Sous l'Ancien Régime, les rois avaient à leur Cour un fou qui les amusait par toutes sortes de pitreries. Sous le nouveau, dans les quelques rares pays qui ont une monarchie constitutionnelle, ils sont bien plus d'un. En Belgique, ils sont particulièrement nombreux mais n'amusent plus du tout le Souverain, comme aiment à dire les pontes socialistes, qui lui donnent des Sa Majesté en veux-tu en voilà à la mondre occasion, oubliant que, depuis 1789, c'est le peuple qui est souverain.
Au début, c'était le roi des Belges qui formait lui-même le gouvernement. Plus tard, après l'introduction du suffrage universel et la diversité des partis politiques, il se mit à désigner d'abord un formateur puis, les choses se compliquant de plus en plus, un informateur chargé de faire un tour de piste auprès des présidents de parti et de renseigner le Roi sur les coalitons gouvernementales possibles.
De nos jours, on ne compte plus les missions diverses et successives confiées par le roi à des personnalités, pour lesquelles on recourt à un vocabulaire de plus en plus varié . C'est ainsi qu'on a vu défiler au Palais royal, à chaque crise gouvenementale, des informateurs, des explorateurs, des démineurs, des défricheurs, des rénovateurs (ah non ! cela ce sont les libéraux), des médiateurs et, le dernier en date, un facilitateur(1): M. Wilfried Martens...Ce qui a fait dire à Jean-Michel Javaux : quand aurons-nous un terminateur ?
Mais tous ces nouveaux "fous" ne font plus rire le roi, en tout cas pas Albert II qui, si l'on en croit le talentueux dessinateur Kroll, est le plus souvant assis dans un fauteuil, chaussé de charentaises, l'air triste et une couronne vacillante sur la tête. Vraiment rien de comparable à Louis XIV, ni même à Léopold Ier...
Cette fois-ci, la mission du médiateur royal, terme générique mais qui semble tomber en désuétude, était plus extravagante que jamais : faciliter, comme dit Le Soir, l'arrivée au 16 rue de la Loi d'un premier ministre pas encore désigné ! Enfin, c'est une façon de parler, car tout le monde sait , depuis qu'il a été question d'un départ de Herman Van Rompuy "à l'Europe", que son remplaçant sera Yves Leterme. Mais le Flamand aux 800.000 voix avait besoin, comme un vulgaire francophone de la périphérie, de facilités...Amusant !
Avec toutes les gaffes qu'il a commises lors de l'aventure de l'"Orange bleue", la classe politique francophone craint en effet le retour de la "casse", une casse que nous, rattachistes wallons, souhaitons bien évidemment, et qui a justifié notre désapprobation de la "Lettre" concernant M. Van Rompuy adressée par certaines personnalités wallonnes au Président Sarkozy.
Mais qu'a obtenu Wilfried Martens ? A vrai dire, pas grand chose : une procédure de négociation pour résoudre le problème BHV. Et quelle est cette procédure ? Déterminer qui va négocier et dans quel forum : les présidents de partis ou un comité des "Sages". Quant à la solution en elle même, on n'est encore nulle part, on sait seulement que ce sera une solution négociée. Sur quelle base ? Mystère ! Tout au plus sait-on que certains évoquent un retour provisoire aux anciens arrondissements électoraux ou le droit d'inscription de francophones de BHV à Bruxelles pour le prochain scrutin...
Pas de quoi faire rire, ni amuser Albert II. Mais de quoi ridiculiser à nouveau la Belgique, ce monstre à deux têtes ...!
(1) ou accompagnateur, c'est selon.
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4 commentaires:
Aurons-nous un Leterminator ?
Un "facilitateur " est un anglicisme.préférons "faciliteur" qui est plus français. Pourquoi "tater" là où il faut faut agir !
Depuis ce matin, il y a un nouveau "fou", Jean-Luc Dehaene. Cela fait vraiment penser à ces médecins du Moyen Age qu'on appelait en consultation au chevet d'un mourant...
Notons au sujet du terme "facilitateur" une excellente vidéo du professeur Cerquiglini :
http://www.tv5.org/TV5Site/lf/merci_professeur.php?id=5772&id_cat=
Pourquoi faire simple, en effet...
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