Un immense travail de réflexion et d'action

Les nouveaux militants wallons, qu'ils soient rattachistes, indépendantistes ou régionalistes, ne se rendent pas toujours compte de l'immense travail de réflexion et d'action accompli par "le vieux Mouvement wallon", comme l'appelle non sans mépris M. Paul-Henry Gendebien. Est-ce parce qu'il n'y a joué aucun rôle, lui qui n'a découvert les problèmes wallons qu'à l'époque du Rassemblement Wallon, qu'il a fini par casser en deux, avant de s'égarer au point de se faire réélire député à Namur sur les listes de l'ex parti social chrétien - le vieux PSC- présidé par un autre baron, l'ultra-belgicain Charles-Ferdinand Nothomb. Rien de comparable donc, avec des hommes admirables comme Maurice Bologne et Marcel Thiry, qui devinrent tous deux sénateurs du RW après un long combat au sein du Mouvement wallon et sans jamais se renier.

On peut avoir une idée de ce que fut le combat wallon d'après guerre en lisant La Nouvelle Revue Wallonne, que le Comité permanent du Congrès national wallon publia de 1951 à 1973. La collection complète comporte 51 numéros totalisant plus de 4.000 pages. C'est une source de documentation extrêmement riche pour la connaissance des problèmes wallons, les réactions flamandes et le cheminement de l'idée fédéraliste jusqu'à la première réforme de l'Etat en 1970. On peut dire que toutes les questions politiques, économiques, culturelles et historiques concernant la Wallonie y ont été traitées. Tout militant rattachiste devrait pouvoir s'y référer, en la consultant au Fonds d'histoire du Mouvement wallon, à Liège, ou à l'Institut Jules Destrée, à Charleroi et à Namur.

Rien n'est plus sot que de dire : c'est du passé, cela ne nous intéresse pas, voyons plutôt l'avenir, propos que l'on entend parfois, malheureusement, dans certaines réunions rattachistes. Ce simplisme, ce manque de culture se retrouvent d'ailleurs chez ceux - ce sont souvent les mêmes -qui ne parviennent pas à se faire une idée globale de la France, celle qui dictait la pensée et l'action de Charles de Gaulle. Si tous se reconnaissent dans les idées de 1789 et la patrie des droits de l'Homme, certains se réfèrent encore à la IIIè République( Jules Ferry, la laïcité, etc), tandis que d'autres ne jurent que par la Vè actuelle (régime quasi présidentiel, système électoral à deux tours, etc) . Peu, semble-t-il, ont cette vision géniale, complète, à la fois historique et prophétique qu'avait le Général : contrairement à nous, la France éternelle ne les fait pas vibrer...