samedi 10 octobre 2009

Des" Allemands" au secours de la Belgique ? A la demande des Wallons ?

Certes, le général de Gaulle et Konrad Adenauer ont eu cent fois raison de sceller, après la IIè guerre mondiale, la réconciliation franco-allemande. François Mitterrand et Helmut Kohl ont confirmé la nouvelle alliance, dont ils ont fait le socle de l'Union européenne. Et le Président Sarkozy entretient avec Angela Merkel cette amitié essentielle pour garantir la paix définitive entre les deux "ennemis héréditaires" d'hier.
Mais faut-il pour autant que les Allemands viennent au secours de la Belgique ? Des Allemands qui préfèrent se qualifier prudemment de "germanophones", pour ne pas réveiller de vieux démons, mais n'en sont pas moins des Allemands comme les Wallons sont des Français.
Comme on sait, le dernier parlement à pouvoir, selon la lourde machinerie institutionnelle belge, voter une "motion en conflit d'intérêts" pour retarder encore un peu le vote inéluctable par le parlement fédéral de la scission de "BHV" - ce sigle qui fait penser à un virus comme l'EBV(1) - est celui de la Communauté germanophone. Ainsi, "un véritable ballet diplomatique" a-t-il eu lieu, relate La Libre de ce matin, au siège de cette Communauté, à Bruxelles. Le ministre-président germanophone a notamment reçu M. Bart De Wever, le président de la N-VA, venu lui exposer le point de vue des nationalistes flamands. Car pour le moment, M. Karl-Heinz Lamberts paraît être le maître du jeu, un jeu pas très "joli- joli" si l'on en croit certaines rumeurs...
Quel est donc l'intérêt réel dans cette affaire de cette petite communauté allemande, située comme l'a rappelé M. De Wever "à 150 km de BHV" ? "Nous voulons que la Belgique fonctionne" a déclaré, selon Le Soir, le ministre-président "germanophone" : or on sait que, sans solution sur BHV, on risque une chute du gouvernement. On nous qualifie parfois de derniers Belges. Mais ce pays nous a réservé une place de choix dans l'architecture institutionnelle. Nous voulons la conserver.
Et voilà! Une fois de plus, ce sont les "nouveaux belges"- nouveaux et derniers à la fois ! - qui voudraient faire la loi dans ce pays...M. Karl-Heinz Lamberts s'est quand même voulu rassurant : Nous allons attendre. La seule chose que nous ne ferons pas, c'est nous décider sur la demande d'une seule partie prenante, a-t-il dit, selon La Libre.
Comme il fallait s'y attendre, de bons esprits francophonissimes bruxellois, qui ne portent pas M. Bart De Wever dans leur coeur et préfèrent encore les belgicains aux nationalistes flamands, se sont indignés parce que le président de la N-VA s'est exprimé en allemand au micro de la RTBF. Il n'a pas eu tort; il voulait rappeler que la petite Communauté des "cantons de l'Est"- comme on disait jadis- rattachée à la Belgique en 1918, est bien allemande et non seulement "germanophone" et que ses intérêts réels, c'est à dire nationaux, ne sont pas en danger.
Mais comment des Wallons dignes de ce nom peuvent-ils utiliser des "Allemands"pour contrer des Flamands er surtout pour "sauver" la Belgique ? Vous avez dit : pays du surréalisme ? Il serait temps que les parlementaires wallons retrouvent de la dignité et renoncent à cette mascarade des "conflits d'intérêts" pour prolonger la vie d'un "pays" agonisant. Et comme si ça ne suffisait pas, Le Soir rappelle qu'après cette éventuelle quatrième motion, il reste encore une possibilité aux francophones : tirer la sonnette d'alarme, cette ultime procédure grotesque prévue par la Constitution belge !
Mais dans quel "pays" vivons nous et même dans quelle Région : la Wallonie ou la Patagonie ? A propos de "Patagonie", c'est une fameuse patate chaude que cette "sonnette" pourrait envoyer au Premier ministre du royaume. Il y a des jours où Herman Van Rompuy doit quand même regretter d'avoir finalement dit "oui" à Albert II...
(1) EBV est le signe anglophone pour désigner le virus Epstein-Bar, responsable, entre autres, de la mononucléose.
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12 commentaires:

