samedi 23 mai 2009

Les aberrations du FDF et le point de vue rattachiste

La presse nous apprend que la saga des trois candidats-bourgmestes de la périphérie bruxelloise continue de plus belle.Au lieu d'adopter une attitude raisonnable et d'envoyer, cette fois, les convocations électorales en néerlandais, voire des convocations bilingues, dans leur commune "à facilités", les trois compères ont à nouveau envoyé aux francophones des convocations rédigées en français. En outre, ces documents ont été imprimés par la commune de Woluwé-Saint-Lambert, dont le bourgmestre n'est autre que M. Olivier Maingain, président du FDF.
Que penser de cette attitude provocante ? On pourrait l'admettre si son objectif était de pousser à bout les Autorités flamandes et d'encourager le séparatisme en Flandre. Mais nous doutons fort que cette tactique ait effleuré l'esprit de M. Maingain, plutôt enclin au belgicanisme et adepte de l'élargissement de la région de Bruxelles-capitale non seulement vers le nord, mais également vers le sud en absorbant les communes de Waterloo et de Lasnes, en Brabant wallon.
Du point de vue juridique, les deux camps se renvoient la balle, les Flamands déclarant que MM. Thierry, d'Oreye de Lantremange et van Hoebrouck violent la loi régionale flamande, et les francophones bruxellois affirmant que les Flamands violent la la loi fédérale sur la liberté des langues en Belgique. Le hic, c'est qu'il n'y a pas, dans le système fédéral belge, une hiérarchie des normes. C'est bien pour cela que les francophones ont introduit une action devant la Cour européenne, accusant le gouvernement flamand - et en fait l'Etat belge dans son ensemble-, de refuser de ratifier la Convention européenne pour la protection des minorités, convention que la République française refuse également de ratifier...
Le tout est de savoir si les francophones, dans le Brabant flamand, constituent une "minorité". Cette notion ne figure pas dans la Constitution belge et l' Accord entre Wallons et Flamands - dit "Schreurs-Couvreur"- conclu en 1952, dit clairement qu'il ne sera reconnu aucune minorité de part et d'autre de la frontière linguistique, l'homogénéité linguistique de la Flandre et de la Wallonie étant tenue pour une nécessité essentielle. La nouvelle Constitution belge de 1980 semble avoir ratifié ce principe en distinguant, en Belgique, trois régions linguistiques, la région de langue française (la Wallonie), la région de langue néerlandaise(la Flandre) et la région bilingue de Bruxelles.
Soyons objectifs. Que dirait-on, en Wallonie, s'il existait chez nous une "Union flamande" se présentant aux élections régionales, comme il y a en Flandre une "Union francophone" qui envoie un député au parlement flamand ? Vous imaginez une telle situation chez nous, avec des militants de ce parti flamand collant sur nos paneaux électoraux, en plein coeur de Liège ou de Charleroi, des affiches en flamand ! ? Elles seraient immédiatement et à juste titre arrachées ou recouvertes et nos amis seraient les premiers à le faire. Alors, pourquoi s'indigner, comme certains rattachistes sur leur blog, parce que les autorités flamandes interdisent le placardage d'affiches en français sur les panneaux électoraux de la commune de Hal, dans ce fameux arrondissemnt BHV qu'il faut évidemment scinder au plus tôt ?
Allons, mes amis, un peu de bon sens ! Les rattachistes ont tout intérêt à s'entendre avec les nationalistes et séparatistes flamands pour faire disparaître ce dernier vestige de la Belgique unitaire, auquel ne s'accrochent que les belgicains. De cette entente découlera finalement un accord, comme celui de 1952, mais cette fois pour se séparer à l'amiable et en finir une bonne fois avec cet Etat artificiel créé en 1830, qui a oppressé les Wallons autant que les Flamands.
S 'il n'y avait pas le problème de Bruxelles et les prétentions des francophones, il y a longtemps que la partition aurait été réalisée, sans problème, comme celle de la Tchécoslovaquie où , du point de vue économique et social, mutatis mutandis, les Tchèques pouvaient être comparés aux Flamands et les Slovaques aux Wallons. Beste Waalse vrienden, ga naar de notaris en scheiden, avait dit, il y a quelques années, M. Lionel Vandenberghe, président du pélérinage flamand de l'Yser. Et bien, disons la même chose : chers amis Flamands, allons chez le notaire et divorçons...

4 commentaires:

Jean Charlier a dit…

Bonsoir, Monsieur Schreurs,

Vous développez un point de vue que je ne puis partager, car je suis avant tout un défenseur de notre belle langue française.Comment peut-on défendre celle-ci dans le monde entier, sauf...en Flandre ?

A. Schreurs a dit…

Cher Monsieur Charlier, vous habitez à Bruxelles, n'est-ce pas ? C'est sans doute pour cela que nous n'avons pas le même point de vue. Je penserais peut-être comme vous si j'étais Bruxellois, mais...je suis Liégeois et pour moi, le combat wallon pour la réunion à la France passe avant la défense du français en Flandre.Dans la vie, il faut faire des choix et le mien est fait depuis longtemps.Apparamment, les dirigeants du RWF ne font pas ce choix et croient résoudre le dilemne en préconisant la réunion à la France non seulement de la Wallonie, mais de la région bruxelloise y compris la périphérie. A moins que ce ne soit pour provoquer les Flamands et les pousser à la séparation, mes amis etmoi ne sommes pas d'accord avec cette attitude irréaliste. Les Bruxellois, que je connais bien pour les avoir longtemps fréquentés, ne voudront jamais être rattachés à la France; si la Belgique éclate, ils préféreront que leur région devienne une sorte de "principauté indépendante", de "ville libre" ou une formule de ce genre, en demeurant la capitale de l'Europe.Et franchement, je ne peux pas leur donner tort.
Je suis convaincu que le RWF-RBF fait fausse route à ce sujet. On verra bien quel pourcentage de voix il récoltera à Bruxelles.

Philippe Rasquin a dit…

Pourquoi toujours parler des tris "bourgmestres non nommés". C'est absurde. Ce sont seulement des CANDIDATS -bourgmestres. Certes, ils ont été élus par la population; mais pas en tant que "bourgmestres". Ni en Flandre, ni en Wallonie, les bourgmestres ne sont élus comme tels.

Georges Lambert a dit…

Le site officiel du RWF fait tout un fromage parce que Karel De Gucht préfère la N-VA aux socialistes flamands pour constituer le prochain gouvernement flamand.
Et alors ! Nous aussi, nous préférons la N-VA au SPA, parce qu'avec la N-VA, on peut négocier la fin de la Belgique. Et pour les rattachistes WALLONS (on se fout des Bruxellois de la "périphérie", tous des belgicains !), c'est cela qui devrait primer, et tant mieux si Mario Keulen reste intransigeant. Séparatistes flamands et rattachistes wallons, même combat !