mardi 15 décembre 2009

Dérive ou direction assistée ?

L'éditorialiste de La Libre de ce jour taxe de dérive la décision qu'avait prise le gouvernement flamand, à l'initiative du ministre N-VA Philippe  Muyters en charge de l'emploi en Flandre, de déclencher un conflit d'intérêts avec le gouvernement fédéral à la suite du "plan Milquet" (voir notre message précédent).
Une dérive est "le fait de s'écarter de la norme, d'un cadre fixé, de sa direction". En quoi le gouvernement flamand, et en particulier sa composante N-VA, se seraient-ils écartés de leur direction ? Tout au contraire, la décision du gouvernement flamand était dans la droite ligne des revendications majeures votées par le Parlement flamand il y a dix ans déjà. La régionalisation de l'emploi figure parmi celles-ci.
Depuis hier, un accord est intervenu entre Mme Milquet et M. Muyters, de sorte  que le gouvernement flamand a renoncé à introduire une motion en conflit d'intérêts. Nous n'entrerons pas ici dans le détail de cet accord, car là n'est pas notre propos.
Nous observerons seulement que, lorsque les Flamands veulent déclencher un conflit d'intérêts, la presse francophone s'insurge, évoque immédiatement une "dérive nationaliste" ou considère, comme l'éditorialiste du Soir que c'est "un comportement de cour de récré, blessant, vexatoire et inquiétant." Par contre, cette même presse trouve tout naturel que les francophones aient recouru quatre fois à cette procédure pour le problème de BHV -en impliquant le Parlement wallon et le Parlement germanophone qui n'étaient pas concernés-  qui doit impérativement trouver une solution avant les prochaines élections fédérales, suivant l'arrêt de la Cour constitutionnelle ! Qui joue à la récré ? Qui n'est pas adulte ? L'éditorialiste du Soir s'indigne, s'inquiète de la "petite" stratégie communautaire du gouvenement flamand. "La Belgique fédérale de demain a besoin de francophones doués d'empathie et sans tabous. Mais elle a aussi cruellement besoin d'une Flandre adulte", conclut-il péremptoirement.
M. Demonty - c'est le nom de l'éditorialiste - n'a pas encore compris qu'aussi longtemps que la Belgique existe, il y aura, forcément, des conflits d'intérêts entre Flamands et francohones. Il ne peut en être autrement dans ce pays artificiel, qui n'est pas une nation et ne le sera jamais.
Plutôt que d'écouter les lamentations de l'éditorialiste, laissons la parole à Jules Gheude qui, dans un courriel publié dans la même édition du Soir, relève que "la poussée nationaliste ne cesse de se confirmer en Flandre" et que - ainsi que Bart De Wever l'a rappelé dernièrement- ,les autonomistes représentent au Nord près de 40% de l'électorat".
Acceptons de voir la réalité en face , conclut Jules Gheude, et négocions directement le partage des biens de cette Belgique dont le très sérieux magazine britannique The Economist reconnaissait, en septembre 2007, qu'elle avait fait ce pour quoi elle avait été créée  et qu'elle pouvait disparaître".

C'est aussi notre avis.

Le comportement du gouvernement flamand  n'est pas une dérive, mais une direction  assistée !
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6 commentaires:

Pynnaert Pierre a dit…

Dommage qu'à chaque article, vous invitiez les gens à lire le blog de Mr Jamart alors qu'içi, il n'y a aucun lien avec l'article.

Pour ce qui concerne cet article, j'ajouterai que nous assistons à la prédominance de la Flandre sur l'état fédéral. Nous assistons de plus en plus à la mise en adéquation des lois et des projets de lois fédéraux par rapport aux lois (décrets) et au projet flamands.
L'Etat Belgique n'est donc plus un état de droit mais de soumission à la Flandre. BHV en est un autre exemple où la loi flamande veut prédominer sur la loi fédérale de "pacification communautaire".
Constatation, sans plus.

Vanden Bloock Bernard a dit…

Monsieur Pynnaert votre message m'inspire deux réflexions.

Premièrement, il est assez naturel que les Flamands exercent une influence au niveau fédéral. On oublie facilement que les "francophones" parviennent eux aussi à influer le cours des choses. Le droit de vote des étrangers par exemple qui a été accepté malgré près de 70% d'opinions défavorables en Flandre et une majorité contre au sein de la représentation flamande.

Deuxièmement, rien ne "passe" au fédéral sans l'aval des partis francophones qui sont au gouvernement. Si un compromis a été trouvé entre la position de Milquet et celle du gouvernement flamand, c'est bien que Milquet (et les autres francophones au sein du gouvernement fédéral) en ont accepté le contenu.

Si ce compromis est inacceptable pour vous, ne serait-il pas plus logique d'en vouloir d'abord à vos représentants directs, plutôt qu'aux politiques flamands, pour qui vous ne pouvez voter et qui par conséquent n'ont pas de comptes à vous rendre?

Jean-Sébastien Jamart a dit…

Bernard Demonty du Soir est un ami, avec lequel j'ai fait mes études de droit à Liège. Il va finir par comprendre (sans doute a-t-il déjà compris mais ne peut pas encore le dire), question de patience ;-)

Tischbein a dit…

Muyters avec r !

Un administrateur a dit…

Merci, l'erreur de frappe est corrigée. On fait parfois de curieuses erreurs, comme d'écrire "Borgnet" au lieu de "Brognet" pour nommer le secrétaire général du RWF. Mais certaines erreurs ont parfois une signification inconsciente...

Jean-Sébastien Jamart a dit…

Laurent Brogniet en fait (et non gros niais comme certaines personnes mal intentionnées - que je réprouve - disent parfois)

Une chose est certaine, tout comme Blair était le caniche de Bush, Laurent Brogniet est le caniche de Paul-Henry Gendebien.

Dommage, il promettait pourtant. Il passe bien mieux sur les medias télévisuels que Gendebien. Décontracté, souriant, ayant réponse à tout. Personnellement, j'avais émis l'idée dès septembre qu'il soit président du parti avec Nathalie Tramasure, mais bon, le Chef a décidé et préfère un caniche fidèle à un jeune Président qu'il aurait adoubé.

Mais en fait, quelle est la vision politique de Laurent Brogniet ? Quelqu'un l'a-t-il déjà entendu présenter son point de vue propre ou se contente-t-il (comme on me le rapporte) à être toujours d'accord avec le Chef et à prendre note laborieusement de ses ordres en bon secrétaire loyal ?

Finalement, je me suis trompé sur Brogniet. Il manque totalement d'envergure et puis sa lettre m'enjoignant le 18/11 de quitter le parti pour 3 ans et de ne plus en parler, avec menace de chantage judiciaire à la clé. C'est le genre de lettre qui, en campagne électorale, se retrouvera dans les mains d'un journaliste, ce qui cassera une carrière politique, somme toute à peine balbutiante. On verra aux prochaines élections ce que la presse brabançonne pense de tout cela... Sans oublier la participation de Brogniet au "putsch" du 12/12. Vraiment, je me suis lourdement trompé sur Brogniet.