lundi 21 septembre 2009

"Fêtes" de Wallonie et culture "wallonne"...

Comme il fallait s'y attendre, les discours du ministre-président wallon et de la nouvelle présidente du Parlement wallon n'ont rien eu de fracassant, si l'on en croit la presse qui n'y consacre que peu d'espace et peu de commentaires.
Egal à lui même, avec cet air d'autosatisfaction qu'il affiche en toutes circonstances, le chef du gouvernement wallon a fait du rasemottes, pratiquant une fois de plus la langue de bois. Soyons enthousiastes, que diable, et tout ira très bien, madame la marquise...Qu'il ait parlé de solidarité environnementale, on veut bien, "Olivier oblige", mais pourquoi fallait-il qu'il insiste sur "la loyauté fédérale de la Wallonie jamais prise en défaut" ? Pour rassurer qui ? Pas le premier ministre Van Rompuy, qui était absent par devoir de réserve ! Pas non plus le ministre-président flamand, M. Kris Peeters, qui n'en demande pas tant. Pas davantage les représentants de la Région Champagne-Ardennes, invitée d'honneur ! Qui donc alors ? Les Wallons ? Ce serait vraiment affligeant! Franchement, on ne voit pas...Ah si ! C'était sûrement pour rassurer Albert II et son zélé serviteur, Elio Di Rupo, président du PSMF(1), qui ne jure que par "Sa Majesté le Roi".
La présidente du Parlement wallon, dont c'était le premier discours "officiel", ne fut pas en reste de platitude et de belgitude, au point qu'on en arriverait à regretter les coups de gueule de José Happart. "Il est temps de dire que la Wallonie n'a pas peur du dialogue avec les autres Régions". Fort bien ! Mais dialoguer dans quel but ? Pour réaliser "un fédéralisme mûr et moderne (qui) mènera à la construction d'un Etat fédéral plus abouti, au service de tous les citoyens de ce pays". Un discours volontariste, mais "belge", car, a-t-elle ajouté : "on n'acceptera pas de négocier pour détricoter notre sécurité sociale". Ben voyons ! Comment pourrait-on concevoir, imaginer, que les Wallons n'auraient plus besoin de l'argent des Flamands pour maintenir leurs acquis sociaux ? Et s'il leur plaît de continuer à tendre la sébile, c'est leur droit, non !
Mais laissons ces tartuffes pour glisser sur un autre sujet : la "culture wallonne". Dans Le Vif-L'Express du 19 septembre, on reparle du débat qui divise les régionalistes wallons concernant le sort des dialectes wallons, appelés abusivement "la langue wallonne". Alors que "l'ancien ministre-président wallon Robert Collignon préfère mettre l'accent sur son appartenance à la culture française : Je ne suis pas un intellectuel patoisant, soutient-il. Le wallon à l'école ? Il y a déjà tellement de cours...", l'ancien bourgmestre de Liège, Jean-Maurice Dehousse déclare : "On regarde les films américains, on mange des plats asiatiques...Pour rester en équilibre, nous devons retrouver nos racines, et elles passent par les langues régionales. De plus, nous assistons à un brassage énorme de populations. Pour les personnes qui arrivent chez nous, la langue régionale est une voie d'intégration plus facile que l'anglais ou le français".
Ah oui ? le français serait donc une langue "étrangère" au même titre que l'anglais !!! Mais au fait, de quelle "langue régionale" parle M. Dehousse ? Du dialecte liégeois, avec ses différentes variantes, déjà entre Liège et Seraing? Du dialecte namurois ? Du dialecte des Carolos ? Du picard des Montois et des Tournaisiens ? Du wallon de la province de Luxembourg ? Du lorrain de la Gaume ? Il faudrait savoir et surtout espérer que les étrangers immigrés ne déménagent pas trop souvent à travers la Wallonie, à peine de devoir réapprendre chaque fois le dialecte local...Non, ce n'est pas sérieux. Certes, il y a une culture wallonne, distincte de la culture bruxelloise, mais ce n'est pas une culture patoisante, c'est une culture française de Wallonie.
Pauvre Wallonie, que tant de gens défigurent...
(1) PSMF : Parti socialiste monarchiste francophone !
Postez des commentaires, le débat est ouvert.