Georges Lambert a dit…

Comment pouvez-vous dire que les gens des "Cantons de l'Est" sont des Allemands ? C'est simple. Prenez la carte de la Belgique, par exemple celle du dernier "poster" de La Libre. Que voyez-vous ? Au centre, une frontière horizontale et à l'est, une frontière verticale. La frontière horizontale sépare la Flandre, au nord, de la Wallonie, au sud. La frontière veticale sépare la Wallonie, à l'ouest, de la Communauté germanophone, à l'est. Et par rapport aux trois pays voisins ? C'est lumineux : la Flandre est le prolongement au sud des Pays-Bas; la Wallonie est le prolongement au nord de la France; la Communauté germanophone est un petit prolongement à l'ouest de l'Allemagne.
Un enfant de première année d' l'école primaire comprendrait cela, mais pas les belgicains, les wallingants et les Flamands fransquillons... Il est vrai que, sauf en Flandre, on se garde bien, en Communauté "française" surtont, d'apprendre cela aux enfants. Ne faut-il pas en faire des "belges", comme on fabriquait des petits communistes en URSS ou des petits nazis en Allemagne sous Hitler ?

Jules Rulot a dit…

Et Bruxelles, dans tout ça, c'est quoi ?

Jean Petit a dit…

Bonne question, mais réponse bien difficile! Jules Destrée, dans sa fameuse "Lettre au Roi", disait que Bruxelles, c'était "la ville des métis". Avant l'arrivée du FDF, on entendait souvent dire, dans le Mouvement wallon : "La Wallonie aux Wallons, la Flandre aux Flamands et Bruxelles aux Belges".
Toutes les Communautés ont voulu en faire leur capitale, elle est aussi la capitale de l'Europe, elle devient de plus en plus multiculturelle, pas seulement bilingue...Mais c'est peut-être vrai que c'est seulement à Bruxelles qu'il y a de vrais "Belges".
Un fameux casse-tête en tout cas! S'il n'y avait pas Bruxelles, je crois bien que la Belgique n'existerait plus depuis longtemps.

Georgette Davister a dit…

Bruxelles, c'est un cas à part, c'est l'exception qui confirme la règle, c'est le caillou dans la chaussure, c'est la pierre d'achoppement, c'est, c'est, c'est un monstre à deux, trois, quatre têtes, c'est...je ne sais pas, c' est, c'est une belle grande ville ,mais c'est bien embêtant !

CT a dit…

C'est aux bruxellois à se choisir leur destin.
Je peux comprendre l'inquiétude de certains bruxellois francophones d'être abandonnés... Mais il faut la relativiser, tout le monde n'y pense pas comme monsieur Maingain ou les "new-RBF"... Une étude menée par le Centre d’Etudes de la vie politique (le CEVIPOL) montre que si 46 % des wallons accepteraient d'unir leur destin à celui des bruxellois, même si ils les trouvent un peu prétentieux, en revanche, 37 % des bruxellois opteraient plus volontiers pour un repli dans un district européen. Quand on pense que nous avons sacrifié les Fourons pour permettre à la Région de Bruxelles d'exister, où est "la solidarité francophone" ?

Il ne faut pas avoir peur de mettre la séparation sur la table sous prétexte que ce sera difficile au début.
Si Churchill avait accepté les propositions de paix d'Hitler après Dunkerque au lieu de promettre du sang et des larmes à son peuple, que ce serait-il passé ?
On n'en est plus à sauver la Belgique. Les partis dits francophones recourent à des expédients. Les procédures en conflit d'intérêt en sont. Ces mêmes partis seront prêts demain à des compromis sous prétexte de sauver la sécurité sociale qui ne poura - en l'état des chose - probablement pas être sauvée.
Que de temps perdu !
La meilleure chose que les germanophones puisent faire, c'est de refuser d'entrer dans ce jeu. Mais ils ont aussi leurs agendas. La Région allemande est en train de naître. Qui pourrait leur reprocher ?

François Lambert a dit…

Cher homonyme, pourquoi n'allez-vous pas au bout de votre raisonnement et ne prolongez-vous pas cette ligne horizontale à travers la France ?

