vendredi 4 décembre 2009

Munich ou Campofornio ?

M. Serges Moureaux, le frère (FDF) de Philippe (PS), publie aujourd'hui dans Le Soir une carte blanche intitulée : Accepter la scission de BHV sans élargir Bruxelles c'est se préparer à signer Munich ...(1) Pour l'ancien sénateur bruxellois, la Flandre "veut remettre en cause le compromis fédéral belge au détriment des francophones" et "scinder BHV est une étape incontournable vers cet objectif".
De quel compromis s'agit-il ? Du maintien, lors de la scission de la province de Brabant, des arrondissements électoraux et judiciaires de Bruxelles-Hal-Vilvorde, qui "constituent la garantie de droits fondamentaux pour les habitants de la périphérie . Ils tracent une exception au principe de l'homogénéité linguistique et politique (2) et assurent un pont entre la Wallonie, Bruxelles et les citoyens francophones qui y habitent".
C'est ce compromis que"la Flandre veut abattre"(...)pour "préparer le terrain d'un séparatisme ou d'un confédéralisme intolérable politiquement et économiquement pour les Wallons et les Bruxellois". Serges Moureaux croit que, conformément à "la volonté affichée par le Vlaams Belang et la N-VA", la Flandre ne souhaite pas, en réalité, un accord sur BHV, pour "mettre au débit des Wallons et des Bruxellois la chute éventuelle du gouvernement fédéral succédant à un coup de force parlementaire "(flamand).
Tout cela, aux yeux de M. Moureaux, compromet dangereusement "l'avenir de la Belgique", son "statut futur". Il ne semble pas envisager une seconde l'avenir de la Wallonie et de Bruxelles en dehors du cadre belge et c'est dans celui-ci que, pour lui, "l'union de la Wallonie et de Bruxelles constitue le gage de leur survie et de leur dignité", car la volonté de la Flandre est "d'annexer purement et simplement Bruxelles, avec le dessein final d'isoler la Wallonie"...
On connaît cette thèse que, curieusement, défendent également certains rattachistes wallons, sûrement convaincus et sincères, mais probablement plus anti-flamands qu'anti-belges et qui, malgré eux, raisonnent encore dans le cadre de la Belgique, au lieu de se propulser déjà, comme nous, dans le cadre de la patrie française retrouvée.
Observons également que les propos de M. Serges Moureaux sont aussi ambigus que ceux de M. Bart De Wever, à propos du séparatisme et du confédéralisme, qui sont quand même des statuts fort différents, même si, juridiquement, il faut d'abord se séparer pour se confédérer en concluant un traité "international". Le président honoraire du Parlement bruxellois est encore moins clair à ce sujet que le président de la N-VA...
C'est l'occasion de rappeler que le confédéralisme n'est pas nécessairement un danger pour les Wallons, que M. Moureaux associe un peu vite aux Bruxellois francophones dans l'intérêt de ceux-ci. Car enfin, qu'auraient à craindre les Wallons ? Un (vrai) confédéralisme - où la solidarité serait maintenue par un traité associant les Etats fédérés actuels - apporterait à la Wallonie autant d'indépendance et de compétences qu'à la Flandre. Et puisqu'on raisonne en termes d'étapes, le confédéralisme ne permettrait-il pas à la Wallonie, tant sur le plan des institutions que de la culture, de se rapprocher de plus en plus de la France, constituant ainsi une étape importante vers le rattachement politique ?
Accepter la scission de BHV - avec ou sans "compensations" - ne ferait pas, nous en convenons, l'affaire des francophones de l'arrondissement actuel - mais peut-être bien celle des Wallons, qui ne signeraient pas "des accords de Munich" mais prépareraient plutôt des accords dans le genre de ceux de Campofornio et de Lunéville (3).
(1) Allusion à l'accord conclu en 1938 avec Hitler par MM. Daladier, pour la France, et Chamberlain, pour la Grande-Bretagne, dans l'espoir d'éviter la seconde guerre mondiale.
(2) Le principe de l'homogénéité linguistique et politique de la Flandre et de la Wallonie avait été accepté par le Mouvement wallon unanime et n'a été remis en question qu'à l'initiative du FDF, dans le seul intérêt des francophones de Bruxelles et de la périphérie.
(3) C'est à Campofornio qu'a été signé, le 18 octobre 1797, le traîté entre la France, l'Autriche et la Prusse ratifiant la réunion à la République française des Pays-Bas autrichiens (la future Belgique). La France recevait également la rive gauche du Rhin, de l'Alsace à Coblence. Ce traîté fut confirmé, le 9 février 1801, par celui de Lunéville signé par les mêmes pays.