3 commentaires:

Stéphane Dohet a dit…

On peut aimer la langue française sans détester la langue wallonne, et sans la rabaisser au rang de "patois". La langue wallonne, comme le picard, le gaumais ou le luxembourgeois, fait partie de notre culture et de notre identité wallonnes. Les différences régionales ne sont pas insurmontables, le français lui-même est composé de variantes régionales, il ne faut pas le réapprendre à chaque déménagement. Le wallon ne menacera jamais le français, ce serait plutôt l'inverse qui a eu lieu. C'est un patrimoine immatériel à défendre, car nous sommes les seuls dans le monde à en avoir la responsabilité. Il y a tout de même de la marge entre la situation actuelle ou RIEN n'est fait par les pouvoirs publics et le remplacement du français par le wallon comme langue officielle unique (ce que même le plus passionné des waloneus ne demande pas). Une chose de sure, c'est que les régions françaises font plus pour défendre leurs langues régionales que la communauté française de Belgique (http://1.bp.blogspot.com/_fhmQDnYJi9k/Sp-BltYZrUI/AAAAAAAABaQ/uS6tqA5rLSE/s1600-h/langues+r%C3%A9gionales+.....jpg).

A. Schreurs a dit…

@ M. Dohet :
Il n'a jamais été question de détester la ou plutôt "les langues wallonnes". Personnellement, je parle le wallon liégeois aussi couramment que le français. Je pourrais vous faire toute une conférence en wallon. Mais on ne peut nier que la sphère de chacun de nos dialectes est peu étendue, et surtout qu'il y a de grandes différences d'une province à l'autre. Ce n'est pas comme le catalan en Catalogne, par exemple.
Certains ont imaginé de créer une "langue wallonne unique" pour toute notre Région, une sorte d'espéranto régional avec des apports des différents dialectes. Ce serait tout-à-fait artificiel et ne constituerait en fait qu'un dialecte de plus, qui n'aurait aucunes véritables racines. Pourquoi une telle idée ? Autant nous voulons, comme les régionalistes wallons du MMW ou de "Toudi", distinguer les Wallons des Bruxellois francophones, dégager la Wallonie de toute influence belgo-bruxelloise, autant nous voulons maintenir et affirmer le caractère français de la Wallonie. Nous ne voulons pas nous distancier de Paris et des autres régions de France. Mais M. Dohet a raison de dire que les langues régionales sont mieux défendues et mises en valeur en France qu'en Belgique, ce qui devrait convaincre les régionalistes wallons que l'identité wallonne serait reconnue et respectée en cas de réunion de la Wallonie à la République française. A "Liège-France", nous avons opté résolument pour la formule "d'union-intégration" à la France qui, précisément, respecte l'identité wallonne, contrairement à la conception "assimilatrice" prônée par les dirigeants du RWF, en particulier M.Gendebien. Nous sommes des "rattachistes régionalistes" et cette tendance existe aussi chez certains militants du RWF, par exemple le président du parti à Liège, ou encore notre ami de Namur, Jean-Sébastien Jamart, ainsi qu'on peut l'observer en visionnant son blog.
C'est aussi le cas de nos amis Didier Mélin et Claude Thayse, du Brabant wallon. Cette tendance régionaliste gagne du terrain dans les milieux rattachistes wallons, d'autant qu'elle semble être la formule de réunion qui aurait la préférence des Français eux-mêmes, si l'on en croit M. Jacques Lenain, citoyen français et fonctionnaire à Paris, qui a présenté un rapport très précis dans ce sens aux récents Etats généraux de Wallonie organisés à l'Université de Liège.

Philippe Rasquin a dit…

D'après les journaux, M. Demotte aurait déclaré : "Je ne veux pas renouer avec la Wallonie d'hier, je veux construire la Wallonie de demain "!
De quelle Wallonie d'hier parlait-il ? Si c'est celle de la malgouvernance, des cumuls de mandats et des parachutes dorés lors de la retraite, il a raison. Mais si c'est celle des grandes luttes wallonnes de 1945,1950 et 1960, alors il a tort et il est à ranger parmi les clercs qui trahissent.