mercredi 8 juillet 2009

Une sécurité sociale flamande...Vers l' Etat flamand indépendant !

On sait que les responsables (?) politiques wallons hurlent à l'idée que l'on pourrait, comme le demandent les Flamands, scinder la sécurité sociale. On ne peut toucher à ce qu'ils appellent "la solidarité interpersonnelle", expression hypocrite qui signifie en fait une solidarité intercommunautaire, c'est à dire, pour être encore plus clair, le maintien des transferts Nord-Sud pour financer la sécurité sociale des Wallons et des Bruxellois. "Un enfant est un enfant", martèle Mme Milquet, slogan creux qui ne signifie rien dans un pays bi-national comme la Belgique, qui n'est pas un melting pot comme le (vulgaire) café du même nom commis par la RTB(f). La Belgique n'est pas "un pays", mais l'assemblage branlant et artificiel de deux pays, de deux peuples. Car quoi qu'en dise Mme Milquet et ses comparses, un enfant flamand n'est pas un enfant wallon, pas plus qu'un enfant néerlandais n 'est un enfant français ! Il y a près de cent ans que Jules Destrée l'a énoncé dans sa Lettre au Roi : "Sire, il n'y a pas de Belges, Vous régnez sur deux peuples, les Wallons et les Flamands". Aveuglante vérité que refusent de voir les belgicains.
Dand la Gazet van Antwerpen de ce mercredi 8 juillet, l'éditorialiste Paul Geudens se réjouit que, dans l'accord des négociateurs du nouveau gouvernement flamand, "l'on s'occupe enfin d'une vraie sécurité sociale flamande. Même l' ACW (1), qui était jusqu'ici extrêmement réticente à l'adoption de mesures sociales particulières en Flandre, semble aujourd'hui pouvoir s'en accomoder. On aura ainsi, à côté de l'assurance-maladie existante, une assurance-hospitalisation flamande qui devra être accessible à tous, ainsi que des allocations complémentaires pour les enfants flamands. On investira aussi davantage dans les garderies et le secteur des handicapés. Excellent".
Paul Geudens fait observer que, "dans le même temps, l'on mènera une politique budgétaire orthodoxe. Le budget flamand devra se clôturer sans déficit à la fin 2011. C'est en tout cas un peu plus courageux et intelligent que ce que la Wallonie et Bruxelles ont l'intention de faire".
Franchement, si l'on est sincère, on ne peut qu'approuver cette conclusion, ainsi que les mesures complémentaires de sécurité sociale décidées par les Flamands, qui appliquent ainsi la nouvelle stratégie du Nord, la "doctrine Maddens". Celle-ci consiste, comme on sait, à laisser "pourrir" la situation et à ne plus évoquer de grandes réformes institutionnelles jusqu'à ce que les partis politiques wallons et francophones, acculés, tendent à nouveau la sébile pour obtenir, via le fédéral, l'argent flamand indispensable pour nouer les deux bouts (budgétaires) à la Région et refinancer la Communauté française, en particulier son enseignement, comme ils l'ont déjà fait en 2001 avec l'Accord de la Saint-Polycarpe. En attendant, le gouvernement flamand utilisera ses compétences au maximum, à la limite de la légalité constitutionnelle ou en tout cas de ce que l'on nomme naïvement la loyauté fédérale !
Quelle leçon de courage et de dignité, en effet, pour les politiciens wallons ! Ils n'ont osé qu'une seule fois aller ainsi à la limite, voire dépasser leurs compétences régionales, il y a bien longtemps, lors de l'affaire de l'octroi des licences pour la vente d'armes de la F.N. Mais c'était du temps de la présidence de Guy Spitaels, pas de celle des "pygmées"actuels, comme dirait Gérard Deprez...
Que conclure de tout cela ? Mais que les Flamands ont raison, pardi ! Que leurs dirigeants sont effectivement plus courageux et plus politiquement intelligents que les nôtres. Qu'ils savent très bien où ils vont et que, contrairement aux dirigeants wallons, ils préparent soigneusement leur avenir - un avenir, c'est évident, en dehors de la Belgique fédérale. N'en déplaise à M. Jeholet, le porte-parole du MR, la scission du "pays" est loin, très loin, d'être une hypothèse absurde en non-envisageable (2) . Celle-ci est bien présente et, fidèle à leur politique, les dirigeants flamands avancent méthodiquement, étape par étape, vers l'indépendance de la Flandre en construisant un Etat-nation de plus en plus complet et de plus plus solide qui, le moment venu, se détachera, d'un petit coup de pouce, de l'Etat fédéral ou de ce qu'il en restera.
Quand nous disons que les nationalistes flamands - qui représentent près de 40% de l'électorat du Nord -sont les alliés objectifs des rattachistes et des indépendantistes wallons, n'avons-nous pas raison ? Ne font-ils pas cent fois plus que les Wallons pour précipiter la chute de cet Etat belge hybride, artificiel, néfaste, dont l'existence, même s'il est moribond, empêche la Wallonie de s'épanouir en se réunissant à la République française ?
Encourager les nationalistes flamands et opter résolument pour une forme souple de réunion-intégration à la France, plutôt que de continuer à perdre son âme dans un "front francophone" aux relents belgicains, telle est la nouvelle stratégie que doivent adopter les militants rattachistes en n'hésitant pas, s'il le faut, à mettre en congé la vieille garde de leurs dirigeants qui s'obstine à vouloir maintenir une stratégie dépassée, dont les échecs ou semi-échecs électoraux ont démontré les limites.
(1) l'ACW est le pendant flamand de la CSC ou du MOC.
(2) Voir un article précédent.
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6 commentaires:

