dimanche 22 février 2009

La piqûre du fralon

Nous savions que le fralon, ou frelon, est une grosse guèpe dont la piqûre est particulièrement douloureuse. Mais pouvions-nous imaginer qu'il en viendrait de France en Wallonie? C'est pourtant bien le cas.
Figurez-vous qu'il existe des Français belgicains. Eh oui ! C'est le cas de José-Alain Fralon, ancien correspondant du journal Le Monde à Bruxelles, qui, dans un livre à paraître début mars, pourfend les rattachistes wallons en affirmant péremptoirement que le rattachement est impossible et pas souhaitable. Ce pensum s'intitule : La Belgique est morte, vive la Belgique! La morte, c'est la Belgique fédérale actuelle, la nouvelle, c'est une Belgique Wallonie-Bruxelles sans la Flandre, mais avec le maintien de la monarchie.
Se prenant pour un nouveau Jules Destrée, notre essayiste interpelle ni plus ni moins le roi Albert II en lui suggérant d'anticiper l'indépendance de la Flandre, de jouer finement et de dire aux Flamands que s'ils ne se sentent plus chez eux dans la demeure commune, ils peuvent très bien la quitter. Avec courtoisie, comme il sied. En leur rendant même les honneurs. Cette nouvelle Belgique résiduelle, enfin décontractée, vous laisserait plius libre d'être vous-même et, demain, de passer le flambeau à Philippe, écrit-il. Remarquez que ce n'est pas si sot, même si c'est naïf et néfaste à la fois.
Certes, José-Alain Fralon a parfaitement le droit de s'intéresser au problème belgo-belge. Mais ce que nous ne pouvons accepter, c'est qu'il se permette d'affimer qu'en cas de rattachement à la France, la domination des Français succéderait à celle des Flamands. La rédaction du Soir s'est empressée de publier les "bonnes pages" de son livre et de l'interviewer, en lui consacrant rien moins que deux pages entières du journal ! Pour ce défaitiste, la Wallonie ne serait plus que le quatre-vingt-seizième département français et les Liégeois verraient d'un fort mauvais oeil arriver un préfet venant des Alpes-Maritimes ou du Cotentin, s'asseoir à l'hôtel de ville ou à la préfecture, en disant "l'Etat, cest moi".
Manifestement, José-Alain Fralon ne connait ni la constitution française, ni l'histoire de Liège. Il feint d'ignorer qu'en cas de rattachement à la France, la Wallonie deviendrait non un département, mais une région à part entière - la 23è de la métropole(1) - comprenant cinq départements. Il fait l'impasse sur la régionalisation de la France, pourtant bien réelle, et sur le statut spécial qui pourrait être réservé à la Wallonie, comme c'est le cas pour l'Alsace et la Corse.
Quant aux réactions des Liégeois, elles ont été éprouvées pendant les 20 années où Liège a été réunie à la France, de 1795 à 1814. Les deux préfets qui sont venus chez-nous, MM. Micoud d'Umont et Desmousseau , ont été fort bien accueillis et ont gagné rapidement l'estime et la considération des citoyens liégeois. Quant au maire, ce fut toujours un Liégeois. Pourquoi en irait-il autrement de nos jours ?
Certes, M. Fralon nous a touchés au vif , mais que peut une guèpe contre la vérité historique et les sondages qui ont révélé le sentiment des Wallons et des Français en cas d'implosion de la Belgique actuelle ? En bourdonnant à nos oreilles, ce frelon ne fait finalement que du vent ! Sa piqûre est inoffensive.
(1) Selon M. Di Rupo, la Wallonie se classerait même à la 3e place pour les exportations, après la région Rhône-Alpes et l'Ile de France.

1 commentaire:

polotol a dit…

Cher monsieur Scheurs,

Je vous rejoins dans votre analyse . Mais la polémique relancée par le MR avec l'intégra- -tion de R. Arnoult ne va-elle pas prolonger le coma belge?