jeudi 26 août 2010

Revoici BHV...et le climat de 2007 ?

Les négociateurs de la "réforme de l'Etat" avaient laissé pour la fin l'examen du dossier qui fâche le plus, celui de BHV. Ils avaient tenté de défricher d'abord tous les autres dossiers en espérant, surtout les francophones, que les (mini) accords engrangés - et donc les concessions faites aux partis flamands - rendraient ceux-ci plus souples pour aborder la problématique de BHV, autrement di, la scission de l'arrondissement exigée depuis le début par la Flandre. C'était la "méthode Di Rupo".
Mais ce calcul, apparemment, ne semble pas avoir été payant. En effet, les partis flamands campent sur leurs positions et ne veulent pas entendre parler d'un élargissement de Bruxelles, sous quelque forme que ce soit, en contrepartie de la scission. "En dehors des six communes, c'est rien !", affirment-ils. "Ce qu'ils proposent est tout simplement honteux", martèle un négociateur francophone, tandis qu'un Flamand affirme :"Tout ceci ressemble à ce qui s'est passé en 2007 durant l'Orange bleue". D'où le titre de La Libre d'aujourd'hui : "On s'enfonce dans le marécage".
Francis Van de Woestyne, dans son éditorial, estime que "les options sur BHV paraîssent une fois encore inconciliables". Il écrit curieusement que "l'homogénéité linguistique [ethnique, en réalité, c'est bien plus que linguistique, ndlr] va à contresens de l'Histoire", alors que c'est exactement le contraire : toute l'évolution du Mouvement flamand depuis ses débuts va dans le sens de cette homogénéité. Avec cette conclusion intéressante : "Oui, il faut sauver ce pays. On peut accepter beaucoup de choses pour qu'il tienne debout. Mais pas que les francophones sortent de ces négociations appauvris et privés d'une partie de leurs droits".
A-t-on observé que, lors de toutes ces négociations, on ne parle jamais des Wallons, comme s'il n'y avait dans ce pays que des Flamands et des francophones ? Or, tant  en ce qui concerne les affiliés que les dirigeants des partis "francophones", les Wallons en constituent la grande majorité. Dès lors, une question se pose : comment Bruxelles et les Bruxellois ont-ils pris une  importance telle que les Wallons ont pratiquement abdiqué leur personnalité et leur identité ? Le phénomène, que nous avions déjà dénoncé à propos de la Communauté "française", se produit également dans les négociations actuelles, alors cependant qu'on discerne le renouveau d'un courant régionaliste au PS, en passe de devenir dominant...
Dans les années '60, les dirigeants du Mouvement wallon, pour la plupart socialistes ou libéraux progressistes, partageaient avec les fédéralistes du Mouvement flamand renaissant l'opinion qu'il fallait "fixer rapidement la frontière linguistique et les limites de l'agglomération bruxelloise, de manière à mettre un terme à l'accroissement monstrueux de la capitale au détriment des intérêts wallons et flamands (1)". Si le problème de BHV s'était posé à l'époque, nul doute que les partis wallons et flamands seraient vite tombés d'accord...
Aujourd'hui, seule la scission de la Belgique permettra aux Wallons de retrouver, avec leur identité, la dignité et la conscience de constituer un peuple, un peuple dont le destin va depuis toujours "dans le sens de l'Histoire" : s'unir au peuple frère français et s'épanouir dans la France retrouvée. 

(1) Voir l'Encyclopédie du Mouvement wallon, tome III, p. 1648.

Faites part de vos obsevations en postant des commentaires.

16 commentaires:

francophonedebruxelles a dit…

Peut-etre que les negociateurs ne parlent pas de la Wallonie dans le contexte de BHV parce que Bruxelles et ses habitants sont les premiers concernes? Ne pensez-vous pas que c'est aux Bruxellois de decider ce qu'ils veulent pour leur Region?

mars2000 a dit…

Vers la révolution :

Le Parlement flamand hors de Bruxelles
La VRT hors de Bruxelles
Démolition au TNT de tous les bâtiments flamands situés à Bruxelles
Fin de la représentation exagérée flamande à Bruxelles
Fin des échevins flamands obligatoires ou "conseillés"
Fin de la parité FR-FL au gouvernement bruxellois
Extension de Bruxelles aux 6 communes
Nomination des 3 bourgmestres
Constitution d'une Fédération Wallonie-Bruxelles
Adossement à la France en s'inspirant de la proposition de Daniel Ducarme (*)
Réorientation de toutes nos stratégies commerciales et industrielles vers la France

et que la Flandre reste seule dans son coin !

