Dans un commentaire que nous avons publié (1) notre ami le Docteur Jean Lerusse, membre du comité organisateur des Etats généraux de Wallonie, écrit : "C'est une large majorité de Wallons qui doit décider le rattachement et, au vu de nos résultats électoraux, ils ne sont pas encore prêts, ou n'en ont purement et simplement pas envie. Il existe parmi les Wallons une certaine quantité de belgicains qui ne veulent pas de séparation, un certain nombre de royalistes, qui ne veulent pas d'une république, pas mal de chrétiens qui ne veulent pas d'un Etat laïc et enfin il y en a qui n'ont tout bonnement pas envie de devenir français. Ajoutons à cela ceux qui ont peur de ce qu'ils croient que ce changement apporterait à leur quotidien, leurs habitudes, leur salaire, etc...cela fait du monde. Je ne crois pas que nous les convaincrons et je ne vois pas bien comment les convaincre sauf s'ils sont mis au pied du mur...ou carrément...dans le mur,...par d'autres".
Le docteur Lerusse a malheureusement raison. Son analyse, dure certes, est lucide et rigoureuse. Les Wallons de 2009 ne sont plus ceux de 1945, 1950 ou 1960. Ils ne bougeront pas à moins d'un événement extraordinaire. Le sondage réalisé en 2007 par la Sofrès pour les quotidiens Nord-Eclair et Le Soir a bien révélé qu' en cas de scission de la Belgique, 49% soit la moitié des Wallons seraient favorables au rattachement de la Wallonie à la France. Mais si on leur avait également posé la question : "souhaitez-vous la scission de la Belgique", il y aurait eu à peine 5% pour répondre: oui.
La question qui se pose, pour les rattachistes, est donc : comment provoquer la scission de la Belgique ? Ou, plus exactement, puisqu'il ne faut rien attendre des Wallons eux-mêmes: comment pousser les Flamands à le faire en proclamant leur indépendance ?
Il n'y a que deux stratégies possibles : soit pousser les Flamands à bout en refusant systématiquent toutes leurs revendications lorsque la grande réforme de l'Etat qu'ils réclament reviendra à l'ordre du jour, soit les encourager dès-à-présent à aller jusqu'au bout de leur projet indépendantiste. Le danger de la première stratégie - qui paraît être celle du FDF et du cdH-, c'est que la plupart de ceux qui en sont partisans sont des belgicains qui, en cas de départ des Flamands, prôneront non pas une réunion à la France, mais le maintien d'une petite Belgique résiduelle sous la forme d'une sorte de Wallobrux, conservant tous les symboles de l'Etat belge, à commencer par la monarchie et en maintenant la capitale à Bruxelles. Il fauf donc rejeter cette stratégie.
Comment procéder avec la seconde stratégie ? En cessant de critiquer continuellement les Flamands, en établissant mutatis mutandis un parallèle entre les revendications des séparatistes flamands et celles des rattachistes wallons, aussi légitimes les unes que les autres si l'on admet qu'il s'agit de deux pays distincts, et en instaurant une sorte de coopération pour nous "soustraire ensemble à notre ennemi commun qui est le pouvoir belgicain"(2). C'est le point de vue que Liège-France défend depuis longtemps et qui gagne manifestement du terrain dans les milieux rattachistes.
Dans le même temps, il faudrait que le RWF cesse de mettre l'accent sur les notions de république, de laïcité à la française, de système électoral majoritaire à deux tours, etc, qui effrayent de nombreux Wallons soucieux, comme le dit le Docteur Lerusse, de conserver leurs habitudes. Il faudrait au contraire, rassurer nos concitoyens en optant résolument, au moins dans un premier temps, pour la formule de "l'Union-intégration" si brillamment exposée aux EGW par notre ami français, M. Jacques Lenain. En clair, il s'agit d'exposer aux Wallons qu'en cas de réunion à la France, l'Etat français prendrait en charge la dette de la Wallonie et maintiendrait notre sécurité sociale, mais qu'elle accorderait à notre Région un statut particulier conservant le droit belge actuel dans les domaines qui tiennent le plus à coeur aux Wallons, tels le maintien des compétences de la Région wallonne, le municipalisme, le système électoral à la proportionnelle, le statut du clergé, etc.
C'est l'attitude raisonnable et réaliste que devrait adopter tous les rattachistes, à commencer parle RWF s'il veut progresser dans l'opinion publique. Avec sa stratégie actuelle, en supposant qu'il gagne 1% à chaque élection régionale, il lui faudra 15 ans pour pouvoir envoyer un ou deux députés au Parlement wallon. Autant dire qu'il lui faudra plus de temps pour avoir une quelconque influence, qu'à la NASA pour pouvoir envoyer des hommes sur la planète Mars...
