mardi 3 novembre 2009

Les rêveries et contradictions de M. Gendebien, président du RWF

Le site officiel du Rassemblement Wallonie-France serait-il en mal de copies ou d'inspiration, alors que l'actualité politique regorge pourtant de nombreuses matières à réflexion ? Toujours est-il que le site fédéral reproduit aujourd'hui un long extrait du livre Belgique, le denier quart d'heure ?, que M. Paul-Henry Gendebien a publié en 2006 aux éditions Labor. Selon le "Webmaster", les 17 propositions pour la Wallonie développées dans cet ouvrage seraient toujours d'actualité. Le plus curieux est qu'elles se situent toutes dans le cadre de l'Etat fédéral, voire confédéral belge, alors que l'objectif fondamental du RWF est d'en sortir et de réunir la Wallonie à la France...
Quelles sont ces 17 propositions, qui font penser aux 12 travaux d'Hercule ?
Les voici : 1) l'élection du ministre-président wallon au suffrage universel direct à deux tours, selon le modèle de la Cinquième République; 2)le système majoritaitre uninominal à deux tours pour l'élection des députés au Parlement wallon; 3) le recours à des référendums pour les très grandes options politiques; 4) la réduction à cinq du nombre des ministres de la Région wallonne; 5) la suppression des cabinets ministériels; 6) l'interdiction d'exercer une fonction ministérielle pendant plus de deux législatures; 7) la prohibition de tout cumul de mandats politiques; 8) l'impossibilité de se faire élire dans une Assemblée et de siéger dans une autre; 9) la création d'une Cour des comptes régionale; 10) la création d'une circonscription distincte d'Eupen-Saint-Vith pour la minorité germanophone; 11) la repolitisation - au sens convenable du terme - des Wallons, en rétablissant un civisme actif; 12) une réforme de la RTBF, la deuxième chaîne étant remplacée par un bouquet de chaînes wallonnes et bruxelloises; 13) la création d'un service civil pour les jeunes (garçons et filles) entre 16 et 25 ans; 14) le renouement de la société wallonne avec les valeurs de la citoyenneté, qu'on appelle valeurs républicaines en France; 15) l'approfondissement de la séparation des Eglises et de l'Etat; 16) la révision de la démocratie bruxelloise, avec une simplification radicale des institutions et la suppression de la double majorité et du droit de véto; 17) la réforme des mentalités et "l'inversion culturelle", impliquant le rejet du clientélisme politique et le fait, pour les Wallons et les Bruxellois, d'être "politiques avant d'être sentimentaux".
La question n'est pas de savoir si ce programme est, ou non, applicable à la Wallonie - il contient en soi de bonnes idées - mais de se demander quel rapport il a avec la revendication essentielle du RWF, ce pour quoi il a été créé, sa véritable raison d'être : la réunion de la Wallonie à la France. Il s'agit en effet d'un programme de gouvernement de la Région wallonne - et accessoirement de la Région bruxelloise-, alors que le RWF s'est toujours défendu d'avoir de telles visées, M. Gendebien ayant même précisé que son parti poursuit un objectif non pas électoraliste, mais de sensibilisation de l'opinion publique wallonne.
Il y a, dans les positions du président du RWF, une étonnante contradiction et même une certaine incohérence. Pourquoi, par exemple, proposer l'élection du ministre-président wallon au suffrage universel, alors que ce ne serait plus le cas si la Wallonie devenait une région de France ? Pourquoi vouloir réformer ou créer ce qui est appelé à disparaître ? Car contrairement aux rattachistes-régionalistes, M. Gendebien prône une assimilation pure et simple des Wallons à la France, avec quelques accomodements pour faire bonne mesure, mais en rejetant la formule de l'"union-intégratation" qu'un citoyen français est venu exposer, avec talent, aux Etats généraux de Wallonie ! En outre, si la Région wallonne était réformée selon les vues de M. Gendebien, si elle devenait une petite république calquée sur la République française, quels arguments resterait il aux rattachistes pour revendiquer la réunion ?
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11 commentaires:

Pynnaert Pierre a dit…

Les rattachistes régionalistes reproche souvent au RWF de ne pas aimer la "Wallonie" en la critiquant.
je comprends cet article du RWF dans une volonté de rénovation de la région wallonne vers une meilleure gestion et représentativité.
Au cas où le rattachement ne se ferait pas ou pas assez rapidement à nos yeux.

