vendredi 18 septembre 2009

La "trahison des clercs"...

Avec l'accord de son auteur, nous reproduisons ci -dessous l'article intitulé "Folklorique, le coq wallon ?", rédigé par M. Paul Durieux, président du RWF de Liège, sur le site http://www.rwf-liege.fr/ .
"A la veille des fêtes de Wallonie, un constat s'impose : on associe volontiers l'identité wallonne au folklore.
Le fédéralisme n'a pas renforcé le sentiment d'appartenance à la société wallonne. Il n'a pas émancipé le peuple wallon.
Parler du peuple wallon, en 2009, semblerait même inconvenant. Ce serait l'expression d'un repli sur soi contraire au mouvement de l'Histoire.
Curieusement, plus la Belgique se défait, se vide, à bout de souffle, et plus on habitue les Wallons à se dire et à se penser belges.
A ce compte, il n'est pas certain que le coq mérite encore un drapeau. La Région wallonne apparaît seulement comme une institution belge décentralisée, intimement liée à un pays dont l'existence réelle est pourtant devenue un sujet de réflexion pour la presse étrangère. En dépit d'une évolution qui force la population wallonne à se prendre en main, la conscience d'un destin commun propre à la Wallonie est loin, très loin d'être encouragée.
On a peur, sans doute, que l'identité wallonne, en s'affirmant, n'éloigne les Wallons de la Belgique et ne les rapproche de la France. Cette peur est consubstantielle à la Belgique, pays de frontière à cheval sur deux cultures.
Que la France soit prête à soutenir économiquement, financièrement, politiquement la Wallonie tout en lui reconnaissant le droit de rester elle-même, c'est une alternative à laquelle on refuse de penser.
La Wallonie ne mériterait pas un débat. Les exigences flamandes, l'assèchement du fédéral, rien ne peut ébranler le nouveau dogme officiel : il n'y aura pas d'identité wallonne en dehors de la Belgique, pas d'autre avenir possible que celui de rester belge à n'importe quel prix.
Qu'en auraient pensé les militants wallons d'avant et d'après la guerre ?
Il y a un triste paradoxe : c'est la relative autonomie de la Wallonie, voulue autrefois par tant de Wallons fiers et soucieux de leur région, qui aurait tué l'identité wallonne au moment où elle devenait plus que jamais nécessaire.
Plus que d'un paradoxe, il s'agit d'une trahison. A qui profite le crime ?"
Lisez les commentaires, postez-en.

14 commentaires:

A. Schreurs a dit…

L'analyse de Paul Durieux est tout-à-fait exacte et il s'agit effectivement d'une démission, sinon d'une trahison, de ceux qui auraient dû parachever le combat des ainés.
Hormis le cas de Guy Spitaels, les hommes politiques wallons n'ont pas su, ou pas voulu, développer la symbolique wallonne que le Mouvement wallon avait créée avec la Résistance, le Congrès national wallon de 1945 et l'insurrection de 1950 qui força le roi Léopold III à abdiquer. Au lieu, par exemple, d'afficher en toutes circonstances notre coq wallon, la "Région wallonne" adopta comme emblème ce "W fléché" évoquant davantage une entreprise qu'un Etat fédéré.
Quand il fut ministre-président, M. Di Rupo alla jusqu'à faire imprimer des en-têtes de lettre officielles faisant précéder la mention "Région wallonne" de celle de "Royaume de Belgique"...
Par ailleurs, la dissociation des compétences économiques de la Région wallonne et des compétences culturelles attribuées à la "Communauté française" contribua fortement à dissoudre la conscience wallonne dans une sorte de francophonie belge, qui prit le coq pour symbole mais en le "modernisant" et en en dénaturant la symbolique et la signification.Ce fut une grave erreur politique.
Dépendant de cette institution demeurée très "belge", les enseignants wallons, dont la mission eût été de transmettre aux jeunes générations les valeurs engrangées par le Mouvement wallon, n'accomplirent pas ce "devoir de mémoire", pour lequel ils ne reçurent, des ministres de l'enseignement, aucunes informations ni directives scolaires. S'il est difficile, dans ces conditions, de le leur reprocher, par contre on peut réellement parler de trahison de la part des dirigeants wallons.
Ajoutons à cela le fait que la Région wallonne et la Communauté "française" se choisirent des fêtes officielles à des dates différentes, augmentant la confusion dans les esprits et diluant ainsi la conscience wallonne.
Enfin, l'étirement des "fêtes de Wallonie" sur tout un mois, consistant en des manifestations plus folkloriques les unes que les autres, n'a certes pas contribué à développer une réelle identité wallonne au sens politique et culturel du terme.
Il en va tout autrement en Flandre, où l'Etat fédéré flamand est compétent à la fois pour les matières culturelles et les matières économiques et sociales, et où il y a une seule "fête nationale" le 11 juillet.
Pour que la Région wallonne puisse être autrechose, dans l'esprit de nos concitoyens, qu'une sorte d'administration belge décentralisée, il serait impératif que l'essentiel des compétences de la Communauté française lui soient transférées.

