mercredi 22 juillet 2009

Bruxelles et Liège, un contraste saisissant !

La presse nous signale qu'il y avait hier, à Bruxelles, 120.000 personnes pour fêter la Belgique, soit beaucoup plus que l'an dernier, commente Le Soir, qui ajoute : les stands prônant l'unité (1) du pays ont été particulièrement visités, notamment celui de Pro-Belgica. Ils alternaient avec des baraques à frites qui se succédaient tous les vingt mètres environ...
A Liège, où les journaux se gardent bien de citer le moindre chiffre, ils étaient seulement un petit millier à la soirée récréative (bal aux lampions) organisée au centre du boulevard d'Avroy par le MadCafé et l'association B-Plus, qui combat le séparatisme et soutient un fédéralisme vrai et équilibré, selon la déclaration de son vice-président Nicolas Parent, un écolo égaré dans cette galère. Le titre de La Meuse, qui relate l'"événement", est éloquent : "Liège fête également le 21 juillet"...
Cet "également" est un poème, car il fait évidemment allusion à la grande fête populaire qui, huit jours plus tôt, le 14 juillet, a rassemblé 35.000 Liégeoises et Liégeois dans l'amour de la France. Contraste saisissant, en effet, entre la capitale de la Belgique et celle de l'ancienne principauté de Liège : deux mondes, deux mentalités, deux sensibilités, issus de deux histoires totalement différentes...
S'il fallait un argument supplémentaire pour dissocier le combat des francophones de Bruxelles (et de sa périphétrie) de celui des rattachistes wallons, le voila bien: celui de la vox populi. Il a fallu que des Bruxellois viennent à la rescousse pour que la fête dite "nationale" du 21 juillet parvienne à "rassembler" environ mille Liégeois à grand renfort de Gauff au suc et de petits brocanteurs.
Les dirigeants du RWF, dont les dévoués militants étaient encore une fois très actifs ce 14 juillet, comprendront-ils enfin ? On peut en douter en entendant leur président associer à chaque fois, dans ses discours et déclarations, la Wallonie et Bruxelles, régions de France . Ca tient chez lui - et chez ceux qui le suivent malgré ses échecs électoraux (0,3% à Bruxelles!) - de l'idée fixe ou de la méthode Coué, mais sûrement pas de la constatation objective des faits ni d'une analyse politique sérieuse. Dommage ! Quel temps et quelle énergie perdus...
A l'occasion du 21 juillet, le grand hebdomadaire de l'intelligensia belge Télé-moustique s'est piqué de vouloir tester ses lecteurs et quelques hommes et femmes politiques sur leur degré de "belgitude", en organisant un grand "quiz" de 40 questions. Parmi celles-ci, il y avait : Quels sont les trois premiers vers de la Brabançonne ? Sans surprise, le ministre cdH Benoît Lutgen a chanté (faux) l'hymne en entier. Etonnamment, le FDF Didier Goswin (quand on vous dit que ces francophonissimes sont des belgicains!) a fait de même, nullement gêné d'évoquer la Belgique ô mère chérie... Mais le plus surprenant et le plus décevant est venu de la Liégeoise Christine Defraigne qui, non contente de chanter entièrement la Brabançonne, a cru bon d'ajouter : mon fils me la chante tout le temps ! Voilà qui à dû ravir le père et le grand-père, le rattachiste Jean Defraigne...Mais peut-être celui-ci qui , manifestement, a mal éduqué sa fille, a-il tourné casaque ? Ne s'est-il pas retiré du comité de parrainage de Wallonie-France , après avoir tenté d'y faire la loi ?
(1) Terme impropre, dans tous les sens du terme, à propos d'un Etat fédéral qui, par définition, n'est pas unitaire !
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9 commentaires:

Guy Doneux a dit…

La curieuse attitude de M. Gendebien vient peut-être du fait qu'il n'est pas Liégeois. Né à Hastières, dans le Namurois, élève de l'Ecole de Maredsous puis du Collège de Bonne-Espérance à Binche, étudiant aux Facultés Saint-Louis à Bruxelles puis à l'Université catholique de Louvain, il devint directeur d'un Bureau d'études économiques et sociales du Hainaut. Entré au Rassemblement Wallon, comme beaucoup d'autres néophytes, après l'affaire de Louvain (le" Walen buiten"),il s'établit à Thuin où il devint conseiller communal et ultérieurement échevin RW. Avant de s'investir dans ce parti, il voyait dans la Wallonie- non pas une région de France-mais une région d'Europe... Après un parcours politique mouvementé qui le conduisit du Rassemblement Wallon au PSC en passant par l'Alliance démocratique wallonne, il fut désigné en qualité de Délégué général de la Communauté française à Paris, en remplacement de Lucien Outers. Un temps militant du Rassemblement populaire wallon, il finit par fonder, en 1999, le RWF. Bien qu'établi à Lierneux, dans la province de Liège, M. Gendebien n'a rien de Liégeois; c'est plutôt un Hennuyer originaire du Namurois et on connaît les liens que ceux-ci nouent volontiers avec Bruxelles, surtout s'il y ont fait des études supérieures.
Le président actuel du RWF ne l'a pas caché : "Je n'ai de problèmes qu'avec les Liégeois", a-t-il dit lors d'une réunion à Liège...
Descendant non seulement d'Alexandre Gendebien, mais aussi du très belge Henri Carton de Wiart, dont il est le petit-fils, Paul-Henry Gendebien, qui n'a pourtant pas renoncé à son titre de baron, semble vouloir, à travers son action politique, régler des comptes avec sa famille, très catholique et très belgicaine. Serait-ce l'explication de sa passion "républicaine et laïque" qui l'empêche de voir les réalités wallonnes ?

Georgette Davister a dit…

Dans son ouvrage "Témoin à charge"(1), Jean-Emile Humblet,ancien sénateur du Rassemblement Wallon, écrit notamment à propos de M. Gendebien :
"...Plein de mépris pour les militants moyens, il se comportait, notamment en Thudinie, comme s'ils avaient la chance qu'il eût bien voulu venir ou 'descendre' parmi eux. Il en était de même vis-à-vis de ses 'amis' politiques du Conseil économique régonal de Wallonie - où je l'ai subi - et à la Chambre des Députés"..."Il était capable d'attention et de délicatesse, à condition toutefois qu'il ne fut pas contredit. Dans ce cas, il était apte à la colère froide ou chaude et à la rancune tenace"..."Son jugement sur les hommes - et les femmes - était souvent marqué de suffisance et ses choix de ministres et chefs de cabinet furent rarement heureux"..."Dans les situations difficiles pour lui, les problèmes de fond cédaient le pas à ses sympathies ou ses rancoeurs personnelles avec pour conséquence un climat disjonctif, rendant impossible la négociation constructive"...

(1)éd. Reflet, Bruxelles, 1990, pp. 83-85.

Georges Lambert a dit…

Le nouveau président du (nouveau) Parlement flamand, M. Jan Peumans, vice-président de la N-VA, n'a certainement que faire des questions et des conseils de M. Hermann De Croo! Invité à la réception traditionnelle du roi au Palais à l'occasion de la fête "nationale", il a répondu qu'étant républicain, il ne s'y rendrait pas. Interviewé par la RTB(f), il a confirmé son intention, rappelé ses convictions républicaines flamandes et fredonné les premiers vers du "Vlaamse Leuw".
Bravo, Monsieur Peumans. Comme on aimerait que la présidente du Parlement wallon ait les mêmes forces de conviction et le même courage que vous. Mais ce n'es pas sur la Verte Mme Hoyos qu'il faut compter pour un exploit de ce genre et fredonner les premiers vers de La Marseillaise! Il y a "vers" et verts"... Un commentateur de ce blog n'a-t-il pas dit que "les Verts sont les plus naïfs et les plus sots des belgicains"?

Anonyme a dit…

La Belgique c'est Bruxelles et Bruxelles c'est la Belgique ! le journal "La Meuse" de ce 22 juillet rapporte que, selon
un sondage réalisé par des Allemands, auquel ont participé plus de 2.000 personnes, l'emblème qui représente le mieux à l'étranger le visage de la Belgique" est le cornet de frites (44,85%), qui détrône les boules de l'Atomium (35,41%), Manneken Pis (10,95) et la "praline" (8,78%). Un chouette pays, quoi, où tout est raffiné, élégant et hautement culturel. Avouez que c'est autre chose que l'Arc de Triomphe, les Champs-Elysées, l'Académie française ou même la tour Eiffel,dont la haute silhouette ne mesure que 320 mètres !Moi, l'Atomium, ça me donne les boules, et Manneken Pis, je ne vous dis pas...

