A l'occasion de la reprise du travail des gouvernements wallon et bruxellois, MM. Rudy Demotte et Charles Piqué ont confié leurs sentiments et leurs impressions au Soir de ce mercredi.
Si, comme à l'accoutumée, M. Rudy Demotte a tenu un langage lénifiant, M. Piqué, quant à lui, n'a pas mâché ses mots : "Si l'on ne règle pas le problème institutionnel dans les deux ans, les tensions (communautaires, ndlr) prendront une tournure très inquiétante, et l'on aura le risque majeur de l'éclatement (de la Belgique)". Et d'ajouter : "On ne peut travailler à un nouveau modèle fédéral que si les Flamands, comme les Wallons d'ailleurs, considèrent que Bruxelles est un peu leur prolongement, aussi l'espace où s'exerce la solidarité dans le pays. Sinon, on court très sérieusement le risque d'une fracture irréversible du pays".
A propos de Bruxelles, M. Charles Piqué a bien entendu le discours de rupture qui a réémergé en Flandre à l'occasion de la "veillée de l'Yser" : lâcher Bruxelles pour conquérir enfin l'indépendance de la Flandre. Il relève à cet égard que "la Flandre hésite entre deux stratégies : "il y a deux écoles : celle qui fagocyte Bruxelles(...) et l'autre qui imagine une Flandre coupée de Bruxelles, dont le statut lui importe peu(...)." En d'autre terme, il y a les Flamands patients et ceux qui sont impatients; on pourrait faire la même observation pour les rattachistes et les indépendantistes wallons... Reste le fameux problème de la périphérie bruxelloise, des facilités, des minorités, de BHV, des bourgmestres non-nommés, etc :"il faut régler tout cela. Peut-être faut-il commencer par là. Le problème de la périphérie, ça pue. Attention !" C'est vrai, mais qu'on nous permette une question impertinente : lesquels sont les plus puants, les Flamands qui veulent être maîtres chez eux, comme les Wallons, où les conquistadors francophones-belgicains qui occupent les communes litigieuses ?
Loin de ces considérations, M. Rudy Demotte, lui, a utilisé une fois de plus la langue de bois pour répondre aux questions du Soir: Moi, je travaille sur les collaborations. Pour mettre nos politiques en oeuvre, il faut une collaboration interrégionale, non seulement entre Bruxelles et la Wallonie, mais aussi la collaboration Flandre/Wallonie. Et pour cela, dit-il, il faut changer les mentalités, avec cet aveu lourd de sens :"Pour le moment, chaque fois qu'on fait une conférence interministérielle, on a l'impression qu'on fait une conférence internationale".
Il ne croit pas si bien dire, notre brave ministre-président wallon : une conférence internationale. En voulant modifier cela, M. Demotte, contrairement à M. Piqué, n'a pas entendu les voix qui se sont élévées à l'Yser en faveur d'un vrai confédéralisme, confirmant précisément ce mode de relations internationales entre la Flandre et la Wallonie. Certes, il dit vrai en affirmant que les Flamands et les Wallons ne sont pas des ennemis, mais des alliés dans un certain nombre de domaines. Et la meilleure alliance qui soit est celle que nous préconisons entre les nationalistes flamands et les rattachistes/indépendantistes wallons pour, ensemble, mettre rapidement fin à l'Etat fédéral belge . Confédéralisme ou indépendance pure, chacun des trois Etats fédérés actuels pourra enfn réaliser son destin: une Flandre indépendante, une Wallonie unie à la France, et BruxellesVille libre internationale et capitale renforcée de l'Europe.
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9 commentaires:
Chez les rattachistes wallons, il y a aussi deux stratégies, deux écoles : celle du RWF, qui prône un "front francophone" avec Bruxelles et la vôtre, qui semble être plus ou moins aussi celle de "l'Union pour la Wallonie" (Wallons", parti "France", etc). Il faudrait demander à un responsable de cette "Union" de présiser son point de vue.Sont-ils également partisans d'une sorte de "front séparatiste flamand/wallon"? Je crois que concernant Bruxelles, ils ont la même position que vous. A vérifier.
Mr Rudy Demotte fait du rase-motte, comme d'habitude.
Selon ses propres mots, l'UPW est une alliance pour rassembler les Wallons et la Wallonie. Il ne s'agit pas d'être CONTRE quelqu'un ou quelque chose, mais POUR la Wallonie. Une pensée positive qui permet de faire cohabiter rattachistes et indépendantistes.
@ M. Dolhet :
D'accord, mais nous sommes tous pour la Wallonie. Ma question était : quelle est la position de l'UPW concerrnant les deux stratégies possibles : un front francophone avec les Bruxellois, ou un front séparatiste avec les nationalistes flamands. Merçi de me répondre.
Je serais tenté de dire : les deux mon général. Bien qu'avec les Bruxellois il ne s'agisse pas d'un "front francophone" qui ne voudrait rien dire, mais d'un front régionaliste pour mettre Bruxelles sur le même pied d'égalité que la Wallonie et la Flandre. Si collaboration il y a entre Wallons et Bruxellois ce sera toujours en préservant l'identité et l'autonomie de chacun, pas question d'une Belgique résiduelle, ou d'une Belgique française à la Ducarme, chaque Région a ses particularités.
Si je comprends bien, M. Dohet, de l'UPW (Union pour la Wallonie) est d'accord avec la proposition de Liège-France de constituer, sous une forme à préciser, un "front séparatiste" avec les nationalistes flamands. Est-ce un point de vue personnel ou la position de l'ensemble de l'UPW ?
Cette idée est discutée par les membres de l'UPW, mais aucune position officielle n'est encore dégagée à ce sujet, les deux tendances s'opposent. Il est difficile en effet d'aller à l'encontre de ses réflexes "belges" qui tendent à placer la N-VA dans le camp des infréquentables, même s'il s'agit uniquement de viser la séparation.
Quelle tristesse de constater que des Wallons aussi convaincus que les militants de l'Union pour la Wallonie, aient encore des "réflexes belges" ! Cela révèle à quel point les Wallons ont pu être "dénationalisés" par le régime belge. C'est vraiment lui l'ennemi n°1 qu'il faut absolument éradiquer. Que cela existe au RWF qui entretient la confusion entre Wallons et francophones bruxellois, cela ne me surprend pas, mais à l'UPW !!!
On ne peut pas être vraiment pro-wallon et pro-français sans être antibelge.
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