Une fois de plus, Bruxelles est le noeud du problème !
"Sécu, justice, emploi, formation : tout bloque sur Bruxelles, titrait à la Une Le Soir d'hier. Tout bloque sur Bruxelles, ou Bruxelles bloque tout ?
On assiste, à cet égard, à un curieux retournement politique de la part des partis "francophones". Alors que ceux-ci ont toujours défendu la primauté de la Communauté "française" sur les Régions wallonne et bruxelloise, confortant ainsi la thèse flamande communautariste et gommant en quelque sorte les identités wallonne et bruxelloise, les partis francophones, PS en tête, défendent vigoureusement, dans le cadre des négociations en cours pour une réforme radicale de l'Etat belge, le transferts des nouvelles compétences du Fédéral vers les Régions et non les Communautés.
Il semble y avoir, en tout cas au PS, un regain de l'idée régionaliste, peut-être sous la pression de la FGTB wallonne(1), mais aussi chez les francophones bruxellois une grande crainte que la Flandre n'utilise ses nouvelles compétences pour reconquérir Bruxelles, ancienne ville flamande progressivement francisée. Dans Le Soir d'aujourd'hui, la rédactrice en chef Béatrice Delvaux, sous le titre "Bruxelles n est pas à vendre", stigmatise les exigences flamandes concernant le statut de Bruxelles, car il en résulterait-"une sorte d'annexion en douce qui rendra a terme possible l'indépendance de la Flandre". Et d'ajouter : "Si l'objectif réel des Flamands est l'indépendance du pays [la Flandre] via l'annexion de Bruxelles, il faut le dire clairement et ouvrir la négociation franche et directe de la scission du pays [la Belgique]"...Voilà, qui rejoint le point de vue de Jules Gheude, que nous évoquons dans le billet précédent.
Ayant toujours été "régionalistes" et non "communautaristes", nous ne pouvons, dans ce cas, qu'approuver la (nouvelle) position des partis wallons/francophones qui refusent la communautarisation de la sécurité sociale, de la justice,de la fiscalité, etc. Ces matières doivent être régionalisées et non communautarisées et Bruxelles doit être une Région à part entièrre. Notre position est tout-à-fait logique, puisque nous avons toujours considéré que Bruxelles et la Wallonie sont deux régions distinctes, différant par le milieu culturel, l'histoire, le folklore et les intérêts socio-économiques.
Dans un bel effort d'objectivité, la rédaction du Soir reconnait d'ailleurs, sous la plume de Michelle Lamensch, que "Bruxelles a vu sa population fortement évoluer depuis l'indépendance du pays en 1830, passant de majoritairement flamande à très majoritairtement francophone" confirmant ainsi les travaux de J.M. Remouchamps sur "La francisation de Bruxelles"(2). Alors, "Francophone ? Flamande ? Multiculturelle, Bruxelles ?"(...) Depuis l'Exposition universelle de 1958, "Bruxelles se retrouve au centre de nos conflits(...) "A la fois ciment puissant de l'unité belge, à côté des institutions internationales, et source d'ouragans, Bruxelles est le cauchemar des unitaristes et des séparatistes". Cette dernière observation, que rapporte Michelle Lamensch, est de l'historien Vincent Dujardin, de l'UCL. On ne saurait mieux dire !Il serait intéressant de savoir comment et par qui Bruxelles a été francisée : par des Wallons ? Par des Flamands francophones ( ceux qu'on appelait les "fransquillons"), ou par des Bruxellois néerlandophones eux-mêmes ? L'ancien président du Sénat, M. Armand de Decker, se qualifie lui-même de "Flamand francisé"...
En attendant, le problème de Bruxelles fait un peu penser, en moins grave, à celui de Sarajevo ou à celui du conflit israélo-palestinien. Dans les deux cas, chacun des deux peuples en présence peut invoquer l'histoire pour légitimer ses revendications : par exemple, le Kosovo, bien qu'albanophone et musulman, a été le berceau de la Serbie. Quant à la Palestine, elle a bien été la terre des Israélites avant la diaspora, mais est devenue celle des Palestiniens musulmans jusqu'au protectorat briannique puis la reconnaissance internationale de l'Etat d'Israëel...