Anne Berger a dit…

Je suis outrée par les propos désobligeants tenus à l'encontre de Monsieur Schreurs sur le forum des francophones de Bruxelles. Ces gens ne représentent rien. J'ai conservé les résultats des élections. Ce Monsieur Tirmarche a obtenu 137 voix à Bruxelles et les autres personnes, Monsieur Salomon 73 voix et Monsieur Basso 41 ! Et leur liste 1.321 voix seulement sur 3 à 400.000 électeurs ! En Wallonie, le parti rattachiste a récolté environ 30.000 voix et, aux élections fédérales, Monsieur Schreurs en avait recueilli 839 pour le Sénat, dont près de 250 à Liège, quasiment autant dans le Hainaut et près de 150 à Bruxelles.

Anne Berger a dit…

Des différentes explications avancées par M. Schreurs concernant la situation décrite par M. Durieux, à savoir cette démission wallonne, je pense que la plus importante est l'existence de cette "Communauté française" qui, même rebaptisée "Wallonie-Bruxelles", a brouillé les cartes et les esprits en Wallonie, où les gens ne s'y retrouvent plus à propos de ces deux institutions dont le rôle est mal défini et qui s'enchevètrent d'ailleurs dans certains domaines, comme les formations du Forem et l'enseignement technique par exemple.

A. Schreurs a dit…

La notion de "Communautés" est une invention flamande pour permettre à la Flandre d'avoir une influence à Bruxelles. C'est ce qui lui a permis d'en faire sa capitale et d'y installer ses principales institutions, son parlement et son gouvernement. Mais aucun des projets de fédéralisme proposés par le Mouvement wallon n'a jamais envisagé de créer une Communauté distincte de la Région et surtout de dissocier l'économie du culturel. Au contraire, tous les projets fédéralistes wallons incluaient les matières culturelles (l'enseignement,la radio-télévision, les arts, les sports, etc) dans les compétences de la Région wallonne.
Je crois que tout le mal vient de cette dissociation Région/Communauté.Si les Wallons le voulaient vraiment, la "Communauté française" pourrait être réduite à sa plus simple expression et la plupart de ses compétences transférées à la Région wallonne. Certes, il faut pour cela une majorité spéciale au parlement fédéral, mais pourquoi les députés flamands s'y opposeraient-ils du moment qu'on maintient la Vlaamse gemeenschap ?

Philippe Rasquin a dit…

Imaginez quelle différence il y aurait si, au lieu d'une rtBf demeurée très "belge" (voyez encore le reportage d'hier sur l'inauguration de la nouvelle gare des Guillemins à Liège dans le cadre de cette écoeurante émission "C'est du belge"), nous avions pour la Wallonie le pendant de la VFR (sans "B"), c'est à dire une RTW (Radio-télévision wallonne)ayant son siège à Liège ou à Namur ! C'est ce que voulait le Mouvement wallon unanime.

Anne-Martine Buteneers a dit…

Nous avions, à la RTB, une émission quotidenne "Fréquence Wallonie", mais le socialo-belgicain Philippot l'a supprimée et remplacée par "VivaCité", ce qui ne veut rien dire. Cela, avec la bénédiction d'Elio Di Rupo, si ce n'est pas sur son ordre ! C'est aussi à lui que l'on doit l'émission "C'est du belge" créée pour concurrencer "Place royale" de RTL et rivaliser ainsi dans la médiocrité la plus écoeurante en effet. Les animateurs sont d'une platitude et d'une obséquiosité incroyabes à l'égard de tout ce qui est belgicain-monarchiste!L'homme, surtout, est vraiment puant, on dirait un maître d'hôtel ou un valet de chambre obséquieux .

Pierre Roloux a dit…

@ Mme Buteneers :
Il ne faut pas dire du mal des maîtres d'hôtel. C'est un métier difficile qui demande des connaissances, de l'intelligence et du doigté. Ce présentateur de "C'est du belge" me fait plutôt penser à un laquais, dans les deux sens du terme. Physiquement,il ne lui manque que des bas-de-chausses et des souliers à boucle et tout son personnage exprime la servilité!
Mais avez vous remarqué comment, dans le reportage sur les "trains royaux", on a passé sous silence les résultats de la consultation populaire de 1950, la violente réaction des Wallons contre Léopold III et la piteuse abdication de celui-ci ? Quelle désinformation ! Quelle honteuse propagande royaliste !

