mardi 23 juin 2009

Un "Livre blanc" pour la Wallonie

Le 15 juin, est sortie de presse la version finale du Livre blanc pour la Wallonie(1) initié et signé par plusieurs personnalités wallonnes, telles que Jean-Maurice Dehousse et Robert Collignon, anciens ministres-présidents de la Région wallonne, le secrétaire général de la FGTB wallonne, Thierry Bodson, l'homme de théâtre Jean Louvet, président du Mouvement du Manifeste wallon (MMW) et José Fontaine, philosophe et directeur de la revue républicaine Toudi.
Le livre, écrit Pierre Piret dans La Libre, formule trois propositions concrètes pour améliorer le fonctionnement de la Région wallonne.
En premier lieu, il est indispensable, pour les auteurs, de transférer aux Régions wallonne et bruxelloise les principales compétences de la Communauté française, c'est-à-dire la culture, l'enseignement et l'accueil de la petite enfance, ainsi qu'une nouvelle organisation birégionale de la RTBF avec une deuxième chaine de type France 3.
Nous partageons entièrement ce point de vue. Comme nous le disons depuis longtemps, la Communauté dite française ne l'est que de nom et est très belgicaine. Alors qu'elle aurait dû réaliser un rapprochement, voire des synergies avec la France, elle fait tout pour s'en différencier et de plus, elle occulte véritablement la Wallonie aux yeux de l'Europe et du monde, en délayant celle-ci dans une sorte de magma francophone, sans âme ni structure historique.
Séparer le culturel de l'économique est au surplus aberrant au point de vue de la création d'une conscience collective indispensable au développement d'une région. C'est une des explications de la faiblesse de la Wallonie et de son "identité en creux" par comparaison à la Flandre qui, dès le début de la fédéralisation de l'Etat belge, a concentré dans une seule main les compétences de la Région et de la Communauté flamandes, constituant ainsi une identité forte.
Une autre revendication importante du Livre blanc est la suppression des provinces en Wallonie et leur remplacement par des circonscriptions subrégionales plus petites, qui n'auraient plus de fonction politique mais seulement administrative et pourraient, dans certains cas, se substituer aux intercommunales ou collaborer avec elles. Bref, ce serait une simplification du paysage institutionnel wallon permettant à la fois un meilleur fonctionnement de la région wallonne considérée dans son ensemble et une réduction des coûts de gestion particulièrement bienvenue en ces temps de crise économique et de déficits budgétaires élevés. Si des réticences sont à prévoir dans certaines sphères du PS, on sait par contre que les Ecolos sont favorables à cette proposition (2).
Il y a manifestement une convergence entre le point de vue des régionalistes wallons et celui des rattachistes régionalistes que nous sommes, puisque nous préconisons le maintien, dans la République française, d'une autonomie wallonne renforcée, grâce à un des statuts particuliers que permet l'article 72 de la Constitution française. C'est ce que nos amis français appellent "l'Union-intégration" à la France, formule qui, contrairement à "l'Union-assimilation" prônée jusqu'ici par le RWF, sauvegarde l'identité et les traditions de la Wallonie, ainsi que l'application de notre droit actuel.
(2) Les Ecolos, par contre, sont pour le maintien de la Communauté "française".
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4 commentaires:

Josette Shipers a dit…

Plusieurs militants du RWF évoquent souvent sur leur blog la défense de la laïcité. N'existe-t-elle pas en Belgique ? Et quel rapport avec la réunion à la France ?

A. Schreurs a dit…

Il y avait une belle occasion pour les rattachistes, les indépendantistes et les régionalistes de se rencontrer et de nouer des contacts : les Etats généraux de Wallonie à Liège le 9 mai ! Là, on a peut être raté le coche...Mais c'est arrivé tant de fois dans le Mouvement wallon! Les Wallons sont de vrais Gaulois...Les Flamands, comme d'habitude, ont été plus "responsables", ils y ont envoyé un assistant parlementaire de la N-VA !

Philippe Rasquin a dit…

Invité, M. Dehousse n'a pas voulu venir et le "Mouvement du Manifeste wallon" non plus, prétextant qu'il n'avait pas été invité comme tel...
M. Collignon aussi était invité, on ne l'a pas vu non plus, ni le secrétaire général wallon de la FGTB. Ils ont si peur que cela de la disparition de la Belgique ? M. Collignon n'a-t-il pas dit qu'il est plus ou moins rattachiste ? Et il figure dans le comité de patronage de la revue "Wallonie-France"...Quant à M. Dehousse, on sait qu'il n'est pas favorable à la réunion à la France, mais connaît-il l'article 72 de la Constitution française ? Et pourquoi ne pas devenir le leader de l'indépendance de la Wallonie ? Ce serait pour lui une belle fin de carrière politique. Qu'a-t-il à perdre ? Il ne joue quand même plus aucun rôle au PS.

Georgette Davister, historienne a dit…

@ Josette Shipers :
Bonne question, Josette. Il n'y a aucun rapport entre l'idée rattachiste et celle de laïcité, sauf dans le chef des militants laïques. C'est un peu comme la franc-maçonnerie, dont la devise, comme celle de la République française, est aussi "Liberté-Egalité-Fraternité". Ce n'est pas une raison pour que les rattachistes soient ou deviennent franc-maçons.
Le RWF cultive la confusion. Je me suis souvent demandé si M. Paul-Henri Gendebien ne prenait pas un malin plaisir à prendre le contre-pied des traditions aristocratiques de sa famille qui, comme on sait, est profondément belgicaine et royaliste...Mais alors, pourquoi ne renonce t-il pas à son titre de baron belge ? Pour épater la galerie ? Les vrais rattachistes ne sont républicains que parce que la France est une r&publique. Ils seraient tout autant rattachistes si la France était une monarchie parlementaire comme en 1830. Ceux de l'époque ont défendu la candidature de duc de Nemours, le fils de Louis-Philippe, comme premier roi des Belges. C'était une sorte de réunion déguisée à la France.