lundi 25 mai 2009

Changer rapidement de stratégie...

Fin juillet 2008, le résultat du sondage réalisé par l'IPSOS pour le compte du Soir et de La Voix du Nord éclatait comme un coup de tonnerre dans le ciel plombé de la Belgique : en cas de partition de celle-ci, ressentie comme de plus en plus probable, la moitié des Wallons (49%) se disaient favorables à la réunion de la Wallonie à la France, tandis que 60% des Français (64% dans le Nord) affirmaient être prêts à nous accueillir.
Les partis rattachistes et/ou indépendantistes - le RWF et WALLONS - sont loin de faire un tel score dans les intentions de vote pour les élections régionales du 7 juin 2009. Quelles en sont les raisons ? Elles sont multiples et demanderaient une étude approfondie. On peut néanmoins émettre dès-à-présent quelques considérations
Relevons tout d'abord que la situation politique n'est plus du tout la même qu'il y a un an. La crise communautaire et institutionnelle a provisoirement fait place à une grave crise économique et financière mondiale et un gouvernement fédéral a fini par être constitué après six mois de vains palabres. Le centre d'intérêt des citoyens s'est donc déplacé et leurs craintes ont changé d'objet. Il faudra attendre que les problèmes communautaires reprennent le dessus - ce qui ne saurait tarder après les élections - pour que les Wallons, si enclins malheureusement à s'endormir, se réveillent face à la dure réalité du conflit permanent qui mine l'Etat fédéral belge, appelé inexorablement à disparaître sous la poussée du nationalisme flamand.
Faut-il continuer -comme le font le président du RWF et certains militants- à dénoncer ce nationalisme flamand, présenté comme un épouvantail et un danger pour les Wallons ? Faut-il continuer à prendre la défense des francophones de Flandre, qu'il s'agisse de ceux des six communes à facilités de la périphérie de Bruxelles, comme de ceux qui habitent plus au nord, à Hal par exemple, dans cet arrondissement BHV qu'il faut évidemment scinder.
D'une manière plus générale, faut-il continuer à associer les Bruxellois francophones au combat wallon pour la réunion à la France ?
Nous ne le pensons pas et c'est là que réside la première erreur de stratégie. Les mentalités et les intérêts des deux régions (Wallonie et Bruxelles) sont très différents et il ne se trouvera jamais à Bruxelles une majorité de citoyens désireux de se rattacher à la France, citoyens que le grand sondage de juillet 2008 s'est bien gardé de consulter. Un slogan comme "Wallonie et Bruxelles, Régions de France", qui faisait encore l'objet d'une grande banderole au dernier congrès électoral du RWF', est fallacieux et inopérant.
Plutôt que de s'aligner sur la politique des partis traditionnels du style front des francophones, de concurrencer le FDF dans la défense de la périphérie, et d'encourager les provocations des trois candidats-bourgmestres à la fois francophonissimes et ultrabelgicains - c'est la deuxième erreur de stratégie -, le parti rattachiste devrait centrer son action sur la Wallonie et promouvoir à la fois :
1) le rassemblement dans une seule formation , ou en tous cas dans un grand cartel, de tous les rattachistes et indépendantistes wallons, actuellement dispersés dane le RWF, le parti WALLONS et d'autres;
2) des contacts suivis et des échanges de vues avec les partis et mouvements nationalistes flamands démocratiques, pouvant éventuellement aboutir à l'organisation d'un colloque et à la rédaction d'un Manifeste commun.
Enfin, au lieu vouloir "faire le ménage en Wallonie" et y introduire l'intégralité du droit français- c'est la troisième erreur stratégique - le RWF devrait présenter la réunion à la France sous la forme proposée par le haut fonctionnaire français présent aux Eats généraux de Wallonie : l'union-intégration à la France, qui laisse subsister non seulement toutes les compétences actuelles de la Région wallonne en y ajoutant celles de la Communauté française- qui disparaîtrait -mais la plus grande partie du droit belge. Cette formule, dont tous les détails ont été étudiés, a le grand avantage de ne pas entraîner de bouleversement dans la vie et les habitudes des gens et serait donc plus porteuse électoralement; elle présente aussi l'avantage de concilier plus aisément les positions des rattachistes et des indépendantistes, voire des simples régionalistes qu'effraye l'idée d'une réunion à une France "jacobine et centralisatrice".
Mais pour changer de stratégie, peut-être faut-il changer aussi de président ?

8 commentaires:

Georgette Davister a dit…

Dans le même ordre d'idées, est-ce une bonne chose de mettre en avant la "laïcité" ? A part les milieux intellectuels, les enseignants, est-ce que les gens comprennent de quoi il s'agit? C'est comme la république, faut-il y insister ? Quand on sait que la grande majorité des Wallons sont attachés à la famille royale ! Pour la laicité, je me demane si ça n'irait pas plus dans le sens des électeurs wallons de les rassurer qu'en cas de réunion à la France, les Eglises continueraient à être subventionnées et les prêtres payés comme en Alsace, plutôt que de connaître la situation du clergé français en général. J'ai vraiment l'impression comme vous que le RWF fait complètement fausse route avec sa propagande.Est-ce que l'ensemble des membres du parti pensent ainsi
: république, laïcité, organisation départementale, système électoral français, etc ?

