Décidément, l'état comateux de l'Etat belge suscite la publications de nouveaux livres. Après ceux de Claude Demelenne et de Claude Javaux, voici Un asile flou nommé Belgique, Portrait à l'aigre-doux d'un pays en décomposition, par Philippe Dutilleul.
L'auteur est bien connu, puisqu'il est le réalisateur de la fameuse émission-fiction diffusée par la RTBF le 13 décembre 2006, annonçant la prise d'indépendance unilatérale de la Flandre. Qui ne se souvient de l'émoi suscité dans la population par l'auteur de Bye bye Belgium !
Que dire de ce nouveau livre, sinon qu'il est lui même flou et décousu comme la Belgique, sans structure, sans consistancce, sans autre fil conducteur qu'un mélange de nostalgie et de fatalisme, assorti de lieux communs, plus anecdotique et narratif que vraiment pensé. Outre la décomposition de la Belgique, qui est patente, mais à laquelle Philippe Dutilleul reste attaché et qu'il voudrait sauver, l'ouvrage contient une seule proposition concrète, qu'on découvre seulement à la page 318 :transformer l'Etat fédéral en une Confédération des peuples belges composée de quatre Régions - la Flandre, la Wallonie, Bruxelles élargie et la Région germanophone.Cette idée n'est pas, à vrai dire, très originale, puisqu'elle a déjà été présentée, avec des variantes, par l'Institut Jules Destrée et par l'ancien ministre-président wallon Robert Collignon. Cette" bombe atomique institutionnelle" belge, comme il l'appelle sans modestie, serait le fruit d' Etats généraux de Belgique (tiens, tiens !), préparés, organisés avec méthode, pragmatisme et bonne volonté réciproque...
Quant aux scénarios d'avenir possibles pour la Wallonie et Bruxelles sans la Flandre, Philippe Dutilleul ne les évoque que furtivement-notamment la réunion à la France-,page 338, en les qualifiant de plus ou moins réalistes ou fantaisistes. Il est manifestement incapable de penser "l'après Belgique", tant il reste morbidement attaché à ce pays qui est pourtant, écrit-il, aux soins intensifs...Le journaliste de la RTBF serait-il masochiste ?
Et c'est au moment où tout craque en Belgique - crise économique et financière, crise communautaire, crise politique (voyez les contorsions du MR avec Rudy Aernoudt, le FDF et le MCC)-, que les représentants des "petits" actionnaires de Fortis, forts de leur succès à la dernière assemblée générale (succès pourtant bien faible avec une majorité d'à peine 50%) persistent à vouloir que le gouvernement fédéral mette fin à ses négociations avec BNP-Paribas !
Messieurs les Français, rentrez chez vous, a osé dire avec arrogance Me Mischaël Modrikamen (un Belge de souche ?). Nous voulons une banque belgo-belge a surenchéri le représentant de Déminor. Comme Béatrice Delvaux qui, dans un récent édito du Soir, rejetait avec dédain la nécessité d'une béquille française. Ces belgicains oublient un peu vite qu'ils ne l'auraient jamais emporté à l'assemblée générale de Fortis sans une béquille chinoise !
2 commentaires:
"La Flandre devra s'en tirer seule car la Belgique ne fonctionne plus. Ce pays n'est ni une fédération, ni une confédération mais bien une contre-fédération", déclare le leader de la NVA, M. Bart Dewever lors d'un congrès à Hasselt. Que voila un beau néologisme ! "Le nouveau visage du compromis à la belge est que tout peut bloquer tout", déclare Guy Konen dans un édito de la Libre. Dans ce beau "plat pays" qui est de moins en moins le nôtre, nous avons un champion toute catégorie. Ce monsieur, que d'aucuns salueront pour "son intelligence hors du commun", un jour, se met tous les actionnaires de Fortis à dos à cause de ses 125 millions d'euros d'action, un autre jour, par ses quelques déclarations arrogantes et inopportunes qu’on lui connaît, fait capoter le si fragile dialogue communautaire (pour se venger le parlement flamand bloque le plan fédéral de relance !). Dernier exploit en date: en moins de 48 heures, il met son propre parti en danger d'explosion. Vous avez deviné de qui il s'agit: un certain Mister « D ». Ah oui, j'oubliais, n'est-il pas aussi impliqué dans le "fortisgate" (ingérence du pouvoir exécutif dans le pouvoir législatif) ? ... bien, bravo ! Il y a un premier prix à décerner au meilleur gaffeur de l'année. Mais laissons donc agir ce merveilleux système « D. » car à lui tout seul, il pourrait bien réussir à foutre tout ce qui reste de "l'Etat Belge" par terre !
Quelle que soit la solution prise pour la Wallonie, elle passera invariablement par un renforcement de sa souveraineté, au minimum par les compétences communautaires, au mieux par une indépendance totale et assumée.
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