Jean-Sébastien Jamart nous rappelle, sur son blogue (voir notre lien ci-contre), que l'association "ReBel" organise le vendredi 17 décembre une Journée d''études, à la Fondation universitaire de Bruxelles. Objet de cette rencontre : repenser la Belgique, ou plutôt "Rethinking Belgium" - d'ou "ReBel", -, car tous les travaux se dérouleront en anglais, langue "neutre", si l'on peut dire, pour exprimer la belgitude.
Les initiateurs de cette Journée, comme de l'association elle-même, sont des professeurs enseignant dans nos diverses universités des deux communautés culturelles, la néerlandaise et la française, qu'ils proposent, sinon de supprimer, de réduire à leur plus simple expression, car ils prônent un fédéralisme régional. Le plus connu d'entre eux semble être M. Philippe (Tony?) Van Parijs, professeur d'économie et d'éthique sociale (quel rapport avec la science politique ?) à l'UCL et à Harvard.
M. Van Parijs avait déjà développé les objectifs et le point de vue de "ReBel" lors d' une interview publiée dans L'Echo du 29 avril 2009. Dans cette interview, il précisait que le groupe est "un lieu de débat sur la réforme des institutions fédérales belges", non pas un "think tang", c'est-à-dire un groupe relativement fermé de chercheurs, mais "un milieu intellectuel extrêmement ouvert" pour "penser sérieusement à l'avenir du pays"(...) "Notre rôle d'universitaires, dit-il, est de participer activement au débat public".
Fort bien ! Mais avant même le débat annoncé pour le 17 décembre, les organisateurs ont leur petite idée sur l'avenir de la Belgique et les réformes institutionnelles qui s'imposent et qui - est-ce un hasard ? - sont celles que proposent l'association belgicaine "B Plus" et le non moins belgicain Parti populaire de droite - le PP - lancé dernièrement par MM. Aernoudt et Modrikamen : un fédéralisme axé sur les Régions et la création d'une circonscription électorale fédérale élisant la moitié des parlementaires "belges", proposition exemplaire selon M. Van Parijs.
Certes, le débat est ouvert à tous; même les séparatistes et les rattachistes sont les bienvenus à la Journée d'études, mais ils sont prévenus : les propositions qui ne seraient pas étayées par des arguments intelligents seront balayées...Merci ! Par ailleurs, les dés sont bien pipés puisque les organisateurs annoncent péremptoirement : "il n'y a aucun doute que la Belgique nous survivra (...) Non pas parce qu'elle ne serait pas artificielle, comme la Flandre et la Wallonie et même l'Europe d'ailleurs, qui sont des "paquets institutionnels (?).Mais parce que le repli sur des entités unilingues n'a plus de sens au XXIè siècle ( même en se "repliant" sur un grand pays de 65 millions de Français ?), et surtout parce ni les Flamands ni les Wallons "ne quitteront la Belgique sans Bruxelles".
Nous y voici ! Les grands penseurs de ReBel disent ce que le thing tank de "Liège-France" ne cesse de répéter, au grand dam de certains francophonissimes de la capitale : c'est Bruxelles qui maintient la Belgique en vie, sans elle, la Flandre et la Wallonie seraient séparées depuis longtemps, comme la Tchéquie et la Slovaquie, et la Wallonie serait probablement déjà une Région de France, envoyant dans sa vraie capitale, Paris, ses représentants à l'Assemblée nationale. A moins d'une guerre civile, le seul moyen pour les Wallons de (re)devenir Français serait il de "lâcher" Bruxelles" ?
Tout dépend de la lucidité et de la compétence des penseurs de ReBel. Des politologues ou des marabouts ?
Exprimez votre avis. Postez des commentaires. Et de manquez pas de lire le spirituel canulard sur la proposition de l'Etat d'Israël aux Autorités européennes de partager Bruxelles entre la Flandre et la Wallonie : http://drzz.info/article-israel-appelle-l-ue-a-partager-bruxelles-40864972.html (signalé par Claude Thayse).
19 commentaires:
Mais si la Wallonie lâche Brxl, la Flandre n'exigera plus rien. Le Wallon se réveillera encore tous les jours autant belge que maintenant mais colonisé alors pour toujours par moeder vlaanderen.
Au contraire, il faut faire bloc avec Bruxelles, continuer à exiger ce que la Flandre ne peut accepter afin de la pousser à elle-même claquer la porte ou faire en sorte que le pays implose de lui-même (impossibilité d'encore organiser un scrutin).
Parce que s'il faut compter sur les Wallons pour claquer la porte, on risque d'attendre encore longtemps.