Josette Shipers a dit…

Les gens, dans les quartiers, ne comprennent rien à tout ça et ne s'y intéressent pas.

Guy Demoulin a dit…

A Liège, on ne sintéresse pas beaucoup non plus aux problèmes des Bruxellois, à part peut-être ceux qui vont travailler à Bruxelles. Les gens ne se sentent pas concernés par les problèmes des francophones des communes à facilités, qu'ils ne situent pas bien au point de vue géographique. Par exemple, ils croient qu'Overijse est au nord de Bruxelles et Hal-Vilvorde, ils ne savent pas où c'est !Je crois qu'il ne faudrait plus parler de cela en Wallonie.BHV,ça ne les intéresse pas du tout.

Jacques Lenain a dit…

La cause réunioniste ne gagne pas en crédit et en soutien quand elle tente de "vendre" un rattachement-assimilation, pour balayer en même temps le système belgo-wallon.
C'est bien le tort du RWF de vouloir faire d'une pierre deux coups, en perdant ainsi de vue l'objectif principal. Contrairement à son objet, le RWF ne "rassemble"pas.Les "régionalistes" n'y trouvent pas leur compte. Et tant d'autres, qui se sentent encore "belges"belgo-wallons".
Défendre un statut d'intégration-autonomie de la Wallonie en France est évidemment tout autre chose, car cela permet de rassembler le maximum de Wallons. Je crois que le RWF, s'il veut donner du sens au mot "rassemblement", et donc de la crédibilité à son action, gagnerait beaucoup, et la cause réunioniste en conséquence, à changer de posture sur cette importante question de la forme à donner à l'Union. D'abord en acceptant d'en débattre. Ensuite en nuançant son discours, qui devrait rester ouvert sur les deux formes de réunion théoriquement possibles (1), d'autant que des options intermédiaires ente elles seraient évidemment pratiquement applicables.
(1) l'union-assimilation et l'union-intégration.

Guy Bertrand a dit…

Cher Monsieur Schreurs,
Nous sommes nombreux, membres et candidats du RWF, à partager votre sentiment quant au projet développé par Monsieur Lenain.
Amitiés,
Guy Bertrand
8è candidat RWF
Arrondissement de Liège

A. Schreurs a dit…

J'avais écrit à M. Lenain que je partageais entièrement son point de vue. Son rapport a été adressé par Jules Gheude, président des EGW, à tous les parlementaires wallons.

Anonyme a dit…

@Georgette Davister: faut donc pas parler de laïcité, de ..république...faut garder la famille royale...etc!: OK mais alors cela n'a plus rien à voir du tout avec la France ...quand à une association avec la France, OK
mais...avec Bruxelles seulement
@André Schreurs:....avec Bruxelles seulement (sinon rien!)car qd je vois le total cumulé des voix de gauche en Wallonie, Bruxelles ne serait pas de trop pour "lisser" cette forte caracteristique...ou alors attendez que la gauche en France revienne au pouvoir et ...ne plus inviter(ça c'est pour le RWF) des députés de l'UMP(qui scient ainsi leur propre camp -je vais de ce pas lui en parler à Myard)....avis à bon entendeur
@André Schreurs: "changer de président"....et parler de ça avant même des elections..quel personnage fielleux vous êtes...

A. Schreurs a dit…

@ Anonyme :
1)C'est précisément AVANT les élections qu'il faur évoquer une autre politique possible pour le RWF, que l'on identifie trop à son président actuel. Certes, la notoriété de M. Gendebien est un atout, mais dans la mesure où il a des positions aussi tranchées dans certains domaines, évoquer son remplacement à la tête du parti par un président plus nuancé et plus consensuel est précisément un facteur rassurant pour les électeurs, notamment ceux qui sont tentés de voter pour l'autre parti séparatiste : "Wallons".
2)Les vrais rattachistes ne font pas dépendre la réunion à la France de la majorité politique qui gouverne la République, d'autant que le système français permet "l'alternance". An congrès du RWF, il n'y avait pas que des parlementaires UMP. Un représentant du Mouvement des citoyens (de gauche) de M. Jean-Pierre Chevènement, était également présent: M. Autexier, ancien conseiller municipal que j'ai rencontré plusieurs fois à Paris. Quant à Bruxelles, il faut être réaliste: vous imaginez les Bruxellois francophones fêter le 14juillet comme à Liège ? Le tissu culturel et social de la région bruxelloise est très différent de celui de la Wallonie.Par exemple, outre les néerlandophones, il y a près de 30% de citoyens d'origine étrangère; ils ne votent pas pour les régionales, mais bien pour les législatives.
3) Jee ne puis répondre à Mme Davister; elle le fera peut-être.Mais je suis d'avis, comme elle, bien que je partage les valeurs républicaines, qu'il ne faut pas trop en parler, car électoralement, ce n'est pas "payant".