A. Schreurs a dit…

M. René G. Thirion est un adepte de l'adage selon lequel "ceux qui pensent trop n'agissent pas", ou quelque chose comme cela.
Avec lui, il n'y a aucun risque de ce genre, car le bloggeur ne pense guère, semble -t-il, et il réfléchit encore moins. Le plus souvent, il diffuse, avec un porte-voix,les idées du président du RWF. Comme les disques d'autrefois, il est en quelque sorte "La voix de son Maître" ...
Ce ne serait encore rien qu'il ne "pense" pas beaucoup, mais en outre, il ne semble pas comprendre ce qu'il lit ! Et cela donne des affirmations péremptoires comme celle-ci, en réponse à mon dernier message : "les propositions émisent en 2006 par M. Gendebien sont plus actuelles que jamais" !
A défaut d'arguments, il souligne que M. Alain Destexhe est du même avis que le président du RWF, sauf bien sûr, concernant la profession de foi réunioniste de ce dernier.
Or M. Destexhe est tout ce qu'il y a de plus belgicain et droitier. Certes, il avait publié en 2005 un ouvrage, "Wallonie, la vérité des chiffres", où il s'efforçait de démontrer que la situation économique de notre région est désastreuse. Mais il y a peu, il a aussi publié, en collaboration avec...M. Rudy Aernoudt, un autre livre aux relents très populistes -que certains lecteurs de "PAN", qualifient même "d'extrême-droite"-, intitulé : "Comment l'Etat gaspille votre argent".
Rudy Aernoudt, faut-il le rappeler, est cet ancien fonctionnaire flamand qui fut démis de ses fonctions et s'est associé à l'avocat ulta-droitier et belgicain Mischaël Modrikamen pour créer le nouveau Parti populaire (PP) dont il est le secrétaire général.
Quant à M. Alain Destexhe, sénateur fédéral et député MR, à la fois de la Communauté française et de la Région de Bruxelles, c'est un de ces Liégeois qui est allé se "dénationaliser" en s'établissant dans la capitale du royaume. Certes, l'homme est brillant(il est diplômé en sciences politiques de Paris) et humaniste (il a été le secrétaire général de "Médecins sans frontières"), mais c'est un belgicain de la droite "pure et dure".
Le moins qu'on puisse dire est qu'en invoquant M. Alain Destexhe à l'appui des thèses de M. Paul-Henry Gendebien, M. Thirion situe le président du RWF en une bien curieuse et douteuse compagnie ! Je ne suis pas certain qu'il l'appréciera. "Préservez-moi de mes amis", va t-il sans doute penser...

Philippe Rasquin a dit…

@ M. Pierre Pynnaert :

C'est bien possible, mais c'est contradictoire et maladroit.Les gens vont penser : tiens M. Gendebien ne croit pas plus que ça au rattachement, il se place déjà dans une position de retrait !

Julien Senny a dit…

Pour les militants, c'est tout-à-fait démobisateur !

P. Marchot a dit…

Ceci montre encore que Monsieur Gendebien est dépassé. Il a rendu de grands services, mais il entretient des confusions préjudiciables. Ses propositions s'adressent plutôt à un Etat wallon indépendant, alors qu'il a toujours estimé qu'un tel "Etat-confetti", selon ses termes, n'est pas viable du point de vue économique. ET en même temps, il s'oppose à la formule de M. Lenain.
Pourquoi avoir rappelé ses 17 propositions de 2006 qui n'ont rien à voir avec l'actualité ? C'est peut-être l'administrateur su site, M. Joël Goffin, qui a eu cette idée, mais dans ce cas, il n'a pas rendu service à son président. Et Monsieur Thirion non plus.
Cette erreur d'appréciation montre bien qu'il faut une nouvelle équipe à la tête du RWF. Si Monsieur Gendebien pouvait l'admettre, beaucoup lui en seraient reconnaissants.

P. Marchot a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Georges Lambert a dit…

La première grande erreur de Monsieur Gendebien est de ne pas être venu aux Etats généraux de Wallonie. Il aurait pu y venir avec suffisamment de militants pour grossir les rangs de l'assemblée, mais pas trop pour qu'on ne puisse pas accuser les organisateurs des EGW de manipulation ou, comme on a dit, de lobbying rattachiste. Quand on dirige un parti politique, il faut avoir un certain "flair" et un sens des opportunités (sans pour cela être "opportuniste"). Surtout, il ne fallait pas donner de consignes négatives, comme l'a fait M. Gendebien. C'est son comportement à lui qui a créé des divisions au sein du RWF.Les Liégeois, qu'on ne manipule pas ainsi, ont rejeté les oukases du président et ont participé activement aux EGW.
C'est vraiment dommage qu'il ait agi de la sorte et, au lieu de reconnaître qu'il a commis une erreur (tout le monde peut se tromper), il s'entête et son Bureau exécutif avec lui. Le fait de se faire assister par un vice-président (comme au MR?) n'arrangera pas les choses. Il faut une nouvelle équipe, avec un autre programme et une autre stratégie politique.

