Certains rattachistes, comme le sympathique M.Georges Thirion(1), le sont depuis quelques mois. D'autres, comme le président actuel du RWF, depuis une dizaine d'années. D'autres enfin, comme moi-même, depuis...toujours.
Dans ma famille, on ne s'est jamais senti "belge". Pour mes parents et moi, la Belgique ne signifiait rien. C'était une sorte de marâtre imposée, un Etat artificiel, une non-nationalité. Nous nous sentions liégeois, wallons et français, très attachés à la France. Mais il ne nous serait pas venu à l'idée de nous contenter de cet attachement et de dire, comme le déclara ultérieurement le mayeur de Saint-Pholien-des-Prés, le folkloriste Jean-Denys Boussart, pourquoi nous rattacher à la France, puisque nous y sommes déjà attachés ?
Pour moi, la Wallonie était la petite patrie et la France, la grande patrie. Mais de quelle France s'agissait-il ? Celle des rois, qui ont créé progressivement un grand Etat ? Celle de la Révolution de 1789 et des droits de l'homme, dont la répercussion fut si grande dans notre pays de Liège ? Celle de Napoléon Bonaparte et de la glorieuse Grande Armée ? Celle de la République et de la laïcité de Jules Ferry ou du Front populaire de Léon Blum ? C'était pour moi toutes ces Frances à la fois. La seule que nous rejetions - mais ce n'était pas vraiment la France - était celle de Vichy et du maréchal Pétain. Mais la France qui me séduisait par dessus tout, c'était celle qu'incarnait, pendant la guerre, le général de Gaulle : la France de la résistance, la France de l'honneur, la France de la grandeur. C'est l'image qui transcendait toutes les autres.
C'est dans cet esprit que j'ai fondé, avec quelques amis dont un devint ministre RW(3), le groupe de résistance Jeune Wallonie, la section des jeunes du mouvement Wallonie Libre, ce qui me valut d'être interpelé par la Gestapo et incarcéré à la prison Saint-Léonard de Liège, échappant par miracle au camp de concentration. Je rêvais, déjà alors, d'une Wallonie française, libérée à la fois de l'occupation allemande et du carcan belge.
Dans la famille, nous étions profrançais, mais pas antiflamands. Mon père, qui était franc-maçon, m'a toujours enseigné la tolérance et le respect des autres, sans pour autant être "laïciste", notion dont il ne m'a jamais parlé. C'est ainsi que j'ai eu une éducation à la fois chrétienne et libérale de gauche, mon père étant très proche, à cet égard, d'un homme comme Jean Rey. Et c'est ainsi également que j'ai animé pendant plusieurs années le "groupe Esprit" de Liège, où dialoguaient et collaboraient des chrétiens progressistes et des socialistes - dont j'étais alors - ce que fit également à Bruxelles François Perin, qui avait adhéré à Jeune Wallonie en 1943.
Lors de l'exode de 1940, mes parents et moi serions volontiers demeurés en France, croyant encore à la victoire de celle-ci sur l'Allemagne nazie. Le même sentiment m'anima plus tard quand, aspirant du FNRS, je reçus une bourse du CNRS me permettant d'aller effectuer pendant six mois des recherches au Centre d'études sociologiques de Paris. Mon plus grand désir était de pouvoir prolonger ces recherches, de m'établir définitivement à Paris, où ma première épouse m'avait accompagné. Etant malheureusement né "belge", ce ne fut hélas pas possible. J'en éprouve encore aujourd'hui le regret, tant je me sentais bien dans "l'hexagone", que ce soit à Paris ou dans l'une ou l'autre des régions françaises, que j'ai parcourues par la suite tout au long de ma carrière professionnelle. La France a toujours été mon oxygène !
(1) M. Georges Thirion est 3è candidat aux régionales sur la liste n° 14 du RWF: http://wallonie-france.over-blog.com/
(2)Il s'agit de Pierre Bertrand, qui fut longtemps sénateur du Rassemblement wallon. Il figure encore aujourd'hui dans le comité de patronage de la revue Wallonie-France, où il écrit régulièrement d'intéressants billets sur la francophonie dans le monde. On s'abonne à cette revue en versant la somme de 20 euros au compte bancaire n* 068-227198376 de WF, à 4130 Tilff.
(3)Je dis volontairement citoyenneté, car pour moi, tous les Wallons , même s'ils n'en sont pas conscients, sont de nationalité française. Je suis donc un adepte de la conception "ethnique" de la nation, telle qu'elle fut définie par Mancini, sans rejeter pour autant celle de Renan qui vient s'y ajouter; l'une et l'autre, dans mon esprit, ne sont pas vraiment contradictoires.
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