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18 commentaires:

Georges Lambert a dit…

Les questions de fond n'ont vraiment pas l'air d'intéresser grand'monde, contrairement aux questions personnelles ou aux critiques à l'égard d'un parti ou d'une organisation, qui suscitent beaucoup de commentaires, mais font aussi l'objet de condamnations...
Allez comprendre ! Les militants seraient-ils à ce point marqués par la "pensée unique"? C'est triste et bien peu conforme à l'esprit "débateur" des Français.

Anonyme a dit…

Certes Mr Lambert,d'ailleurs vous n'avez pas donné votre réponse de fond sur le sujet ci dessus aussi;
Moi ce que je vois c'est qu'aujourd'hui à Bruxelles 5000 syndicalistes W et F ont manifesté emsemble je crois? et 150 personnes contre..Berlusconi!.
A ma connaissance, je n'ai jamais eu connaissance au cours des dix dernieres années du moindre rassemblement(2 personnes et plus)à Bruxelles pour manifester pour Bruxelles libre,Wallonie et Bruxelles relié physiquement, Wallonie libre,etc etc
Le maximum physique exterieur est le RWF à Namur(100 personnes et plus) et en enceinte fermée(congrés=200-300 personnes).Voila.
Sur cette base , le mieux à faire pour vous tous est de continuer à distiller vos idées dans les partis, sur les sites des grands quotidiens,dans la vie societale et d'esperer un braquage flamand/F sur la discussion BHV .
Anecdotiquement,je constate que c'est à Bruxelles et peripherie que l'action si elle doit se passer se deroulera et pas en Wallonie,qui suit le mouvement.Dommage.
Thierry Vareilles

Jacques Horion a dit…

L'Histoire n'est pas intéressante, n'est-ce pas. C'est bon pour les "vieux"? Les nouveaux rattachistes n'ont pas besoin de savoir tout cela ! "On" pense pour eux...

Claude Thayse a dit…

Peu de commentaires... peut-être parce que ce billet n'en appelle pas !

Georges Lambert a dit…

@ Mr Vareille :

Depuis le début de ce blog, je pense et j'écris qu'il faut dissocier le combat des francophones de Bruxelles et de la périphérie bruxelloise, du combat des rattachistes wallons, parce que les objectifs sont différents. Donc, je suis d'accord avec le message. C'est une bonne analyse politique, objective et modérée, comme j'aimerais que le RWF, auquel je ne suis pas opposé, le fasse.

Georgette Davister a dit…

A Monsieur Claude Thayse.-

Voulez-vous dire par là, Monsieur Claude Thayse, non seulement que vous êtes d'accord, mais que ce billet doit aussi rencontrer l'assentiment général des réunionistes? En ce qui concerne également le confédéralisme ?

Vincent Bodart a dit…

Si l'action ne se déroule qu'en périphérie bruxelloise, comme le pense Monsieur Vareilles, à quoi peut-elle aboutir ? Peut être à une séparation avec la Flandre, mais pour faire quoi ensuite ? Ma grande crainte est que ce soit uniquement pour maintenir une petite Belgique miniature uniquement francophone, en conservant la monarchie et tous les symboles belges et pas du tout pour se réunir à la France.
Pour les rattachistes wallons, il n'y aura donc rien de changé, il n'y aura un mieux que pour les Bruxellois. Vous voyez bien que nous n'avons pas les mêmes intérêts qu'eux !

Anonyme a dit…

Mr Lambert,finalement nous sommes d'accord sur le fait que c'est à la peripherie de Bruxelles avec ce fameux dossier BHV,que les partis F fassent corps pour refuser tout accord de scission sans extension ou que les VL passent en force ,là peut resider le demarrage d'un évenement,processus de confederalisation =dislocation irremediable de "l'unité"belge.Par contre tout accord temporel mi chèvre mi chou,reportant de plusieurs années de futures discussions "definitives", ne ferait pas votre affaire du tout ,en ce sens que les Wallons(la population)elle ne revendique actuellement rien.
Thierry Vareilles

C. Thayse a dit…

@Georgette Davister : omment puis-je savoir ce qu pne le réunionistes ? Ils sont tous tellement différents.
Je sais ce aque je pense et je le dit.
Maintenant, chacun est libre d'interpréter mes propos à sa manière. Je ne peux rien y faire.