Georges Lambert a dit…

Je vous félicite pour cette analyse fine, rigoureuse et finalement évidente. Puisse-t-elle ouvrir les yeux de certains néophytes comme ce M. René Thirion, qui semble faire un fameux complexe en ayant eu comme père un belgicain royaliste. Pour un farouche républicain comme lui, penser à son pauvre père doit être bien pénible !Pour cela, franchement, on peut le plaindre.Mais c'est qu'il ne connaît rien du Mouvement wallon, ce brave Monsieur, il confond tout: le Congrès wallon de 1945, les Etats généraux de Wallonie... Il parle du vote rattachiste du congrès, des circonstances historiques ,etc, mais quel âge avait-il ? Etait-il né ? Il devait barboter dans ses langes. Puis ce fut dans le bac à sable, à l'ombre du portrait du bien-aimé roi Léopold III, le modèle de sa famille sans doute, un grand patriote, comme chacun le sait. Et puis il a fait une belle carrière et c'est là qu'il s'est mis à haïr les Flamands, ses patrons oppresseurs. Il en a fait tout un monde, il voyait des méchants flamands partout. C'était une vraie obsession et il a fini par sombrer dans la paranoïa, ou quelque chose comme cela.
Non mais c'est vrai qu'il ne comprend rien, le pauvre homme. Pour lui, wallon, francophone, bruxellois, belge, français, tout cela c'est pareil au même.
Que peut-il y avoir de commun entre
un intellectuel érudit comme vous, M. Schreurs, qui êtes né dans le Mouvement wallon et connaissez son histoire sur le bout des doigts et un néophyte inculte qui a pour la France un attachement "charnel" ? Bigre!Il a quand même des notions de littrature le bonhomme. Il cite volontiers Albert Camus et Lamartine. Mais il confond la langue française et la France et il ne voit pas que la France ne rayonne vraiment pas dans le coeur des "Bruxellois périphériques" qu'il aime tant. Peu importe à ses yeux qu'ils se moquent des Wallons et qu'ils dédaignent la France, peu importe qu'ils soient "charnellement" belgicains. Ils parlent français ! N'est-ce pas merveilleux ? Léopold III parlait français, Léon Degrelle aussi parlait français, mais leur patrie n'était pas celle d'Albert Camus...

Georgette Davister a dit…

j'ai été lire l'article de M. Thirion sur son blog. Quel tissu d'inepties ! Ce Monsieur n'a-t-il pas surtout des visées commerciales, avec son autre blog "Liège-France-Eco" ? Vous êtes bien aimable d'avoir établi un lien avec lui sur votre blogue. Lui n'a pas eu l'élégance de faire de même... C'est à des choses semblables, voyez-vous Monsieur, que l'on aperçoit la différence d'éducation entre les hommes !

Bernard Vanden Bloock a dit…

Je voudrais nuancer l'appréciation des dirigeants flamands qui nous est proposée. Je suis d'accord qu'ils font preuve d'un plus grand pragmatisme, mais de là à dire qu'ils suivent depuis toujours un plan directeur, il y a beaucoup de marge. Bart Dewever sait où il va, mais le CD&V? Le VLD? La SPa? Si en 2007, Leterme avait une certaine vision de ce qu'il fallait faire, on ne peut pas vraiment dire qu'il avait un plan pour la concrétiser. Le "non" francophone de 2007 semble avoir pris complètement au dépourvu les flamands et ils ont mis deux ans à s'en remettre.

Par ailleurs, je vois un gros défaut dans la doctrine Maddens : la stratégie du pourrissement coûtera très cher : le pays est en train de se ré-endetter à une vitesse effrayante et le gouverement fédéral, paralysé, ne sera sans doute plus capable de monter une opération d'austérité à la Dehaene. D'ici à ce que les francophones redemandent de l'argent, des milliards d'euros seront partis en fumée. La Flandre fait comme si cela ne l'affecte pas, mais elle a tort. Cette dette qui s'emballe, il faudra un jour la rembourser or la Flandre devra - quoi qu'il arrive - au moins prendre en charge 57% de cette dette.

Bref, le "plan flamand" serait excellent si nous étions encore dans les golden sixties, mais dans le contexte actuel, c'est de la folie (du point de vue de l'intérêt flamand).

Je vous accorde qu'en face, chez les francophones, il n'y a ni plan ni doctrine. On espère apparemment qu'un matin, les Flamands se réveilleront de si bonne humeur qu'ils décideront spontanément de laisser tomber toutes leurs exigences.

Jean Lerusse a dit…

Eh bien qu'ils (les Flamands) s'organisent pour s'en aller...et qu'ils s'en aillent. C'est la meilleure chose qui puisse arriver aux Wallons, du moins si ceux-ci décident la réunion à la France selon le mode "Union-Intégration" prôné intelligemment par Monsieur Jacques Lenain, dont la brillante intervention aux Etats Généraux de Wallonie restera dans les mémoires. Quel Wallon refuserait cette solution qui, de plus, met tout le monde et toutes les tendances d'accord ?
Amicalement,
Jean Lerusse

Josette Shipers a dit…

Mr Van den Block parle des partis francophones, mais pour nous autres, rattachistes, il vaut mieux que les flamands gardent leurs exigences.

B. Vanden Bloock a dit…

Monsieur Lerusse, je crois qu'on SURestime la détermination, la cohérence et la prévoyance des politiques flamands. Si vraiment "ils" étaient aussi déterminés qu'on le dit, si "ils" suivaient un plan, ça ferait longtemps qu'ils seraient partis comme vous le souhaitez.

Les rattachistes semblent beaucoup compter sur la Flandre, mais il faut savoir qu'en Flandre justement, bon nombre de séparatistes/nationalistes s'arrachent les cheveux devant l'immobilisme et l'inconstance de leurs propres politiques.