(*) N.B. Formulation diplomatique à l'intention non des habitués de ce blog, mais de ceux qui découvrent seulement maintenant l'impossibilité de maintenir, même sous perfusion, la Belgique ; l'adossement peut conduire à la réunion bien entendu, après une période transitoire.

Stéphane Dohet a dit…

Même hors BHV, la Wallonie semble la grande absente des négociations.

Michel Laroy a dit…

@ Mars (le guerrier !):
"l'adossement"... Un mot, un concept qui fait son chemin... (Mais qui donc en a parlé le premier ?)
On ne peut que se réjouir de lire qu'il est aussi maintenant repris sous la plume (enfin, le clavier plutôt) de "bruxellissimes francophones".
Ceci dit, d'accord évidemment pour que Bruxelles prenne enfin ses responsabilités ! Il est temps ! Mais où sont les défenseurs de Bruxelles ? Et de Bruxelles uniquement. Ceux qui ne veulent pas entraîner les Wallons (qualifiés de "francophones") dans leurs délires de Belgique continuée.

Philippe Rasquin a dit…

Vous avez raison Mr Dohet. BHV et Bruxelles ne sont qu'un point des négociations. Bien plus important pour les Wallons est le transfert des nouvelles compétences aux Régions et leur responsabilisation financière.
Les Bruxellois se croient le centre du monde et la fameuse solidarité francophone ne joue jamais qu'à sens unique.
Sans doute est-il normal que les Bruxellois décident eux-mêmes pour leur Région, mais c'est vrai aussi pour la Wallonie, dont on parle très peu. C'est une grave erreur de lier les deux problèmes et les deux combats. Combien de fois le Mouvement wallon n'a-t-il pas affirmé que "le règlement de la question bruxelloise ne peut, en aucune manière, compromettre la libération de la Wallonie" ?
Quant à la partie flamande de BHV, elle fait partie de la Flandre et celle-ci a aussi le droit de décider elle-même pour cette partie de son territoire; cela ne nous concerne pas, nous Wallons.

Serge Wauthiez a dit…

@ Mars 2000 :
Méditez ceci : Asinus asinum fricat

Jacques Demoulin a dit…

Que les Bruxellois choisissent eux-mêmes leur destin, c'est très bien, mais qu'ils veuillent élargir Bruxelles en amputant des territoires flamands ou wallons, rien ne va plus ! Les Wallons, comme les Flamands ont le droit d'être maîtres chez eux.
Les "francophones de Flandre", qu'ils s'agisse d'anciens "fransquillons" flamands ou d'immigrés bruxellois doivent respecter la langue et les coutumes de la population où ils vivent, comme ils le feraient en Hollande ou en Autriche. Les Wallons n'ont rien à voir la dedans.

Anonyme a dit…

Mars 2000, le projet Ducarme de "Belgique française" n'est nullement une proposition d'adossement à la France d'un Etat Wallonie-Bruxelles. C'est une proposition d'intégration complète, avec citoyenneté française, pouvoir législatif français, sécurité sociale française, etc, le tout défini par une loi organique votée par le Parlement français. Je vous invite à lire ce projet de loi "française". Mais D Ducarme, pour séduire, a trompé son monde en prévoyant une "Collectivité publique française" réunissant la Wallonie et Bruxelles, et la coiffe d'un Roi...Doublement absurde (pour un législateur français tout du moins). Assez curieusement, ce projet se moque totalement de l'autonomie "réelle" de la Wallonie et de Bruxelles...mais veille scrupuleusement à maintenir "dans la République" (et non à son côté)une mini-Belgique monarchique. Dommage qu'une bonne démarche ait été ainsi saccagée par son auteur. J. Lenain.

Kevin Decamp a dit…

N’en avez-vous pas encore assez des vuvuzelas de quelques ultras de la frankeupheunie bruxelloise qui viennent déposer ici leur hargne en niant aux Wallons le droit à la différence ?

Anonyme a dit…

Il me semble que, à ce stade des négociations, la Wallonie a engrangé toutes les compétences fédérales que les Partis "francophones", sous la contrainte, étaient prêts à accepter, sauf celle dont les dirigeants "francophones" (Wallons et/ou Bruxellois, peu importe) ne veulent à aucun prix, la responsabilité financière (fiscalité, sécurité sociale). Sur ce point, un pseudo-compromis aurait été arrêté. Maintenant, il reste bien nécessaire de discuter maintenant de Bruxelles, sujet par quoi toute a commencé et par lequel tout finira, sujet qui regarde absolument tout le monde, mais les Bruxellois au premier chef. J. Lenain.