Anonyme a dit…

Mr Lambert, la fameuse petite Belgique modèle (trés) réduit F ne tiendrait pas longtemps en tant qu'unité independante accolée à la France,c'est ma certitude...c'est bien pour cela que vos politiciens s'accrochent si fort à l'unité belge,ils le savent très bien
Donc il faudrait arriver à les forçer et c'est en ce sens que cette affaire BHV est cruciale car pouvant peut être amener l'element declencheur.Sinon on est reparti pour 10 ans encore!
Thierry Vareilles

A. Schreurs a dit…

@ Mr Vareilles :
C'est pourtant la thèse que défend le FDF comme position de repli : Un Etat Wallonie-Bruxelles. Pourquoi vouloir absolument une continuité territoriale avec la Wallonie, un "couloir" à travers la forêt de Soignes, si ce n'est dans cette perspective ? Même encerclée par la Flandre, Bruxeles ne sera jamais flamandisée. On ne peut dénaturer ainsi une grande ville - qui est en plus la capitale de l'Europe - où la francophonie est si fortement implantée. En outre - et en raison, précisément, de son caractère européen - les principaux Etats de l'UE auront leur mot à dire, et la France, en particulier, ne laissera jamais Bruxelles échapper à toute influence française. Toutes proportions gardées, puisqu'on parle de "couloir" à travers Rhodes-Saint-Genèse, le caractère allemand de la ville de Dantzig n'était pas menacé par les Polonais. La revendication du "couloir de Dantzig" ne fut qu'un prétexte d'Hitler pour déclencher les hostilités avec la Pologne.

Stéphane Dohet a dit…

Une Confédération belgique serait une étape transitoire vers l'indépendance totale ou le rattachement de la Wallonie à la France. C'est donc une option intéressante. Ne garder de la Belgique que l'essentiel (sécurité sociale par exemple) et virer le superflu (monarchie, compétences fédérales, communautés...).

Pourquoi pas non plus imaginer que la Wallonie, après une période d'observation du fonctionnement de cette confédération, puisse choisir de dénoncer le traité, et d'instaurer alors une confédération avec... la France ? En tant qu'indépendantiste wallon, cette dernière option me plairait mieux que la situation actuelle.

mars2000 a dit…

La stratégie d'Olivier Maingain est encore plus opaque que celle de Bart De Wever.

Ce dernier feint de vouloir actuellement le confédéralisme, mais le but de la N-VA est officiellement une Flandre indépendante : "een onafhankelijk Vlaanderen, lidstaat van een democratisch Europa". Exactement le même but que le Vlaams Belang, sauf que ce dernier envisage aussi la réunion Flandre-Pays-Bas. En réalité, de même que BDW est en train de prouver l'inefficacité du fédéralisme belge, il fera de même pour le confédéralisme à la sauce CD&V.

Le problème, c'est que tout le monde fait semblant de faire croire qu'un accord négocié serait possible alors qu'en réalité, tout le monde sait que ce n'est pas possible.

Pourquoi ce jeu de faux semblant ? Tout simplement, parce que chacun veut faire porter la responsabilité de la crise de régime sur l'autre : les Flamands sur les Francophones (et réciproquement), le MR-FDF sur les autres partis francophones (et réciproquement), les Flamands dits "modérés" sur les Flamands nationalistes (et réciproquement).

Bien sûr que BHV sera scindé unilatéralement et que l'Europe (principalement la France, les Pays-Bas, l'Angleterre et l'Allemagne) devra intervenir quand la crise de régime sera totale : scission de BHV votée mais non promulguée vu refus des ministres francophones de signer, révolte flamande aboutissant à la proclamation d'indépendance, nécessité d'une intervention extérieure pour régler le problème de Bruxelles et encourager la solution du double rattachement (Flandre- Pays-Bas et France-Bruxelles-Wallonie).

C'est en prévision de ce chaos que HVR a été propulsé au perchoir européen, compte tenu de ses aspirations orangistes. BDW le sait parfaitement, tout le reste n'est que gesticulations inutiles, et c'est là que l'on verra le fossé de différence entre le CD&V qui lorgne vers les Pays-Bas et la N-VA qui souhaite une Flandre indépendante.

Quant à Olivier Maingain, il est le seul à avoir annoncé clairement la couleur : en cas d'échec de ces "ultimes" négociations et si la Flandre franchit le Rubicon (proclamer son indépendance en perdant Bruxelles), il défend avec force l'ensemble Wallonie + Bruxelles. Au-delà de cette étape, bien malin qui pourrait deviner les intentions de Maingain.

La création de sections FDF en Wallonie peut être le moyen d'unir les Wallons autour d'un programme de centre-gauche alternatif à l'incompétence PS-CDH-Ecolo. Si Maingain est malin, il acceptera demain, une fois la Flandre hors jeu, ce que par stratégie, il ne peut envisager aujourd'hui, à savoir la régionalisation des matières culturelles et personnalisables. Du même coup, Bruxelles sera une région à part entière et non une région partiellement sous le contrôle de la Flandre et de la Wallonie (via la CF).

