jeudi 10 janvier 2008

Un miroir aux alouettes ? De l'utopie à la réalité...

Dans le contexte politique actuel, il peut être tentant, pour ceux qui partagent nos idées, de ne voir dans la note de Guy Verhofstadt qu'un miroir aux alouettes, un piège plus ou moins grossier contre lequel il faut mettre les Wallons en garde : négocier avec les Flamands une avancée vers le "confédéralisme" est suicidaire, la seule négociation valable est de s'entendre avec eux sur la fin de l'Etat belge et, comme l'avait proposé le président du pélérinage de l'Yser, d'aller ensemble chez le notaire pour faire acter le divorce et la répartition des biens.
Ce serait évidemment l'idéal pour les rattachistes ! Mais à part le RWF et nous, où sont les partis francophones disposés à entamer une telle négociation ? Poser la question, c'est y répondre : il n'y en a aucun. Une telle proposition est donc utopique et, par le fait même, elle est vaine. Il faut être réaliste et c'est dans cet esprit que nous trouvons intéréssante la "note institutionnelle"du Premier ministre, hormis, nous l'avons dit, cette idée rétrograde d'une circonscription électorale "nationale". Tout ce qui accorde plus d'autonomie et plus de compétences à la Flandre et à la Wallonie va dans la bonne direction. Vu la frilôsité des partis francophones, leur crainte de prendre leurs responsabilités, leur incapacité mentale à s'affranchir de l'idé belge, ce sont les Flamands qui travaillent le mieux pour nous et qui, paradoxalement, défendent le mieux nos intérêts. Non pas, bien sûr, les intérêts matériels des Wallons dans l'mmédiat, ni les intérêts linguistiques des francophones de la périphérie bruxelloise et du Brabant flamand. Mais, dans une perspective d'avenir, est-ce cela l'essentiel ?
Nos problèmes matériels seront résolus ultérieurement de deux façons: par l'obligation pour les Wallons de se prendre en mains et de retrousser leurs manches, comme ce fut le cas des Slovaques après l'éclatement de la Tchécoslovaquie, et par l'aide de la France, qui n'aura pas le caractère indigne d'une assistance par la Flandre, car nous serons "entre Français". A côté de cette grande perspective et de tout ce que nous apportera la réunion à la France, les gesticulations de Mme Milquet et les musculations de M. Josly Piette apparaissent bien dérisoires.
Que redouter, au demeurant, du "plan Verhofstadt" ? Le fait qu'il n'envisage pas la possiblité que les francophones de Flandre bénéficient de la protection des "minorités nationales"prévue par la Convention-cadre du Conseil de l'Europe, dont il propose la ratification ? Mais n'a-t-il pas raison ? Accepterions-nous que des Flamands immigrés dans le Brabant wallon ou dans nos Ardennes soient considérés comme une "minorité nationale" et fassent l'objet d'une telle protection ? Non, bien sûr ! Alors, sur cette question également, soyons logiques avec nous-mêmes. La scission de la Belgique passe évidemment par la reconnaissance d'Etats-Régions linguistiquement homogènes, aux frontières nettes et définitives. Cette reconnaissance est donc un pas dans la bonne direction, alors que la subsistance de "minorités" serait au contraire un foyer permanent de conflits, comme dans les Balkans.
Laissons là l'utopie, pour voir la réalité...

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