Gaétan Bodart a dit…

@ à Philippe (encore un courageux anonyme !) :

1.500 personnes, c'est l'estimation des services de police. Quand bien même il y aurait eu près de 5.000 personnes à votre petite fête - ce qui est faux -, qu'est-ce en regard des 35.000 Liégeois qui ont fêté la France le 14 juillet ? 15% grand maximum... Que cela vous plaise ou non, le contraste est bien saisissant !

Jean Petit a dit…

Les gens de B-Plus aiment bien la multiculturalité. Pour eux, la Belgique est presqu'un petit modèle pour l'Union européenne, d'autres avant eux disaient : "un laboratoire pour l'Europe".Ils oublient que l'Europe n'est ni un Etat fédéral, ni même une Confédération d'Etats et que'elle ne le sera jamais parce que, contrairement aux Etats-Unis d'Amérique,il n'y a pas en Europe une langue qui pourrait être unificatrice; il y a au contraire de nombreuses langues et de nombreuses cultures aussi respectables les unes que les autres. Dès lors, la meilleure façon de poursuivre la construction européenne serait de réunir ou d'associer d'abord les peuples parlant la même langue : Français, Wallons et Suisses romands; Allemands, Autrichiens et Suisses alémaniques; Néerlandais et Flamands; Roumains et Moldaves; Albanais et Kososvars, etc. Au point de vue artistique, les grandes oeuvres devraient également être regroupées dans les musées de chaque pays européen. Ainsi, en se rendant dans chaque pays, on pourrait y apprécier toutes les facettes de la culture, en retirer une impression et une connaissance globale et complète.
Ce qu'il faut, ce n'est pas mélanger les cultures, mais intensifier les voyages et les échanges de toutes sortes pour que chacun puisse connaître et apprécier ses voisins. C'est donc tout le contraire du "melting pot belge" que semblent apprécier les gens de B-Plus. A la multiculturalité et à la "belgitude", nous opposons le concept de la francité. On pourrait ainsi créer une "Communauté française d'Europe".

Josette Shipers a dit…

Ma femme de ménage est passée mardi soir boulevard d'Avroy à la fête du 21 juillet."Il y avait peu de monde et pas d'ambiance", m'a-t-elle dit.

Emile Bonmariage a dit…

Une "Communauté française d'Europe", c'est l'idée qu'avait lancée M. Schreurs en 1990,dans son discours du 14 juillet, quand il était le président des Amitiés Françaises de Liège.

Cette idée avait de grands titres dans la presse liégeoise, à la Une de "La Meuse" et de "La Wallonie".

Frederic (France) a dit…

@Jean Petit "Ce qu'il faut, ce n'est pas mélanger les cultures"

Tout dépend de ce que vous entendez par "cultures". Tel que je comprends vos propos, je ne puis être d'accord avec vous.

La France est indéniablement multi-culturelle.

Les différences entre les différents peuples constitutifs de la France dépassent celles qui existent entre Wallons et Flamands (je vous rappelle au passage qu'il y a des flamands français).

Mais être un pays multi-culturel implique d'avoir une politique responsable pour gérer cette multiplicité de culture. Le laissez-faire n'est pas très bon dans ce domaine.

En France cela passe entre autres par:
- une seule langue officielle, le français,
- L'importance de la laïcité (qui est un principe qui se généralise au delà des simples questions religieuses),
- en corollaire, une vigilance de la société face aux dérives communautaires.

Tout cela contribue à définir un référentiel commun.


En ce qui me concerne, je pense qu'un rattachement de la Wallonie (éventuellement Bruxelles) à la France ne peut se faire directement en tant que région française à part entière. C'est ce que je conclus au fil de mes différentes lectures de la toile rattachiste/réunioniste. Elle doit se faire dans un premier temps dans le cadre d'un statut intermédiaire.

Mais soyons clair: si une intégration complète à la France doit par la suite se confirmer, vous serez amenés à adhérer à ses principes (dont la laïcité) et à les appliquer. En général, ce processus se fait sur plusieurs générations et est inconscient.