mardi 20 octobre 2009

Faut-il vraiment un "parti" rattachiste ?

Quand on voit toutes les nuances qui s'expriment au sein de la mouvance rattachiste, pas toujours avec bienveillance, à l'extérieur comme à l'intérieur du RWF, les oppositions et les luttes d'influence qu'elles suscitent, le faible score électoral réalisé par ce parti qui, depuis dix ans, ne parvient pas à atteindre, dans l'ensemble, le chiffre de 2%, on peut se demander si la cause principale de cet échec n'est pas tout simplement le fait d'avoir emprisonné le rattachisme - ou réunionisme - dans un parti.
La revue Wallonie-France s'était déjà posé la question en 1995 (1), quand quelques militants du RF de Maurice Lebeau (2) avaient décisé de créer le parti "France". D'aucuns disaient : il est temps de passer à la vitesse supérieure, il faut introduire le rattachisme dans les urnes. François Perin, qui avait fondé le RW, était très réticent. Sollicité pour soutenir cette liste, il avait refusé de le faire, même par une signature de présentation, estimant qu'en raison de son humiliant échec probable, l'initiative ridiculiserait leurs auteurs et entâcherait l'idéal qu'ils défendent, c'est-à-dire la réunion de la Wallonie à la France.
Il y a de cela 19 ans et sur ce point, rien n'a changé. Le RWF, créé en 1999 sans aucune concertation avec le parti "France", ni avec la revue Wallonie-France, semble être tombé dans le même travers que ses devanciers. Son fondateur, M. Paul-Henry Gendebien, avait annoncé, après son retour de Paris où il avait succédé à Lucien Outers en qualité de Délégué général de la Communauté française, son intention de refaire de l'action wallonne. Il a commis l'erreur de croire qu'un "Rassemblement Wallonie-France" serait rapidement aussi populaire que le Rassemblement Wallon qu'il avait présidé. Or, il y avait une différence immense : le RW se situait dans une optique fédérale et mettait l'accent sur les avantages qu'apporterait aux Wallons une autonomie dans le cadre de la Belgique, sans rien changer à leurs habitudes, tandis que le RWF, même en s'exprimant avec souplesse et diplomatie - ce qui n'est pas toujours le cas ! -postule un changement radical, avec des inconnues et toutes sortes de questions peu rassurantes pour le citoyen lambda.
Certes, un très sérieux sondage d'opinion, réalisé par la Sofrès pour Le Soir et Nord-Eclair, a révélé que, dès- à- présent, 49% des Wallons et 60% des Français sont favorables à la réunion de la Wallonie à la France, si la Belgique éclatait. C'était au moment où toute la presse étrangère annonçait la fin de l'Etat belge, que l'on représentait par un cercueil sur la couverture de certains magasines. Le conflit communautaire apparaîssait sans fin, les négociations pour fomer un gouvernement "orange-bleu" avaient échoué, Yves Leterme avait démissionné deux fois, et la crise était là, avec des moments d'humeur et des petites grèves par çi par là et puis, il y avait eu la fameuse émission-fiction "Bye bye Belgium" qui avait laissé un goût amer chez beaucoup de gens...Mais rien ne s'oublie plus vite qu'une catastrophe, quand on en a réchappé !
Dès lors, devant l'insuccès électoral, il est peut-être temps de se demander s'il faut conserver un, voire deux partis rattachistes, ou s'il ne serait pas préférable d'en revenir à la formule d'un grand Mouvement rassembleur, comme le fut Wallonie Libre à la veille du Congrès national wallon de 1945, qui comptait 55.000 membres, dont 15.000 pour la seule province de Liège, chiffres bien réels, qui doivent faire rêver nos amis responsables d'un arrondissement du RWF...Pourquoi pas une une Alliance wallonne pour la France ?
Le RF faisait parler de lui plus que le RWF, il avait réussi à organiser à Lille le premier congrès des rattachistes wallons sur le sol français et on y avait entendu des personnalités françaises plus nombreuses et plus représentatives que celles qui sont venues s'exprimer au congrès du RWF à Namur. Quand à la presse, elle avait donné d'importants comptes rendus, en particulier la RTBF et RTL, ce qui n'est plus le cas actuellement.
Voilà quelques réflexions à méditer, par les temps qui courent et où le rattachisme "politique" fait du suplace...
(1) N° 9 de mai-juin 1995, p.1.
(2) RF : abréviation du Mouvement wallon pour le retour à la France dont feu Maurice Lebeau était le président.
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12 commentaires:

Philippe Rasquin a dit…

C'est précisément pour éviter le traumatisme dans la population d'un changement radical, que la formule de l'"union-intégration", développée par M. Lanain lors des Etats généraux de Wallonie, est intéressante.