Guy Doneux a dit…

Une équipe plus jeune, avec un programme plus souple et mieux adapté à la sensibilité des Wallons, est prête à apporter le renouveau nécessaire, la "perestroïka", dont le parti a besoin. Elle se réunit déjà en un "shadow Bureau" pour affiner le programme et la stratégie.Tout sera prêt pour le congès statutaire de janvier.
f

C.Thayse a dit…

Je me dois de rétablir les choses dans leur contexte.
Dans le livre « Belgique, le denier quart d'heure ? » publié en 2006 aux éditions Labor, M. Paul-Henry Gendebien a simplement repris à son compte les propositions élaborées par le Bureau exécutif du RWF dont certains membres (Marc Philippe, Claude Henrard et quelques autres « rattachistes-régionalistes » dont moi-même) estimaient qu’un parti se devait d’avoir un programme électoral avec un minimum de contenu concret plutôt que des incantations pour les régionales de 2004. En dehors de quelques propos faciles ou un peu démagogiques – je le reconnais, mais pourquoi s’en priver quand on lit ce que proposent les partis officiels ? - l’originalité de certaines de ces propositions consistait dans le fait qu’elles ne pouvaient être applicables et surtout appliquées que dans le cadre d’une Wallonie devenue française ! Ce qui, curieusement, n’apparaît absolument plus dans la sécheresse des formulations reprise dans l’énumération reprise dans votre billet.

A. Schreurs a dit…

@ Claude Thayse :

Je prends bonne note que vous avez participé,avec Claude Henrard, à l'élaboration des 17 propositions reprises par M. Paul-henry Gendebien dans son livre "Belgique,le dernier quart d'heure", mais je cherche en vain, en les relisant en détail, le rapport qu'elles ont avec la réunion à la France.
En voulant à tout prix se forger un programme "comme les autres partis officiels", le RWF est tombé dans la même erreur, mutatis mutandis, que jadis le Rassemblement Wallon, avec son mélange de libéralisme, de socialisme et de démocratie chrétienne - alors que le seul objectif pour lequel il avait été créé était de réaliser - ou de faire avancer - le fédéralisme, la régionalisation de la Belgique. On sait comment cette aventure s'est terminée.
C'est une ereur, à mon sens, de jouer sur les deux tableaux, celui du présent, dans le cadre belge, et celui de l'avenir, dans le cadre français. Renforcer l'autonomie wallonne - tout en refusant de prendre en considération la formule de l'union-intégration - et prôner dans le même temps la réunion à la France, me paraît contradictoire et incohérent. Une chose est de proposer aux Wallons, POUR L'APRES-BELGIQUE, un statut régional particulier dans la République française, comme le fait en quelque sorte M. Jacques Lenain, autre chose est de leur proposer dès-à-présent, DANS LE CADRE BELGE, de nouveaux modes de gouvernance et de votation qui, dans la pensée de Monsieur Gendebien, ne subsisteront pas une fois la Wallonie réunie à la France, puisqu'il rejette l'idée du maintien du droit belge - ou wallon - que suggère précisément M. Lenain !
Prenez les choses par n'importe quel bout, la position du RWF est contradictoire et ce n'était vraiment pas le moment de rappeler ces 17 propositions, qui sont tout sauf actuelles.

CT a dit…

Dans le programme de 2004, il n'y avait pas que ces 17 propositions.
Il faut également se reporter dans le contexte de l'époque. 5 ans, c'est une éternité en politique...
Je conviens volontier que ce rappel soudain de propositiojns sorties de leur contexte électoral (J'insiste : l’originalité de certaines de ces propositions consistait dans le fait qu’elles ne pouvaient être applicables et surtout appliquées que dans le cadre d’une Wallonie devenue française !)n'apporte rien et est, au contraire, plutôt néfaste.

Mon commentaire ne se voulait qu'un rappel d'un contexte antérieur à celui de l'époque de la publication du livre.