Bien à vous.
Oui, mais si la Flandre ne veut pas claquer la porte sans emporter Bruxelles avec elle, et si on ne peut pas compter sur les Wallons,la Begique peut encore durer longtemps.
Les francophones auront beau exiger l'élargissement de Bruxelles en contrepartie de la scission de BHV, c'est "onbespreekbaar" pour les Flamands. Par contre, les Flamands peuvent scinder BHV par un simple vote au Parlement fédéral, puisqu'ils y détiennent la majorité des sièges. Et que feront les Wallons et les francophones, à part quitter la séance ?
Le point de vue de "ReBel" fait l'impasse sur une solution internationale au problème de Bruxelles. C'est d'autant plus curieux que de nombreux représentants des ambassades et des institutions européennes se sont inscrits pour participer à la Journée d'étude du 17 décembre. On pourrait en effet imaginer que, quel que soit le sort institutionnel de Bruxelles, la France et les Pays-Bas puissent se porter garants du respect des droits des francophones et des néerlandophones dans la capitale de l'Europe. François Perin n'avait-il pas envisagé cela dans un de ses ouvrages ? Il y a peut-être là une idée à creuser.
A.Schreurs
Oh Monsieur Schreurs le scénario est déjà établi : même après le vote, la loi ne pourra pas être promulguée. Je crois qu'on espère que les ministres francophones s'y refusent ou que le Roi lui-même intervienne, quelque chose dans ce genre.
Je trouve cela extrêmement naïf. Comme si les politiques francophones majoritaires ne pourraient pas être amenés à "avaler" la scission de BHV en échange de Dieu sait quoi.
Car c'est bien là la faiblesse des francophones : tout doit venir des Flamands. Les politiques francophones font preuve d'une passivité totale, et la population ne leur en tient pas rigueur, braquée comme elle est sur les seuls Flamands.
Dans ces conditions, espérer qu'on obtiendra tout ce que l'on veut est vraiment utopique. Il n'est pas impossible que les francophones perdent à la fois la Belgique, la périphérie et Bruxelles avec une telle "stratégie".
"Les politiques francophones majoritaires" ??? Où cela, Monsieur
Vanden Bloock ? A la Chambre et au Sénat, ils sont minoritaires ! Je ne comprends pas bien votre raisonnement. Et il ne faut même pas une loi spéciale pour voter la scission de BHV.
On ne peut pas avoir tout et son contraire. On ne peut exiger d'un côté que Bruxelles soit une Région à part entière, mais qu'elle soit en même temps subordonnée aux communautés. Pas plus que ne soit maintenu l'arrondissement BHV, qui chevauche deux États fédérés, ce qui n'existe dans aucune fédération, pas plus que n'existe une "circonscription fédérale". À quoi bon une telle circonscription, si les partis ne sont pas fédéraux comme au Canada ou en Suisse ?
En conclusion, la Belgique est irréformable, à moins de prendre comme base de travail une confédération assez lâche, qui puisse permettre aux États confédérés de s'associer avec leurs voisins français et néerlandais. Mais selon moi, une confédération franco-wallonne aurait plus d'avenant.
Le fédéralisme régional, n'est-ce pas aussi une revendication des régionalistes wallons, comme M. Robert Collignon. Est-ce que l'Institut Jules Destrée ou son directeur je pense, M.Destatte n'a pas également soutenu ce point de vue ? Avec quatre régions, en comprenant la germanophone ? Et les communautés étaient-elles supprimées dans ce projet wallon ?
Peut-être que M. Dolhet est au courant et pourra m'éclairer.
André Schreurs dit : le seul moyen pour les Wallons de (re)devenir Français serait il de "lâcher" Bruxelles" .
Non, Monsieur Schreurs, il y a un autre moyen pour les wallons qui souhaitent devenir français, ils peuvent aller habiter en France et demander la nationalité française.
Car beaucoup de wallons préfèrent rester wallons, même belges, que de devenir français.
Et quoi que vous en pensiez, la solidarité Wallonie-Bruxelles tiendra bon.
Et ceci n'est pas un dogme, c'est un fait.
A Vincent Bodart
En effet les régionalistes wallons des années 1960 étaient fédéralistes, pas indépendantistes, c'est fondamentalement différent. Robert Collignon en faisait partie aux côtés de Freddy Terwagne. J'étais également à leurs côtés.
Nous souhaitions une plus grande autonomie économique pour la Wallonie. Nous ne l'avons pas obtenue, et pendant ces quelques dizaines d'années, la Flandre a continué de s'enrichir grâce à sa domination sur l'Etat belge.
