Liège a toujours aimé la France. Les sentiments pro-français des Liégeois - qu'ils manifesteront encore ce soir en grand nombre - se sont affirmés, au cours des siècles, avec une remarquable constance.
Pour Godefroid Kurth, l'illustre historien de La Cité de Liège au moyen âge, "cette véritable dévotion pour la France" paraîssait même "le trait le plus saillant du caractère national des Liégeois"(1).Vers 1.400, le chroniqueur Jean de Stavelot constatait lui aussi : "Les Liégeois aiment naturellement les Franchois" .Et dans la première moitié du 17è siècle, il a existé à Liège, pendant la guerre de Trente ans, un parti français - celui des Grignoux -dont le chef, l'avocat Sébastien Laruelle, élu deux fois bourgmestre de la Cité, paya de sa vie sa fidélité à la France. Les Liégeois en firent un héros national.(2).
Pendant les années qui précédèrent et suivirent la Révolution de 1789, l'attirance des Liégeois pour la France et les idées nouvelles qu'elle incarnait fut telle qu'elle aboutit, en janvier-février 1793, à des plébiscites par lesquels la population liégeoise - tout au moins celle des bonnes viiles wallonnes de la Principauté - demanda à une large majorité des votants(3) la réunion du Pays de Liège à la République française. Celle-ci fut acceptée par un décret de la Convention nationale du 8 mai 1793 et confirmée par la loi du 1er octobre 1795 "sur la réunion de la Belgique et du Pays de Liège à la République française". Comme cette loi l'indique, Liège était bien distincte de la "Belgique"...et elle l'est toujours ! (4)
Arrachés à la France apprès la défaite de Waterloo en 1815 et annexés contre leur gré aux Pays-Bas, les Liégeois manifestèrent à nouveau leurs sentiments français lors de la Révolution de 1830. Pendant dix mois, il y eu à Liège, comme d'ailleurs dans d'autres villes wallonnes, un puissant courant réunioniste qui ne s'affaiblit qu'avec l'élection de Léopold 1er. Avant cela, le choix des Wallons s'était porté sur le duc de Nemours- fils de Louis-Philippe, roi des Français- qui fut effectivement élu roi des Belges par le Congrès national le 21 février 1831. Un document officiel témoigne qu'en juin 1831, "tous ceux qui, à Liège, veulent la réunion à la France et sont décidés à risquer leur vie pour parvenir à ce but, mettent des oeillets rouges à leur boutonnière et que c'est la majorité de la population du pays"(5). Même après l'élection de Léopold 1er, on pouvait encore lire dans le Journal de Verviers du 22 septembre 1831 : "C'est pour la France et rien que pour la France que le pays wallon s'est soulevé; si quelqu'un tentait de le nier, les efforts récents qu'a fait la clique unioniste pour empêcher les Français d'entrer à Liège et à Huy nous serviraient de preuves"(6).
Depuis lors, que de manifestations de la francophilie liégeoise : l'aide aux blessés français de la guerre de 1870, la fraternité d'armes pendant la première guerre mondiale, l'extrême ferveur des Liégeois lors de la remise à la Ville de la croix de la Légion d'honneur par le Président Poincarré, la référence gaulliste d'une bonne partie de la Résistance pendant la IIè guerre mondiale, le fameux vote sentimental du Congrès national wallon de 1945, la Marseillaise que l'on entonnait partout en Wallonie lors de l'Affaire royale et...la fête du 14 juillet que les Liégeois ont faite leur depuis 1936 et qu'ils célèbrent ardemment chaque année !
Pour les Liégeois, le cri de vive la France est le plus naturel qui soit ! Faudra-t-il néanmoins que les rattachistes liégeois remettent un oeillet rouge à leur boutonnière ?
(1) KURTH Godefroid, La Cité de Liège au moyen âge, tome II, Bruxelles, 1910, p. 307.
(2) MAGNETTE Félix, Précis d'histoire liégeoise, Liège, 1924, pp. 180, 187 et 196.
(3) Pour plus de détails et une analyse du vote, voir l'article de Jacques Liénard sur le site du RWF-Liège et cliquer sur la rubrique "Au pays de Liège". http://www.rwf-liege/
(4) "Liège est un petit coin de France perdu en Belgique", a dit Alexandre Dumas lors d'une conférence dans la Cité ardente.
