entité qui serait tentée la possibilité du choix de l’indépendance.
Hélas, la structure exclusivement linguistique des partis traditionnels constitue un frein considérable. Tant que ceux-ci ne se détermineront pas sur une base essentiellement régionale, on ne pourra pas mettre sur pied un projet politique cohérent.
(fin)
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