Toute la partie nord à partir de Rijsel est le prolongement naturel de la Flandre et donc des Pays Bas.

Tout dans cette région nous le rappelle : la toponymie, l'architecture, le dialecte.

Il faut que la France rende cette région qu'elle a spolié de sa culture originelle à la Flandre et au Pays Bas.

Georges Lambert a dit…

Cher homonyme, du point de vue géographique, vous avez raison, mais n'oubliez pas que la leçon s'adressait à des enfants de l'école primaire. On ne peut pas tout leur expliquer d'un coup.
Simplisme pour simplisme, je préfère le mien à celui des historiographes qui ont fabriqué une fausse histoire de Belgique. Quand elle est authentique, comme celle de la France, l'Histoire vient parfois contrarier la géographie, comme c'est le cas pour le Nord-Pas de Calais...
Mais tant qu'à évoquer les frontières artificielles, j'en ai oublié une, non pas horizontale mais verticale : celle qui coupe le Jura géographique en deux et sépare la Franche-Comté du Jura suisse et de l'ensemble de la Romandie. Si j'étais Suisse romand, je serais également rattachiste, car je préfère le "pré carré" à l'hexagone...

Stéphane Dohet a dit…

Et l'Allemagne devrait réannexer l'Autriche et la Suisse alémanique, la Grèce annexer Chypre, les USA le Canada, le Mexique les États d'Amérique centrale... arrêtons les conneries, ce n'est pas parce que deux personnes parlent la même langue qu'ils doivent forcément partager le même pays. Surtout avec des langues internationales comme le français, l'anglais ou l'allemand. Si les germanophones voulaient être Allemands, ils réclameraient leur rattachement. En fait, ils ne se sentent pas Allemands du tout, surtout dans le canton de Saint-Vith où la langue locale est le luxembourgeois, et où les volontés de rattachement se feraient plus vite au Luxembourg qu'en Allemagne.

Même langue = même pays, c'est vraiment un raisonnement de première primaire, en effet.

Georges Lambert a dit…

@ à Stéphane Dohet ;
Qui a parlé d'annexion, cet acte brutal et antidémocratique s'il n'est pas le résultat, le fruit d'une aspiration, d'une demande exprimée par un réferendum des populations concernées ? J'ai écrit que s'y j'étais Suisse romand, je serais également rattachiste, comme je le suis en tant que Wallon, mais je n'ai jamais dit ni pensé un seul in stant que la France devrait "annexer" la Romandie ou la Wallonie !
Monsieur Dohet confond la nationalité culturelle et la nationalité étatique. Il n'est pas nécessaire d'être citoyen de la République française pour être un Français. Ni d'être citoyen de la Bondesrepublik Deutschland pour être un Allemand, ou encore un citoyen de la Moldavie pour être un Roumain, ni à un Kosovar d' être rattaché à l'Albanie pour être un Albanais...Il suffit de répondre à certains critères objectifs.
Quant aux habitants de Saint-Vith, s'ils sont d'avantage des Luxembourgeois que des Allemands, c'est précisément parce que, comme vous l'écrivez, leur langue est celle du Letzeburg.
Mais le plus aberrant, selon moi, est que les populations de la Communauté "germanophone" soient incorporées dans la Région wallonne, alors qu'ils sont tout, mais alors vraiment tout sauf des Wallons. En fait, aussi longtemps que la Belgique existe, il devrait y avoir une quatrième Région, qui serait la Région allemande.

Jean Petit a dit…

Un fédéralisme à quatre, c'est ce qu'avait proposé l'ancien Ministre-président Robert Collignon et je crois également l'Institut Jules Destrée.

Didier Bukens a dit…

A propos de MM. Lambert et Dohet :

Pourquoi ne pas dire "Communauté allemande de Belgique", puisqu'il y a officiellement une "Communauté française de Belgique" ? Où est la logique ?

Stéphane Dohet a dit…

C'était son nom autrefois, comme pour la communauté néerlandaise devenue flamande, l'allemande est devenue germanophone selon la volonté de ses dirigeants. Seuls les Wallons sont restés sans communauté, les Bruxellois ayant leurs commissions communautaires.