(5) JARBINET Georges, A Liège, en 1831, le plébiscite des oeillets; Nouvelle Revue Wallonne, tome XVIII, n° 1-4, p. 58. Le document en question est une lettre d'Adélaïde d'Orléans adressée à son frère Louis-Philippe le 16 juin 1831, dans laquelle elle rapporte la déclaration que lui a faite Charles Le Hon, ministre plénipotentiaire du gouvernement belge à Paris.
(6) GARSOU Jules, Verviers et la France, de 1930 à 1831, Bruxelles, 1933, p.12. Il s'agit du Journal de Verviers du 22 septembre 1831.
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8 commentaires:
Vous qui êtes si français, Monsieur Schreurs, comment pouvez-vous envisager de collaborer avec les flamingants ?
J'ai toujours été francophile,depuis mon adolescence,et je suis devenu très tôt un pssionné de la France. Je suis rattachiste depuis de nombreuses années, j'ai milité longtemps dans le Mouvement wallon, j'ai été président des Amitiés françaises, mais je n'ai jamais été anti-flamand . Je ne vois pas le rapport entre le sentiment rattachiste et un sentiment anti-flamand. Par contre, étant rattachiste, je suis foncièrement anti-belge !
En 1945, dans les meetings de Wallonie Libre, on sifflait la Brabançonne. Déjà à l'école primaire, on s'en moquait en en déformant les paroles. Et si on jouait l'hymne "national" en public, à Liège, on enfonçait son chapeau sur la tête.
Je rentre de la magnifique soirée du 14 juillet. On était bien 30.000 comme l'année passée lors du tirage du feu d'artifice. Il y avait des gens partout aux abords du Palais des Congrès, sur le pont, sur les deux berges de la Meuse. Quelle foule et quel succès ! Le RWF avait un stand où des mmilitants distribuaient des tracts et des ballons portant l'inscription "Liège fête la France", avec un coq wallon. Des reporters de la télé française étaient présents et interviewèrent nos amis Schreurs et Régibeau.
On apercevait une belle affiche, insistant trop, à mon avis, sur le fait que c'est la France "républicaine, laïque et sociale" que l'on fêtait. Je ne suis pas sûr que ce soit très adroit d'insister la dessus, car cela peut heurter des francophiles qui voient la France autrement.Mais en tous cas, un grand bravo aux organisateurs!
Pas un mot dans "La Libre" et dans "Le Soir" sur la Fête du 14 juillet hier à Liège. La "Libre" l'avait annoncée, "Le Soir" même pas...
Par contre, un court mais bon reportage à la télévision et à la radio : au JT de RTL-TVI le 14 au soir et ce matin 15 juillet au journal parlé de Viva-Cité (RTBF).
A signaler également, ce matin sur "Viva-Cité", une interview de M.Bart De Wever, président de la N-VA, avec ses réponses aux questions des auditeurs.
Je me déjà réjouis de voir Liège et la Wallonie au travers de plus de 100.000 personnes réaffirmer sa foi envers la religion catholique et le culte marial.
On ne peut nier que ces 100.000 pélerins qui participent avec ferveur aux fêtes du 15 août commémorant l'Assomption de la Vierge Marie mère de Jésus Christ, dans la quartier populaire d'Outremeuse montrent ainsi leur fidèle attachement à l'Eglise Catholique Romaine.
C'est précisément par respect des convictions religieuses d'un certain nombre de Wallons qu'il faut obtenir de la République française, lors des négociations pour la réunion, un statut particulier comme, par exemple, celui de l'Alsace et du département de la Moselle. L'article 72 de la Constitution française le permet, comme nous l'a exposé M. Jacques Lenain, haut fonctionnaire français, lors des Etats généraux de Wallonie.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle "Liège-France", contrairement au RWF, ne prône pas une "laïcité à la française", mais plutôt le maintien, dans la future région wallonne de France, du système belge actuel dnns ce comaine.
La fête du 15 août en Outremeuse est plus folklorique que religieuse. On y consomme plus de pèquèt que d'eau bénite.
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