La présence de M. Jacques Lenain et l'intervention remarquée qu'il a faite aux Etats généraux de Wallonie revêtent une importance considérable. Se présentant comme un haut fontionnaire français des finances et affirmant s'exprimer à titre personnel, M. Lenain, tenu comme tout fonctionnaire de ce niveau au devoir de réserve, n'a pu effectuer cette démarche qu'avec l'assentiment, voire l'encouragement de son ministre, qui n'a pu le lui donner qu'avec l'accord du président de la République. C'est l'évidence même. Dès lors ses propos et les propositions qu'il a faites sont essentielles pour la poursuite de notre action.
Dans un rapport fouillé d'une soixantaine de pages(1), rédigé comme un mémoire universitaire, notre ami français étudie et définit les formes possibles de l'union de la Wallonie avec la France.Il en distingue trois : 1) l' union-association entre Etats souverains, qu'il juge utile mais insuffisante; 2) l'union-assimilation, qui sustitue la législation française, générale et particulière, à la législation générale belge, dans tous les domaines; 3) l'union-intégration, où les Wallons deviennent citoyens français, mais où la Wallonie demeure autonome, avec un statut spécial accordé par l'Etat français en application de l'article 72 de la Constitution française.
Avec l'union-intégration, le système juridique belge est maintenu, à titre principal ,tant pour sa composante ex-fédérale que régionale (et ex-communautaire). L'Etat français devient ainsi le successeur de l'ex-Etat fédéral belge. Par contre, la Région wallonne, qui devient la 23è région française métropolitaine, conserve ses compétences actuelles et reprend celles de la Communauté française- qui disparaît- notamment pour ce qui concerne l'enseignement et le domaine éducatif en général. Quant au problème du niveau de vie en Wallonie, il serait facilement résolu par la substitution de transferts financiers français aux actuels transferts financiers flamands, qui représenteraient proportionnellement pour l'Etat français 10 fois moins que pour la Flandre. La sécurité sociale des Wallons et leur niveau de vie seraient donc, de cette façon, garantis par la France, sans gros efforts. Et c'est tout-à-fait faisable, conclut M. Lenain.
Cette forme de réunion à la France est très différente de celle que défend le RWF - ou du moins son président actuel- qui voudrait faire le ménage en Wallonie et y substituer le droit français dans tous les domaines, y compris dans le système électoral; il prône en effet l'adoption du système du vote majoritaire à deux tours, non seulement pour les parlementaires, mais pour l'élection du ministre-président wallon;il veut introduire en Wallonie la laïcité à la française, qu'il oppose à celle "à la belge"; il veut remplacer les provinces par des départements organisés comme en France, etc.
A notre avis, l'idée du rattachement, présenté sous cette forme-l'union-intégration-, serait de nature à séduire un bien plus grand nombre d'électeurs wallons que les 2% qui votent actuellement pour le RWF, car elle rassurerait nos concitoyens qui redoutent de trop grands changements si nous sommes réunis à la France et tiennent à certaines conceptions ancestrales, comme l'autonomie communale et l'organisation provinciale, comme aussi le vote à la proportionnelle(2).En outre, la formule de l'union-intégration pourrait amener à revoir leur point de vue les indépendantistes et les régionalistes wallons qui nous rejoindraient plus volontiers dans un véritable et large rassemblement respectant l'identité de la Wallonie.
(1) On peut se procurer le rapport de M. Lenain en en faisant la demande à M. Jules Gheude, qui transmettra : j.gheude@wbi.be
(2) La formule idéale ne serait-elle pas le vote majoritaire, avec une dose de proportionnelle ? Des propositions dans ce sens ont été faites en France.
5 commentaires:
Cher Monsieur Schreurs,
Vos remarques rencontrent celles, identiques, que j'ai faites à Jules Gheude il y a quelques jours. L'union-intégration selon Lenain est la solution raisonnable qui prend en compte et aplanit le problème des différences institutionnelles, légales, d'enseignement et de législation du travail, dont le non respect aurait mis toute la Wallonie dans la rue. De plus, elle tend à faire l'unité entre réunionistes et indépendantistes.
Je pense que c'est cette proposition qu'il faut adopter et défendre. Et si le Président du RWF ne le veut pas, alors il faut changer...de président. Faute de quoi, dans trente ans, nous serons toujours à 2pc des voix.
Je partage entièrement l'avis d'André Schreurs.
Je suis aussi de l'avis de M. Schreurs et de M. Lerusse. En expliquant le rattachement à la France de cette façon,les voisins à qui j'en parle sont plus intéressés et ça les rassure.Sinon ils disent : on sait ce qu'on a, on ne sait pas ce qu'on aura.
"vote à la proportionnelle"=niet de niet la RF a assez souffert des derives de la IV éme republique.De plus c'est un symbole eclatant de la particratie clienteliste actuelle qui mine la Wallonie...
Vous devriez vous méfier de vouloir le beurre et l'argent du beurre : je prefere ne jamais voir la Wallonie française si c'est pour voir une majorité wallonne ne considerer la France que comme une vache à lait sans vraiment l'aimer.
Vous avez tort si proche du 7 juin de passer votre temps à regler vos comptes avec untel ou untel.A donner des brevets de "françité "à l'un et pas à l'autre.C'est futile, secondaire et nuisible.
Ou alors vous auriez du depuis belle lurette faire votre propre mouvement et vous presenter aux elections.
Je réponds au "courageux" anonyme.
1) Qui parle de vote à la proportionnelle ? Il est seulement suggéré qu'il y ait une dose de proportionnelle dans le vote majoritaire;
2) Ou allez-vous chercher qu'une majorité wallonne n'aimerait pas la France ? Vous n'avez pas bien lu;
3) Il n'est pas question de régler des comptes, mais de présenter aux Wallons une forme de réunion à la France qui peut précisément apporter plus de voix au parti rattachiste aux élections du 7 juin.
4) En résumé, vous n'avez rien compris.
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