lundi 31 août 2009

Dixmude : le crédo confédéraliste

Comme nous l'espérions, les organisateurs du 82è pélérinage de l'Yser ont confirmé le crédo confédéraliste, voire indépendantiste du Mouvement flamand. Et c'est bien d'un vrai confédéralisme qu'il s'agit, puisque le président de l'Ijserbedevaartcomité, M. Walter Beaten, a plaidé pour la suppression des élections fédérales, les Etats fédérés ( Deelstaten) de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles étant priés de "se concerter sur les matières qu' ils souhaitent encore gérer ensemble". On ne peut être plus clair! Le gouvernement fédéral actuel est "illégitime et dangereux pour l'Etat", a-t-il ajouté, "le seul gouvernement légitime pour la Flandre est le gouvernement flamand".C'est ce que rapporte le journal Le Soir de ce lundi.
Présents au premier rang de l'assemblée, le ministre-président flamand, M. Kris Peeters (CD&V), accompagné de M. Philippe Muyters, ministre N-VA, ont applaudi, même si M. Peeters, interrogé par les journalistes, s'est borné à dire : "Il ne m'appartient pas de me prononcer sur les autres gouvernements", ajoutant néanmoins : "En termes de compétences, le gouvernement flamand ne peut que grandir. J'en suis plus convaincu que jamais". La veille, le ministre-président flamand avait été plus ferme à l'égard des gouvernements wallon et francophone. "Que les francophones décident de ne pas faire l'effort pour atteindre l'équilibre financier avant 2015, c'est leur problème", a-t-il déclaré au Laatste Nieuws," mais qu'ils ne nous demandent pas en 2011, quand nous aurons retrouvé l'équilibre, de donner un centime à la Belgique"(1).Un bémol toutefois : contrairement à M. Frans Crols lors à la "Veillée de l'Yser", il y a huit jours, le président du pélérinage a martelé qu'il n'était pas question de lâcher Bruxelles, "ni maintenant, ni plus tard, ni jamais"... On sait ce que nous pensons de la question.
Et pendant que la Flandre unanime, forte et décidée poursuit son oeuvre d'évaporation de la Belgique, certains rattachistes néophytes encore imbibés de belgicanisme anti-flamand et en retard d'une guerre, en sont encore à stigmatiser "l'oppression majoritaire de la Flandre sur le pays", alors que les Flamands estiment que le gouvernement fédéral n'est pas légitime parce qu'il ne 'dispose pas de la majorité dans le groupe flamand de la Chambre et ne compte que 9 ministres néerlandophones contre 12 francophones'"Le Soir). Ces quelques néophytes rageurs et naïfs ne comprennent manifestement rien à l'évolution politique actuelle. Ils sont d'ailleurs tellement peu sûrs de leurs convictions, qu'ils éprouvent, comme l'un d'eux, le besoin d'être confortés "dans l'idée que notre pays wallon ne redécouvrira sa beauté, son essor économique et son bonheur de vivre qu'en devenant Région de France". Comme si un vrai rattachiste pouvait en douter !!!
Ces tièdes, ces néophytes, ces inconscients en sont encore à croire que le grand dilemne, pour les Wallons, est d'accepter une domination flamande ou choisir le pays de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité!". Non vraiment, ces gens n'ont rien compris et une chose est frappante : ils ne mettent jamais en cause le mal fondamental, l'ennemi public de tous les séparatistes, qu'ils soient wallons ou flamands : l'Etat Belgique créé artificiellement en 1830 pour faire barrage à la France tout en imposant la langue française à la Flandre. Trop subtil ?
Dans le même ordre d'idées, on est surpris de lire sur un blog ami, une sorte de désapprobation des "prétentions 'confédérales' de la Flandre" tendant à "rapatrier toutes les compétences au niveau régional aux seuls intérêts de la Flandre", avec cette curieuse "réponse" : Pour danser le tango, il faut être deux. Aucune de ces réformes ne pourra être imposée aux Wallons et aux Bruxellois, car les lois spéciales qui les feraient entrer en vigueur nécessitent une majorité spéciale, c'est-à-dire 2/3 des votes parlementaires + la moitié des votes dans chaque rôle linguistique et donc l'assentiment des francophones".
Sans insister sur l'amalgame, encore une fois, entre les Wallons et les Bruxellois francophones, comment ne pas être perplexe devant cette réaction juridico-peureuse ? Comment un rattachiste ou un indépendantiste wallon peut-il concevoir, ou plutôt ressentir une réforme donnant plus d'indépendance, de compétences et de responsabilités aux Régions "belges" - aussi bien à la Wallonie qu'à la Flandre, donc - comme une mesure imposée par les Flamands, dont il faudrait se garder, se protéger ? En quoi les francophones - du moins les Wallons - seraient-ils "bernés" ? M. Jean-Marie Dedecker a dit un jour : " la Wallonie est la seule région du monde qui refuse d'avoir plus de compétences". Aurait-il donc raison ?
(2) Deux remarques : contrairement à M. Rudy Demotte, M. Kris Peeters, ne parle pas d'eurocents, mais de centimes, mais surtout, il oppose très clairement la Flandre à la "Belgique"...
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4 commentaires:

Josette Shipers a dit…

Est-ce français "Scrogneugneu" ? Cette interjection ne figure pas dans le dictionnaire.

Stéphane Dohet a dit…

En tant qu'indépendantiste, je pense que tout transfert de compétences vers la Wallonie est une bonne chose. Les opposants aux réformes doutent que les politiciens wallons puissent gérer ces compétences en bons pères de famille, mais ils semblent ignorer que ce sont les mêmes politiciens qui participent au gouvernement fédéral actuel.

Stéphane Dohet a dit…

Je ne suis pas le seul à penser de la sorte. Je viens de voir l'éditorial des journaux Vers l'avenir-Le Jour-Le Courrier par Philippe Martin, qui, au sujet des réformes nous rappelle que "ces rendez-vous redoutés peuvent pourtant nous permettre, à nous Wallons, de prendre notre destin en main, d'assumer notre avenir dans une trajectoire d'autonomie accrue." C'est quand même plus agréable à lire que qu'une Delvaux vespérale.

A. Schreurs a dit…

Sur le blogue-notes de Claude Thayse, on trouve un billet très intéressant sur le sujet suivant : "Minimalistes ou maximalistes, quels sont les politiques flamands les plus dangereux ?".L'auteur fait notamment observer que tous les "sages" actuels, les minimalistes, ont été précédemment des maximalistes; dès lors, il faut s'attendre à ce que les "modérés" d'aujourd'hui, en particulier au CD&V, les minimalistes actuels, deviennent à leur tour des maximalistes.
A notre avis, les Flamands les plus dangereux sont les "minimalistes", qui ne veulent pas la fin de la Belgique, mais sa domination par la Flandre, la "Belgique étant en fait, pour eux, Bruxelles et la Wallonie. C'est pourquoi nous prônons une sorte de pacte avec les maximalistes, afin de hâter la partition de la Belgique. Cela ne signifie pas que nous devons être d'accord avec tout ce que disent les séparatistes flamands, notamment à l'égard de Bruxelles au sujet de laquelle deux courants s'opposent, comme on l'a vu lors de la "Veillée de l'Yser". Il est évident que ce "pacte" devra faire l'objet de négociations qui peuvent être aussi difficiles que celles qui ont eu lieu - sans succès - lors du "dialogue communautaire" dans le cadre belge.