C'est dans ce cadre que la proposition Ducarme d'association à la France et débarrassée de certains aspects incompatibles avec un Etat Républicain (comme la monarchie) pourra servir d'utile construction pour élargir la France à 2 régions disposant d'un statut particulier, selon le schéma associatif de Jacques Lenain, approfondi par les Etats Généraux (et refusé par PHG).

Pynnaert Pierre a dit…

j'espère que Mars 2000 a lu attentivement "Lenain". il est vrai que dans son exposé, pas nécessairement faux, Benoit fait un rapprochement entre la théorie "ducarme" et celle de "lenain" qui pour moi, sont les mêmes, à part le roi.
Mais ce statut trop particulier ne pourra qu'amener les wallons déforcés à vie par rapport à la france, aux régions françaises et à l'Europe. Pour comprendre cela, lisez "lenain" à fond, vous comprendrez .

mars2000 a dit…

Nulle part dans sa longue analyse, Monsieur Lenain ne dit que sa proposition d'union-intégration est à prendre telle quelle. de plus, il laisse à de nombreux endroits la place pour une évolution ultérieure.

En présentant les 3 options à 100 % (sans mélange partiel), son analyse a le grand avantage de mettre en évidence les aspects positifs et négatifs de chaque option.

Elle ne préjuge pas de l'option politique qui, stratégiquement, notamment pour rassembler autour d'elle un maximum de personnes, aussi bien en France qu'en Wallonie et à Bruxelles, devra nécessairement être un mélange intelligent d'intégration et d'assimilation.


Ce que le RWF ne veut pas comprendre, c'est qu'il est impossible du jour au lendemain d'oublier les acquis de 40 ans de régionalisation et de 180 ans de droit belge (droit pénal, droit social, etc ...).

Dans la négociation future avec la France, il faudra notamment discuter du statut original (avec x % d'assimilation et y % d'intégration) et des étapes ultérieures pour arriver progressivement à une part plus importante d'assimilation.

Au passage, dans ce processus, il y aura certainement des choses que Bruxelles et la Wallonie pourront apporter dans l'évolution du droit français et de la régionalisation en France.

Pourquoi le RWF refuse-t-il de lire objectivement la proposition Lenain ? Ah, c'est bien plus facile de dénigrer sans aucune argumentation !

Benoît Delvaux

Pynnaert Pierre a dit…

"Ah, c'est bien plus facile de dénigrer sans aucune argumentation !" :
encore un procès d'intention

Les "lenainistes" opposants du RWF ont bien pris l'option que la théorie "lenain" est celle, indigeste, de l'union intégration par opposition à l'union assimilation du rwf, quoique le RWF envisage sûrement des statuts particuliers (vu l'histoire trop séparé ..., vu l'existence de statuts régionaux particuliers et distincts entre chaque régions françaises, parfois plus poussés que le statut actuel de la RW).
Alors qu'on arrête de dire que le RWF n'a pas d'arguments !!
C'est de la malhonnêteté intellectuelle !
Le combat de certains rattachistes ne se résume plus qu'à un combat contre le RWF; belle stratégie !

Jules Rulot a dit…

C'est un fait que M. Pynnaert ne présente jamais d'arguments, seulement des affirmations gratuites. La direction du RWF n'a même pas répondu à la lettre de M. Lenain et a refusé tout débat à ce sujet. Si, par son comportement anti-démocratique, son refus du débat, son mépris des militants, son obstination dans une mauvaise stratégie,le RWF FAIT DU TORT A LA CAUSE RATTACHISTE, effectivement,il faut combattre sa direction actuelle et, si on ne peut rénover le parti, faire autre chose. C'est aussi simple que cela et les zélateurs béats du Chef des-servent aussi notre cause, même s'ils sont sincères, à défaut d'être lucides.

mars2000 a dit…

La façon de réagir de Pierre Pynnaert est symptomatique de la façon dont le débat démocratique est conçu au RWF. De mon intervention relativement longue, il n'a retenu que la seule phrase qui l'a énervé et que j'avais volontairement placée en fin de texte.

Autrement dit, il est tombé dans le piège que j'avais tendu et confirme ainsi que la discussion sur le fond (à savoir toutes les phrases qui précèdent) ne l'intéresse absolument pas.

Il confond argumentation et conviction aveugle. Ce n'est pas parce que le "Guide Suprême" méprise Monsieur Lenain que ce Guide a nécessairement raison.
Errare humanum est, perseverare diabolicum.

Benoît Delvaux