Michel Thiry a dit…

Pour ceux qui ne comprennent pas encore l'intérêt d'un accroissment de compétences pour la Wallonie, je les renverrais à cette interview de Robert Collignon :
http://www.dhnet.be/infos/belgique/article/319180/plutot-que-le-senat-supprimons-la-chambre.html

Extraits :
La N-VA va occuper des postes fédéraux pour faire avancer l’autonomie de la Flandre (...)Si cela va dans le sens de plus d’autonomie wallonne, c’est une bonne chose !

Si la séparation de la Belgique intervenait un jour, la Wallonie n’aurait d’autre choix que de se tourner vers la France, avec les valeurs républicaines… Sans compter que nous partageons la même culture

Le but de la plupart des gens est le maintien de la Belgique, envers et contre tout. Ce n’est pas mon cas : tout mon intérêt se porte vers la Wallonie.

Pynnaert a dit…

"La N-VA va occuper des postes fédéraux pour faire avancer l’autonomie de la Flandre (...)Si cela va dans le sens de plus d’autonomie wallonne, c’est une bonne chose !"
Quitte à en crever, n'est ce pas ?
Le problème sera l'interprètation différente des textes eux même et aussi la croyance en la fidélité de la Flandre par rapport aux bétonnages toujours floués des droits des francos

Anonyme a dit…

On croit comprendre que M. Collignon, à sa manière, fait parti des "réunionistes étapistes". Oui, un jour, mais pas maintenant. Il accepte une étape confédérale, mais ne souhaite pas en rester là, et donc renvoie pour un tout autre jour l'Union avec la France (quand, comment, mystère), considérant que la Wallonie indépendante n'est ni une idée sensée, ni une entité viable. Il se distingue donc à cet égard d'une autre catégorie "d'étapistes", ceux qui prévoit, après l'étape confédérale, une seconde étape, indépendantiste celle-là. A partir de là, plusieurs courants se distinguent, notamment quand au rôle éventuel de la France. Le plus baroque est le courant de ceux pour qui ce but principal étant atteint, un "adossement" à la France ferait "sympa", "du moment que ça n'engage à rien". Leur esprit délié leur fait même penser qu'un tel "adossement" pourrait se faire dès l'étape confédérale. Ils prévoient même un multi-adossement, avec tous les voisins de la Wallonie, sans préférence particulière, l'essentiel étant la liberté de choisir (donc peut-être la France, ou pas, Bruxelles, ou pas, la Flandre, ou pas, etc...). Très fort. Simplement, quelques naïfs se demandent pourquoi ceux-là s'appellent encore "rattachistes". J.Lenain.

Anonyme a dit…

On croit comprendre que M. Collignon, à sa manière, fait parti des "réunionistes étapistes". Oui, un jour, mais pas maintenant. Il accepte une étape confédérale, mais ne souhaite pas en rester là, et donc renvoie pour un tout autre jour l'Union avec la France (quand, comment, mystère), considérant que la Wallonie indépendante n'est ni une idée sensée, ni une entité viable. Il se distingue donc à cet égard d'une autre catégorie "d'étapistes", ceux qui prévoit, après l'étape confédérale, une seconde étape, indépendantiste celle-là. A partir de là, plusieurs courants se distinguent, notamment quand au rôle éventuel de la France. Le plus baroque est le courant de ceux pour qui ce but principal étant atteint, un "adossement" à la France ferait "sympa", "du moment que ça n'engage à rien". Leur esprit délié leur fait même penser qu'un tel "adossement" pourrait se faire dès l'étape confédérale. Ils prévoient même un multi-adossement, avec tous les voisins de la Wallonie, sans préférence particulière, l'essentiel étant la liberté de choisir (donc peut-être la France, ou pas, Bruxelles, ou pas, la Flandre, ou pas, etc...). Très fort. Simplement, quelques naïfs se demandent pourquoi ceux-là s'appellent encore "rattachistes". J.Lenain.

mars2000 a dit…

Merci pour la précision fort utile de Jacques Lenain. La notion de "Collectivité publique française" est en effet source de confusion, mais peut servir de référence à la constitution de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Je suis d'accord qu'il faut supprimer la présence d'un Roi si l'on envisage cette Fédération comme étape vers la réunion à la France.

Yves Pierlot a dit…

Je viens de lire les réactions à propos d'une équipe de football 100% flamande. Toutes les fédérations sportives sont scindées, je parle en connaissance de cause ayant été secrétaire général de l'Association francophone d'Aïkido et du Belgian Aïkikaï puisque tant les fédérations internationales que le C.O.I.B. ne reconnaissent qu'un mouvement par pays. Seuls ne sont pas scindés les deux professionnels restants soit la blogosphère et le cyclisme. Même le tennis l'est. Je ne vois pas où est le problème si ce n'est que l'immense majorité "silencieuse" des belgicains n'en veut pas et puis ce serait bien de faire partie du championnat de France. Pour la petite histoire, je n'aime pas le foot.