La question est de savoir si l'essentiel, pour les rattachistes, est de convaincre le plus grand nombre possible d'électeurs ou simplement de se faire plaisir en répétant continuellement des idées certes enthousiasmantes pour les initiés, mais rébarbatives pour le plus grand nombre.
(1) Voir ce commentaire à propos d'une message précédent.
(2) Extrait d'un commentaire de M. Edgard Backeland, publié également. Voir ci-avant.
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7 commentaires:
Le mouvement flamand ne veut pas la séparation. Il a voté l'option du confédéralisme début juin. C'est une "Belgique flamande" qui les intéresse, pas une Wallonie indépendante, leur hantise, pour de multiples raisons. Ils continueront à flamandiser ce pays, à leur sauce, que cela nous plaise ou pas: périphérie francophone de Bruxelles, Fourons, Bruxelles, et ensuite? Brabant Wallon? Rien ne les arrêtera si nous ne prenons pas l'initiative de nous séparer.
Mais, cher Bruxellois, qu'est-ce que le confédéralisme?
Non, je ne vous demande pas de me répondre qu'il s'agit du fédéralisme des cons, mais vous rendre compte de ce que cela implique réellement...
Le savoir contrecarre tout simplement vos arguments...
Allez, sachez tout de même que le confédéralisme suppose la séparation pure et simple de la Belgique en plusieurs états indépendants distincts afin de les confédérer ensuite...
Le confédéralisme est une façon "soft" pour les belgicains de parler de la fin de la Belgique...
Du grand n'importe quoi Mr Crosoka-Szoli, le confédéralisme n'est en rien une façon "soft" de parler de la fin de la Belgique mais plutot une façon pour la Flandre de conforter sa mainmise sur le reliquat de Belgique, d'accentuer son emprise économique et bientot culturelle sur Bruxelles et de continuer à garder sous sa coupe une Wallonie qu'elle voit comme un futur terrain d'expansion. Promouvoir le confédéralisme, c'est tuer définitivement la Wallonie: rien que la concurrence fiscale que cela engendrerait entre les deux régions devrait vous ouvrir les yeux... La Wallonie n'a tout simplement pas les armes pour s'engager dans la voie d'un confédéralisme à la sauce belgo-flamande. L'appeler de ses voeux est une ineptie sans nom.
Yan a raison, la définition du confédéralisme est bien celle qu'il donne.
Mais voilà, ce n'est pas de cette oreille que l'entendent les Flamands.
Ce que veulent les Flamands, c'est un fédéralisme poussé au paroxysme. Oui, ils jouent sur les mots et "Un Bruxellois" ci-dessus a bien raison de lancer son avertissement.
Il faut préciser qu'avec la formule de "l'Union-intégration" à la France, le droit belge ne subsisterait que pour la vie régionale wallonne. Pour l'élection des députés wallons à l'Assemblée nationale, c'est évidemment le droit français qui serait d'application, c'est-à-dire le scrutin majoritaire à deux tours.
Une évolution des esprits des Wallons passe, d'une part, par une prise de conscience des faits qui se dérouleront, se déroulent déjà, sous nos yeux et d'autre part par une information faite par des gens libres, qui disent le vrai.
Qu'ils sachent qu'un jour, des Wallons clairvoyants, de bonne volonté, sincères, pluralistes du point de vue idéologique, politique et confessionnel, se sont spontanément et lucidement penchés, sans que personne ne leur demande, sur les options possibles de l'après-Belgique, en les expertisant une à une et en s'entourant pour ce faire d'avis extérieurs autorisés et compétents.
Qu'ils sachent que les organisateurs des Etats généraux de Wallonie et les experts qu'ils ont consultés sont des gens comme eux,de la même Région qu'eux. Ils sont, comme eux, amoureux de la Wallonie, mais voient pour elle un meilleur avenir que ce que les politiques nous concoctent.
A la différence de ces derniers, c'est par amour de la France, mais aussi par amour de leur Wallonie, toutes deux de culture latine, qu'ils envisagent l'Union-Intégration à la France selon J. Lenain, seule solution qui rendra à la Wallonie sa dignité, sa fierté et son indépendance.
Le docteur Lerusse a tout-à-fait raison. C'est le point de vue que devrait adopter le RWF s'il ne veut pas stagner. Mais M. Gendebien est un homme difficile à convaicre, à faire changer d'avis...Avec lui comme président, le RWF n'évoluera pas, du moins je le crains.
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