jeudi 8 octobre 2009

Les lettres "belges"...

Le Soir n'a pas manqué d'encenser, comme il fallait s'y attendre, l'écrivain bruxellois Pierre Mertens, à l'occasion de ses soixante-dix ans.
Certes, c'est un grand romancier et l'éloge est mérité. Sa formation ne semblait pas le prédisposer à la littérature, mais plutôt à une carrière juridique, puisqu'il est docteur en droit et licencié en droit international. Mais il a aussi été maître de recherches à l'Institut de sociologie de l'ULB, où il a précisément étudié les aspects sociologiques de la littérature. Reconnu non seulement en Belgique mais en France, il a été lauréat de nombreux prix littéraires, sans pouvoir cependant décrocher le Goncourt , comme le Wallon Charles Plisnier.
Il est vrai que tout oppose les deux grands romanciers, Plisnier ayant été un chantre de la francité, alors que Pierre Mertens serait plutôt celui de la "belgitude", ce dont pourtant il se défend. Toujours est-il que, pour Le Soir comme pour la RTBF, il fut à l'origine d'une nouvelle ère des lettres belges.
Pour qualifier les écrivains belges de langue française, qu'ils fussent flamands, wallons ou btuxellois, on utilisait l'expression "lettres belges d'expression française". Sous l'impulsion du Mouvement wallon et d'écrivains comme Charles Plisnier et Marcel Thiry, on remplaça cette dénomination par "littérature française de Belgique". Aujourd'hui, hélas, sous l'influence des medias bruxellois ( Le Soir, La Libre et la RTBF) ,il n'est plus question que de "lettres belges", qu'illustre fort bien, précisément, M. Pierre Mertens. Comme s'il n'y avait plus en Belgique, en littérature comme dans d'autres domaines, que des Flamands et des "Belges"...
Où sont passés les écrivains wallons, en dehors de ceux que l'on désigne à Bruxelles, non sans condescendance, comme des "dialectaux"? Une chose est sûre, selon les informations données par Le Soir : Pierre Mertens rencontrera "le public" le 14 octobre au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris, le 15 à la librairie Tropisme de Bruxelles, le 16 aux Riches Claires de Bruxelles, le 16 novembre au Musée Belvue de Bruxelles, le 22 novembre à Wolubilis, à Bruxelles et le 17 décembre au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
Et la Wallonie, dans tout cela ? Apparemment, le public wallon n'est pas le public de Pierre Mertens...Cela ne nous surprend pas.

4 commentaires:

Jean Petit a dit…

Nous ne sommes plus, hélas ! au temps de Marcel Thiry. Il n'y avait pas plus français que lui. Mais la Communauté "française" est passée par là, la RTBF aussi, et ce sont deux complices dans l'entreprise de (re)belgification des Wallons. Ah, si nous avions eu la RTW que réclamait le Mouvement wallon !

Philippe Rasquin a dit…

Dans le domaine du cinéma, c'est la même chose : tout ce qui n'est pas flamand ou wallon, mais commun aux Wallons et aux Bruxellois est "belge". On ne dit même plus "belge francophone" !
On n'a jamais trouvé, en dehors du mot "belge", un terme quelconque pour désigner l'espace recouvert par la "Communauté française" et ce qui s'y fait. Cela prouve bien que cet espace n'a pas d'unité et est quasi aussi artificiel que la Belgique. Que celle-ci soit unitaire comme dans le passé, fédérale comme actuellement ou résiduelle sans la Flandre, cet ensemble demeure, hélas, la "Belgique"...

Georges Lambert a dit…

C'est tout-à-fait juste et c'est un effet pervers de cette "solidarité Wallonie-Bruxelles" qui, en fait, "déconscientise" les Wallons et les Bruxellois, qui y perdent leur identité propre. C'est ce que refusent de comprendre certains francophonissimes bruxellois mais que comprennent très bien, par contre, les régionalistes tant bruxellois que wallons.

Vincent Bodart a dit…

Grâce à "Wallimage", le cinéma wallon existe et est reconnu. La "Libre" y a consacré récemment un article élogieux!