En ce qui concerne Re-Bel, je pense que les professeurs ont raison quand ils disent que ni la Wallonie, ni la Flandre ne lâchera Bruxelles. Mais, les raisons sont différentes, la Flandre a compris l'intérêt économique de conserver Bruxelles. La Wallonie, c'est plutôt par solidarité francophone, enfin, c'est ce que disent les politiques wallons.
Monsieur Schreurs, je ne veux pas faire d'attaque personnelle, mais je trouve dommage qu'un politologue de votre envergure confonde l'ancien ministre CD&V Tony Van Parijs et le pfr Philippe Van Parijs qui a étudié la philosophie, le droit, l'économie politique, la sociologie et la linguistique aux Facultés universitaires Saint Louis (Bruxelles) et aux Universités de Louvain, d'Oxford, de Bielefeld et de Californie (Berkeley). Il est titulaire de doctorats en sciences sociales (Louvain, 1977) et en philosophie (Oxford, 1980).
Celui-ci est en effet un régionaliste fédéraliste.
M. Dujardin, je me suis mal exprimé. Il faut lire "les politiques francophones de la majorité". Ceux qui sont aux affaires. Qui décident ou sont censés le faire.
@ M. Alex Remacle :
Vous êtes bien agressif, Monsieur Remacle, alors que j'ai toujours été aimable avec vous. Je vous ai même offert toute une documentation sur le Congrès national wallon de 1945.
Vous jouez sur les mots : vous aviez très bien compris que "le seul moyen pour les Wallons de devenir français", signifie "le moyen pour la Wallonie d'être réunie à la France". Cette réaction: "aller vivre en France et acquérir la nationalité française" est celle qu'avaient déjà les belgicains à l'encontre des rattachistes du Congrès de 1945qui s'étaient prononcé pour la réunion à la France lors du premier vote...
Je constate d'ailleurs, à ma grande surprise, votre affirmation selon laquelle "beaucoup de Wallons préfèrent rester wallons, MEME BELGES, plutôt que de devenir Français ! Vous comptez-vous parmi ceux-ci ?
Par ailleurs, vous défendez un Etat wallon indépendant - position que je respecte tout-à-fait- et prônez en même temps la solidarité Wallonie-Bruxelles...au risque de promouvoir un Etat Wallobrux, soit une petite Belgique miniature francophone.
Tout cela me paraît bien contradictoire...
J'en profite pour préciser un point concernant les régionalistes wallons. Ceux qu'évoque Monsieur Bodart - il est trop jeune pour cela - ne sont sûrement pas ceux de 1960, mais les actuels. Laissez-moi vous dire que Monsieur Robert Collignon défend toujours ce point de vue ( le fédéralisme à 4 Régions)tant que la Belgique existe, mais que si celle-ci éclate, il est favorable à la réunion de la Wallonie à la France; il est d'ailleurs membre du comité de patronage de la revue rattachiste "Wallonie-France".
Enfin, la confusion des deux Van Parijs n'est pas de moi, mais du journaliste de l'"Echo" qui a interviewé le professeur. Si vous aviez été lire l'article en cliquant simplement sur le lien de M. Jean-Sébastien Jamart, vous l'auriez constaté.Puis-je vous inviter à un peu plus de circonspection et à moins d'impulsivité à l'avenir. Je vous en remercie.
Excusez-moi Monsieur Schreurs pour mon impulsivité naturelle de liégeois. Comme vous le savez, nous avons les cheveux fort près de la tête. Mais parfois votre dogmatisme rattachiste m'énerve un peu et en même temps me fait sourire. Votre objectif de rattacher la Wallonie à la France vous rend tellement subjectif. Vous avez l'air de vous moquer de professeurs de Re-Bel, cela ne fait pas sérieux et n'élève pas le débat. Sachez que je suis dans l'expectative vis-à-vis de leur démarche, mais je suis content qu'elle existe pour avoir un point de vue des académiques. Cependant, cela n'enlève rien au profond respect que j'éprouve à votre égard et je respecte votre engagement rattachiste. Encore toutes mes excuses si j'ai pu douter de vous.
Je ne vois pas pourquoi une Wallonie indépendante ou autonome solidaire de la Région Bruxelles est contradictoire. Cette solution d'un Etat fédéral Wallonie-Bruxelles est défendue par le PS et le MR et par de nombreux universitaires et académiques ainsi que par de nombreux wallons et bruxellois. C'est là que je ne trouve pas votre respect pour l'opinion largement répandue des autres. C'est pour cela que je parle de votre dogmatisme, le rattachisme, c'est comme une religion pour vous.
