L'éminent professeur liégeois de droit public François Perin (87 ans) est un monument du fédéralisme wallon et un rattachiste dans l'âme, écrit Han Renard, qui vient de l' interviewer pour l'hebdomadaire flamand Knack (1): Sa vie, longue et bien remplie - Perin fut fondateur de plusieurs partis politiques, député, ministre et sénateur - coïncide avec une part captivante de notre histoire nationale.
Jules Gheude a traduit l'interview, dont nous donnons quelques extraits significatifs.
La Belgique est incurablement malade, dit François Perin. Ce mal a nom nationalisme flamand. Depuis qu'il a fixé définitivement son espoir sur Paris, Perin pense que seuls la suppression de la Belgique dominée par la Flandre et le rattachement de la Wallonie, et éventuellement aussi de Bruxelles, à la France pourront délivrer les francophones de leurs maux...Perin explique : La Flandre est devenue un Etat à l'intérieur de l'Etat. Le fédéralisme a échoué parce que seule la Flandre a su se développer, grâce au fédéralisme, en une sorte de nation, avec une langue, une culture, un territoire comme point de départ. En Wallonie, on ne trouve rien de semblable...Le Mouvement populaire wallon d'André Renard était dépourvu de tout sentiment nationaliste, la création d'une Région wallonne n'étant prônée que pour pouvoir y réaliser une économie planifiée, taillée sur le modèle socialiste, impossible a obtenir en Belgique en raison de la suprématie numérique des Flamands majoritairement catholiques.
Au sein du Rassemblement Wallon, certains avaient déjà en vue le rattachement à la France(...) et ce n'est plus aujourd'hui un secret que Jean Gol, à la fin de sa vie, était aussi devenu rattachiste au plus profond de lui-même.
François Perin ne s'engagera vraisemblablement plus. Pourtant, l'idée rattachiste gagne incontestablement du terrain en Wallonie. Cela n'a pas encore abouti à des glissements au niveau des partis politiques. La liste Rassemblement Wallonie-France de Paul-Henry Gendebien n'a même pas obtenu 2% aux élections communales de 2006. Et François Perin, qui était âgé à l'époque de 85 ans et avait soutenu la liste de son ancien adversaire, ne récolta que 504 voix de préférence. En fait, Perin trouve qu'un parti politique rattachiste est en principe une mauvaise idée. Celui qui veut rattacher la Wallonie à la France n'a en effet, par définition, aucun programme à proposer aux électeurs belges en terme de contenu. Il est préférable d'influencer l'opinion publique avec un travail d'étude sérieux.
C'est ce que tente de faire le comité général d'organisation des Etats-généraux de Wallonie, dont les commissions d'étude font un excellent travail, grâce à des militants compétents et dévoués qui animent les débats en faisant appel à des experts. L'un n'excluant pas l'autre, bien entendu, certains de ces animateurs étant des membres du RWF ou de Liège-France.
(1) Knack, n° du 21.10.2008, België is ongeneeslijk ziek.
2 commentaires:
Salut et merci du partage.
Comme Québ. je ne connais presque rien de la Belgique, sauf qu'il y a des Wallons francophones et des Flamands qui parlent néerlandais (comme chez-nous il y des Canadiens-anglais et des Canadiens-français).
Ce que j'aimerais savoir: est-ce que Wallons et Flamands se côtoient dans la vie de tous les jours, et si oui, comment sont les relations?
c’est par hasard que j’ai atterri sur ton blog. le mien est consacré à la connaissance de soi (http://connaissancedesoi.blogspot.com/). si le coeur t'en dit, tu es bienvenu.
Mis à part à Bruxelles (et encore), Flamands et Wallons ne vivent pas ensemble. Ce sont deux mondes, deux pays différents, nos médias sont différents (et une communauté ne s'informe pas avec les médias de l'autre), nos politiques sont différents. La Wallonie est par exemple beaucoup plus homogène que le Québec linguistiquement.
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