Jacques Dujardin a dit…

Comment voulez-vous, Monsieur Durieux,qu'avec de telles émissions des deux grandes chaînes francophones de Belgique, se perpétue et se développe une identité wallonne? Monsieur Rasquin a raison, tout serait différent si nous avions une RTW (une radio-télévision wallonne). Pourquoi le RWF ne la réclame-t-il pas ?

Stéphane Dohet a dit…

Il faut rappeler que celui qui a créé ce logo au W fléché pour la Région wallonne est... Elio Di Rupo. La RW doit être le seul État fédéré au monde à n'utiliser ni son blason, ni même ses couleurs (où est le jaune ?).

La régionalisation des compétences de la communauté française ne nécessite aucune intervention fédérale, mais des décrets spéciaux wallon, francophone et bruxellois francophone. En 2003, le MMW avait à l'occasion du second Manifeste pour la Culture wallonne rédigé une proposition de décret en ce sens.

Si ce qu'on appelle erronément "les fêtes" de Wallonie s'étalent sur tout le mois de septembre, il faut quand même reconnaitre que c'est surtout ce week-end, et même ce dimanche, qu'a lieu la Fête de Wallonie dans les plus grandes villes. Les Flamands ont leur fête un seul jour, le 11 juillet, mais leurs célébrations n'ont rien à voir avec les nôtres. La Fête de Wallonie est plus populaire que le 11 juillet. Je n'évoquerai même pas le 27 septembre qui ne veut rien dire.

René Bouchat a dit…

Merci à Monsieur Dohet pour cette précision. Le fait que ce soit M. Di Rupo qui ait inventé ce logo , un "W fléché", pour désigner la Région wallonne, n'est pas surprenant. La désignation à la présidence du PS de ce Monsieur a été catastrophique pour la Wallonie. C'est un "italo-belge" qui n'a aucune fibre wallonne; de plus, il est royaliste : quand il parle d'Albert II, il l'appelle toujours "Sa Majesté le Roi". C'est un cuistre et ses poulains, ou pouliches ne valent pas mieux : voyez l'incompétence et les bêtises de Marie Arena !

Georges Lambert a dit…

Mme Arena vient justement d'être interviewée par "Le Soir", qui lui consacre une page entière.
La Binchoise devenue bruxelloise (comme la Liégeoise Laurette Onkelinx et la Namuroise Joëlle Milquet, expatriées elles aussi), n'est "pas amère" d'avoir "été débarquée" pour la deuxième fois par Elio Di Rupo. Après "avoir exercé le pouvoir, fédéral ou communautaire, durant dix ans, elle "veut aprendre son métier", dit-elle. Il est en effet presque temps ! Dans le proche avenir, elle ne refuserait pas le poste de bourgmestre de Forêt, en région bruxelloise, où se trouve déjà "son coeur", tandis que sa "tête" est au Parlement": "Si le PS de Forêt estime que je suis la personne adéquate, alors je suis partante pour le poste", dit-elle. Car elle n'en veut pas du tout à son compatriote Elio Du Rupo de l'avoir débarquée deux fois, d'abord de l'enseignement (où elle a été nulle) et ensuite de l'Immigration sociale et des Pensions (où elle n'a pas été meilleure). Et s'il me plaît d'être battue !

Georgette Davister a dit…

Mme Aréna n'a pas été plus brillante en qualité (?) de ministre-présidente de la Communauté française, où elle n'a pas laissé un souvenir impérissable. "On continue à m'apostropher" pour cette histoire de douche, avoue-t-elle, mais elle ajoute modestement : "cela a renforcé mon image"...
Vous voyez, cher Georges, je lis aussi "Le Soir". Meilleures amitiés. Georgette.

Une enseignante désabusée a dit…

En lisant votre article et tous les commentaires,on est vraiment convaincu qu'il y a bien eu une trahisons des clercs (ministres et enseignants) en Wallonie.

Paul Marchot a dit…

A propos de la photo truquée de la fille de Jean-Sébastien Jamart,celui-ci explique sur son blog que le responsable de ce truquage, où on a remplacé les couleurs françaises par les couleurs belges, n'est pas "Télépro", mais l'AGENCE BELGA! C'est encore pire, car cette photo a été adressée à toute la presse. Le "régime belge" doit vraiment être aux abois pour recourir à des procédés pareils, dignes (?) de la propagande de Göbbels sous le régime nazi !