Bien à vous,
Cher Monsieur Remacle,
Ce n'est pas parce que je ne suis pas favorable à l'option "Wallonie-Bruxelles" que je ne respecte pas ceux qui la défendent, bien au contraire, soyez en assuré.
Mais je reconnais que la France - plutôt que le rattachisme - est pour moi une sorte de religion :la France et, natutrellement, tout ce qu'elle représente à mes yeux. Ce sentiment n'est pas exceptionnel. Je me souviens d'avoir un jour entendu Auguste Buisseret, bourgmestre de Liège, au dîner du 14 juillet, dire dans son discours : "Pour nous, Liégeois, la France est une religion"..! C'est effectivement le cas pour certains Liégeois, dont je suis.Je tiens cela de famille : mon père et mon grand-père étaient déjà ainsi.
Bien à vous.
Monsieur Alex Remacle,
Vous dites qu’il y a un « dogmatisme qui vous énerve » dans le chef de Monsieur Schreurs. Ah bon. Alors permettez-moi également d'attirer votre attention sur l'existence d'un autre dogme, d'un véritable celui-là : celui de l’idéologie (*) dominante, celle consiste à dire comme vous, que le meilleur futur dans le contexte d'une après-Belgique (c'est à dire dans le cas ou "les flamands nous lâcheraient") serait de constituer un nouvel Etat fédéral composé seulement de la Région Wallonne et de la Région Bruxelloise, c’est-à-dire faire une mini-Belgique. C'est l’idéologie, et la seule, qui court actuellement dans la classe politique belge. Et il s'agit bien d'un dogme, ou d’un tabou si vous préférez, car les tenants de cette idéologie, comme vous par exemple, ne tolèrent aucune remise en question. Vous dites que « Cette solution d'un Etat fédéral Wallonie-Bruxelles est défendue par le PS et le MR et par de nombreux universitaires et académiques ainsi que par de nombreux wallons et bruxellois ». Et alors ? Et puis même, ce n’est pas parce que "tout le monde" se conforme une même idée, que celle-ci est absolument la bonne et encore moins la meilleure. Ne permettre à quiconque d’émettre la moindre critique sur une idée sous prétexte que celle-ci aurait été adoptée par un grand nombre de personnes, n’est-ce pas aussi faire preuve de dogmatisme, Monsieur Remacle ? Ou du moins d'une certaine arrogance. On en revient, je crois, à la parabole de la paille et de la poutre.
Bien cordialement.
Marc Hansen
(*) : Système d’idées
P.S. : Lorsque plus personne n’ose critiquer un dogme, celui-ci devient un tabou, et l’idéologie dominante devient la pensée unique d’un Etat totalitaire. Vous me permettrez, non merci !
Tout ce qui est excessif est insignifiant.
Voulez-vous rire, je vous invite à parcourir ce forum : http://www.bruxelles-francophone.be/post30333.html
Dogme
" Toute pensée religieuse est fondée sur une croyance absolue – inconditionnelle et non-critique – en un certain nombre de dogmes, c’est-à-dire de points de doctrine incontestables (…). Le dogmatisme religieux peut conduire à l’intolérance et au fanatisme. (…) Parce qu’il inspire le sentiment de la certitude absolue, parce qu’il diabolise la déviance de l’Autre, parce qu’il culpabilise toute acceptation de sa différence et qu’il justifie donc son rejet, parce qu’il enracine la haine dans la bonne conscience, parce qu’il encourage et légalise la coercition, parce qu’il peut s’exacerber en passion aveugle, le dogmatisme peut conduire au sectarisme et à l’extrémisme de la pensée et des actes : persécutions, chasses aux sorcières, pogroms, inquisitions, autodafés, conversions forcées, guerres et toutes violences religieuses. "
http://www.ulb.ac.be/cal/laiciteAZ/dogme.html
@ Alex Remacle :
1. On peut avoir une croyance sans que ce soit un dogme. C'est le cas des protestants, par exemple, aussi chrétiens que les catholiques, mais qui fondent leur foi sur des textes, des témoignages, essentiellemnt la Bible et les Evangiles. C'est ce qui permet à des protestants d'être francs-maçons, comme l'éminent Jean Rey, fils de pasteur, libéral et grand européen.
2. Auguste Buisseret, que j'ai cité, et pour qui la France était comme pour moi "une religion", était lui aussi libéral et franc-maçon, comme mon père d'ailleurs.
3. Ne confondez-pas les Comité d'Action laïque, sortes d'activistes anti-religieux, avec la Franc-maçonnerie, dont un des fondements est la tolérance et le respect d'autrui.
Tout est dit.
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