Ce qui paraît évident, c'est que, sans le problème de Bruxelles, la scission de la Belgique aurait déjà eu lieu à l'amiable, comme ce fut le cas de la Tchécoslovaquie qui, contrairement à nous, n'avait pas une capitale au centre du pays à cheval sur une frontière, mais deux capitales : Prague et Bratislava... C'est la raison pour laquelle nous insistons tellement pour que le destin des deux régions - Bruxelles et la Wallonie - ne soient pas confondus, mais au contraire découplés, étant entendu que les Bruxellois ont le droit de décider eux-même de leur avenir institutionnel.
(1)Lors de son dernier congrès, réuni à Namur le 12 mai 2010, la FGTB wallonne, présidée par Thierry Bodson, a voté, à l'unanimité des 700 délégués présents, une motion réclamant le transfert des compétences communautaires vers les Régions : "enseignement, médias, culture ou recherche". La FGTB wallonne veut "tout rapatrier" en Wallonie.
(2) J.M. Remouchamps, La francisation de Bruxelles (au cours d'un demi-siècle, de 1880 à 1930), avec cartes et diagrammes, Bruxelles, 1937, éditions de la Défense wallonne.
(1)Lors de son dernier congrès, réuni à Namur le 12 mai 2010, la FGTB wallonne, présidée par Thierry Bodson, a voté, à l'unanimité des 700 délégués présents, une motion réclamant le transfert des compétences communautaires vers les Régions : "enseignement, médias, culture ou recherche". La FGTB wallonne veut "tout rapatrier" en Wallonie.
(2) J.M. Remouchamps, La francisation de Bruxelles (au cours d'un demi-siècle, de 1880 à 1930), avec cartes et diagrammes, Bruxelles, 1937, éditions de la Défense wallonne.
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3 commentaires:
Mais il faudrait pour cela que Bruxelles ne soit plus la capitale de la Flandre ni celle de la Communauté dite française de Belgique. Chez les Wallons, c'est déjà fait avec Namur. Mais de l'autre côté, c'est et ce sera bagarre entre Antwerpen et Gent. Si l'optique régionaliste triomphe, ce problème se posera non en Wallonie mais chez les deux autres. Quid des Germanophones: Eupen ou Sankt-Vith? Nous ne sommes pas sortis de l'auberge!
Puisque nous savons tous que la réalisation de la séparation Flandre/wallonie dépend quasi-entièrement du sort de Bruxelles, donc en partie des Bruxellois eux-mêmes, il est logique d'attendre des Wallons séparatistes, attentifs à cheminer conjointement avec les Flamands nationalistes, qu'ils prennent aussi en compte les intérêts de Bruxelles dans un futur cadre post-belge, afin que cet avenir post-belge devienne progressivement acceptable pour les Bruxellois (autonomie institutionnelle, autonomie territoriale, autonomie financière...). Alors que jouer exclusivement la Flandre contre Bruxelles peut contribuer à prolonger la vie de la Belgique fédéralisée puis confédéralisée, instrument unique, majeur et toujours irremplaçable de contrôle, indirect mais effectif, de Bruxelles par la Flandre. Sauf à croire que les Bruxellois pourraient se laisser passivement
annexer par les Flamands(et aux conditions de ces derniers, avec l'assentiment voire l'aide de leurs alliés de circonstance), ce qui rendrait la dislocation espérée du Royaume enfin possible... J.LENAIN
Intéressante la dernière réaction du bloggeur néophyte. Après avoir critiqué les positions laïques anti-islamistes, il parle de racisme alors qu'il supporte certains édiles appliquant ce principe. C'est comme dans le reste, habituel. En français, cela s'appelle une girouette.
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