C. Thayse a dit…

Trois réflexions:
1. La Wallonie Libre de 1945 avait une vraie légitimité issue de la Résistance.
2. Un parti politique, même marginal, touche les partis traditionnels (de pouvoir) là où ça leur fait mal. Sur le terrain des élections.
3. Adhérer à un mouvement ne porte pas à conséquence pour les politiciens professionnels. Combien de fois n'avons nous pas eu la surprise d'entendre l'un d'entre-eux (tous partis confondus) enflammer nos réunions de militants wallons et, après ça prendre une position diamétralement opposée au Parlement ?
Les promesses n'engageant que ceux qui y croient...

Mais ce ne sont que des réflexions.

Je pourrais y ajouter une quatrième, ne pas donner trop d'importance à ceux qui sont devenus une entrave au développement de la pensée et de l'action réunionistes... Ne leur faisons pas écho.

C. Thayse a dit…

Trois réflexions:
1. La Wallonie Libre de 1945 avait une vraie légitimité issue de la Résistance.
2. Un parti politique, même marginal, touche les partis traditionnels (de pouvoir) là où ça leur fait mal. Sur le terrain des élections.
3. Adhérer à un mouvement ne porte pas à conséquence pour les politiciens professionnels. Combien de fois n'avons nous pas eu la surprise d'entendre l'un d'entre-eux (tous partis confondus) enflammer nos réunions de militants wallons et, après ça prendre une position diamétralement opposée au Parlement ?
Les promesses n'engageant que ceux qui y croient...

Mais ce ne sont que des réflexions.

Je pourrais y ajouter une quatrième, ne pas donner trop d'importance à ceux qui sont devenus une entrave au développement de la pensée et de l'action réunionistes... Ne leur faisons pas écho.

A. Schreurs a dit…

@ Claude Thayse:

Il y a du vrai, mais il faaut nuancer.

1. En 1960, le Mouvement Populaire Wallon a eu un plus gros succès encore, que Wallonie Libre, et la Résistance était déjà loin.
2. Certains hommes politiques de Wallonie Libre ou du Congrès national wallon, ont toujours défendu au Parlement les mêmes positions que dans le Mouvement wallon : les frères Van Belle et Maurice Destenay, par exemple.

Jules Rulot a dit…

Vous croyez vraiment que le RWF, qui piétinne à moins de 2% depuis 10 ans, touche les partis traditonnels et que "ça leur fait mal" ? Ah ! s'il faisait 5% et plus, alors oui. Mais on est loin du compte, et les listes "WALLONS" ne font pas mieux.Même ensemble, les deux partis ne dépassent pas 3%.

Pynnaert Pierre a dit…

Si la RWF namur n'avait pas eu "Wallonie d'abord" dans les pattes, nous aurions eu près de 5 % (2,5 + 2). NOus avons eu dure tâche vis à vis de ce parti qui se cachait d'être issu du FN ! Le mot Wallonie a attiré les électeurs.

Anonyme a dit…

Il a fallu 10 ans à ECOLO pour obtenir ses premiers 3 %.

Philippe Demoulin a dit…

Oui, mais ECOLO ne remettait pas en cause l'existence de l'Etat belge, ce qui est un changement bien plus grand que ceux que les Verts proposaient.

P. Marchot a dit…

@ Pierre Pynnaert :

Vous parlez de "Wallonie d'abord", mais pas de "WALLONS". Cette liste ne se présentait pas à Namur ? Pour "Wallonie d'abord", il suffisait de lire un de leurs tracts ou affiches pour voir de quoi il retournait : absolument rien de commun avec le RWF...

Pynnaert Pierre a dit…

Non, mais les gens ont vu "wallonie", c'est tout !
Si on additionne les % de RWF liège et de Wallons" y a que des miettes !Faut se mettre au travail, mes amis et non pas détruire en accusant toujours les autres !

Freddy Chanet a dit…

Les militants de Liège ont très bien travaillé, voyez les nombreuses photos sur le site RWF-Liège, qui en témoigne. Vous avez nénéficié à Namur du fait que M. Gendebien était tête de liste.

Pynnaert Pierre a dit…

Je veux bien croire que le RWF de liège ait bien travaillé, mais il faut encore se mettre à l'ouvrage; namur vient d'élaborer de nouvelles stratégies qui vont se mettre en route très bientôt.