La Libre de ce mardi revient sur le "carton d'invitation à une réception flamando-batave de (New-York) qui a cumulé les exploits de rayer la Belgique de la carte, de rattacher la Wallonie à la France et de localiser Bruxelles à hauteur d'Anvers".
Le quotidien nous apprend que cette affaire a été évoquée hier en commission du Parlement wallon. Le ministre-président wallo/francophone, M. Rudy Demotte a réagi - qui s'en étonnera ? - en "bon belge", à défaut d'être un Wallon lucide et déterminé : "Cette représentation imaginaire pose problème(...) parce que la Flandre se permet de disposer des entités homologues (Bruxelles et la Wallonie) et de les "instrumentaliser" à sa guise". Et puis, enchaîne-t-il, "ce "lapsus" n'est pas isolé d'autres faits qui convergent. A force de se référer régulièrement à l'indépendance de la Flandre, le discours nationaliste flamand trace tout un imaginaire collectif (...) Et d'évoquer la "défiance réciproque qui pollue le climat intrabelge", ainsi que "la loyauté fédérale souvent mise à rude épreuve par la Flandre". Pauvre M. Demotte, qui en est encore à ce simple constat !
Situer Bruxelles au centre de la Flandre est évidemment aussi ridicule qu'inacceptable et il est légitime que les Bruxellois francophones protestent vigoureusement contre cette "erreur" grossière. Par contre, situer la Wallonie en France n'a rien d'imaginaire, ni de critiquable. Ce n'est ni un lapsus, ni une perle, mais une prémonition, une vision d"avenir, quand on sait que la moitié des Wallons sont pour cette solution en cas d'éclatement de la Belgique ! Disons que l'Office du tourisme flamand de New-York anticipe seulement sur les faits.
La "sortie" de M. Rudy Demotte, qui voit dans cette carte la concrétisation du discours nationaliste flamand estimant que "la Wallonie (est) incapable de se prendre en main", nous fait sourire, car sa fausse indignation ne peut masquer le fait que, loin de se prendre en main, la Wallonie, dans le cadre fédéral belge, ne maintient son niveau de vie que grâce aux transferts financiers du Nord au Sud, ce que les socialistes et les humanistes appellent pudiquement la "solidarité nationale" ou, plus hypocritement encore, la "solidarité interpersonnelle" ! Comme l'a honnêtement exposé M. Di Rupo à Liège il y a deux ans, lors d'un débat organisé à l'Université, "vous devez savoir qu'en cas d'indépendance, le niveau de vie des Wallons baisserait immédiatement de 15 à 20%", alors soyez prêts à retrousser vos manches"...
Le ministre-président est-il vraiment justifié à jouer les effarouchés, les indignés, voire à "trépigner de colère" comme le présente le caricaturiste de La Libre ? Tant qu'à devoir bénéficier d'une aide - ne serait-ce que provisoirement - et d'une solidarité interrégionale, ne serait-il pas plus digne et plus normal que celles-ci proviennent de régions-soeurs de France, plutôt que d'une Flandre "nationaliste et déloyale", comme dit M. Demotte ?
Par ailleurs, le fait que les séparatistes flamands ( le ministre flamand du tourisme, M. Geert Bourgeois, est N-VA) voient notre avenir en France n'indique t-il pas, une fois de plus, que, contrairement aux flamingants impérialistes du CD&V, ils ne veulent nullement coloniser ou vassaliser la Wallonie, mais sont, pour les rattachistes wallons, des "alliés objectifs"?
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1 commentaire:
Ce fameux carton d’invitation de la Flanders House qui fait grand bruit dans la presse, nous prouve à présent que les indépendantistes flamands, par exemple ceux de la N-VA, ne s'offusquent guère d'envisager l'avenir de la Wallonie en France. Contrairement à ce que l'on aurait pu légitimement croire, ils n'en font pas du tout un problème. Ainsi, il est limpide de constater qu'ils sont non seulement nos alliés objectifs sur le plan théorique mais aussi sur le plan pratique dans la mesure où il est possible de prendre langue avec eux d'une manière paisible et sereine. Youppie ! Quel beau carton d’invitation pour les rattachistes de la Wallonie à la France !
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