samedi 31 juillet 2010

Concilier l'inconciliable...Une réforme radicale

Dans la longue déclaration  que le "préformateur" Elio Di Rupo a faite à la presse, on trouve un peu tout et son contraire. Son travail, dit-il est titanesque, car il s'agit, selon ses propres termes, de concilier l'inconciliable, à savoir, peut on lire dans La Libre : un vote flamand  s'étant largement dirigé vers des partis "confédéralistes, voire indépendantistes" et un vote francophone attaché à une Belgique fédérale. On ne saurait mieux dire !
Que veulent les négociateurs flamands ? Réaliser le cahier des revendications flamandes associé au dernier accord de gouvernement flamand appelé Note Octopus. Il s"agit de la régionalisation du marché de l'emploi (politique d'activation des chômeurs, définition des groupes cibles, formations, etc). Et dans la foulée des résolutions du Parlement flamand de 1999, la régionalisation des soins de santé et de la politique familale, y compris les allocations familiales. La Flandre réclame aussi des premiers pas dans la voie de la régionalisation de la SNCB, via l'implication des Régions dans le programme d'investissement ferroviaire, de même que l'augmentation de l'autonomie fiscale et financière des Régions. Elle veut encore régionaliser partiellement la Justice et la politique de l'immigration., sans parler, bien entendu de la scission de BHV...Bref, il s'agit d'appliquer en le précisant l'article 35 de la Constitution afin de faire basculer le centre de gravité de la Belgique de l'Etat fédéral vers les entités fédérées.
 Elio Di  Rupo est d'accord sur le principe de ce basculement. Il l'a dit très clairement lors de sa conférence de presse : "Vu les résultats électoraux en Flandre, nous savons que le centre de gravité de la Belgique se déplacera vers les entités fédérées", phrase qui, selon Le Soir "fait hurler les francophones". Et le quotidien vespéral ajoute : le préformateur, considérant que l'essentiel est de" préserver la solidarité personnelle et la stabilité du pays"," engage les négociations sur la voie de la révolution copernicienne" voulue par les nationalistes flamands. qui , rappelons le, représentent 44% de l'électorat du Nord.

Dès lors le président du PS annonce une réforme radicale, titre Le Soir, au grand dam des belgicains [on imagine la tête du sénateur baron Delpérée, qui a séjà dû encaisser  que le nouveau président du Sénat soit un séparatiste  flamand républicain ! ], même si la position d'Elio Di Rupo vise à sauver - stabiliser, comme il dit - cette Belgique de plus en plus surréaliste et ingouvernable à terme... Réussira-t-il à assurer la survie de cet Etat artificiel et moribond, au prix d'un acharnement thérapeutique dont on ne comprend pas bien le sens? Echouera-t-il dans cette "mission impossible" ? Les prochaines semaines, qui seront cruciales, nous le diront...
Mais la question que tous les gens lucides devraient se poser est la suivante : pourquoi vouloir "sauver", ou plutôt prolonger ce pays qui n'en est pas un, qui n'a jamais été une nation et se compose en fait de deux pays- la Flandre et la Wallonie- que tout oppose : non seulement la langue et la culture, mais les conceptions de la vie en société, du droit et de la  démocratie , de même que les intérêts économiques et financiers Il y a bien plus de différences et d'oppositions entre "nos" deux peuples qu'il n'y en avait entre les Tchèques et les Slovaques, qui se sont séparés intelligeamment à l'amiable !Pourquoi ne pas suivre leur exemple ? Cela demeure pour nous, rattachistes, un profond mystère, qu releve peut-être de la psychiatrie...
Envoyez des commentaires, mais pas anonymes, car ceux-ci seront systématiquement refusés.

18 commentaires:

Yves Pierlot a dit…

De fait, nous n'entendons plus tonner "le confédéralisme est le fédéralisme des cons". Où se cache-t-il? Dans les jupes de Joëlle? Chez les belchicains, le ridicule ne tue plus, il fait partie du quotidien. Je partage l'opinion de Monsieur Schreurs, les semaines à venir seront capitales. Nous serons très vite "au parfum".

Serge a dit…

Je sais qu'il est inutile de ressasser le passé. Ce qui est fait est fait.
Mais nous avons donné à la nation Flamande le bâton pour nous battre.
• Pendant la première guerre mondiale, une déclaration d’indépendance de la Flandre fut faite. Nous aurions dû la leur laisser à l’armistice.
• A la fin de la seconde guerre mondiale et lors de l’affaire royale de 1950, des responsables wallons avaient envisagés de se séparer de la Flandre. Nous aurions dû le faire.

Nous récoltons maintenant les résultats de ces erreurs. Je suis d’accord ce pays n’a plus d’avenir. Les Flamands ne veulent plus de nous, qu’ils partent donc, ne nous accrochons plus.
Mais il ne faut pas se mentir, la Wallonie deviendra plus pauvre. Mais n’est-ce pas dans les pires moments que l’ingéniosité humaine donne ce qu’elle a de mieux ? Séparé de la Flandre ,avec ou sans Bruxelles, pour relancer la Wallonie il faudra créer une toute nouvelle façon de la gérer. Le coût du travail ne doit pas être un frein au développement. La fraude sociale, l’usage abusif de la solidarité et certaines dérives de celle-ci doivent disparaître. En effet, qui ne connaît pas dans son entourage des personnes chômeuses ou non qui travaillent au noir, ou simplement des personnes préférant rester chômeuses car le travail qu’ils trouvent ne leur rapporte pas plus (ou à peine) que leurs allocations ?

Philippe Rasquin a dit…

Pourquoi certains rattachistes craignent-t-ils le confédéralisme?
Ce serait pourtant une excellente chose :

A) Ce système implique beaucoup plus de pouvoirs et de compétences TANT POUR LA WALLONIE que pour la Flandre, c'est une quasi-indépendance pour les deux Régions;
B) Quel danger représenterait pour nous, Wallons, la subsistance provisoire de ce qu'on appelle "une Belgique coquille vide", c'est-dire un Etat confédéral quasiment privé de tous pouvoirs, hormis l'amée et la police-gendarmerie ? Que voulez-vous que les Flamands fassent avec une "coquille vide" dépourvue de pouvoirs et de compétences ?
C) Par contre, le gouvernement wallon pourrait utiliser sa quasi-indépendance pour nouer dss liens de plus en plus étroits avec la France et préparer ainsi la réunion par étapes, comme la Flandre prépare son indépendance par étapes également.
D), Certains rattachistes, comme l'auteur d'un blog rageusement anti-flamand, semblent aussi peurteux à ce point de vue que les belgicains.

A. Schreurs a dit…

@ à Serges :
La Wallonie sera peut-être plus pauvre pendant quelques temps, parce ce qu'elle ne bénéficiera plus des transferts financiers venant de Flandre, mais au moins ce sera plus digne et les Wallons, qui sont en effet capables d'ingéniosité, retrousseront leurs manches, plutôt que de vivre dans l'assistanat !
Ca a été la même chose en Slovaquie quand la Tchécoslovaquie a éclaté, mais les Slovaques ont su prendre leur destin en mains et se redresser, au point qu'aujourd'hui, on vit mieux en Slovaquie qu'en Tchéquie !!!

Georgette Davister a dit…

Monsieur André Schreurs a raison. Le général de Gaulle n'a t-il pas dit que si "une autorité représentative de la Wallonie" s'adressait à la France,celle-ci "répondrait favorablement et "de grand coeur" à cette demande ? Avec tous les pouvoirs qu'aurait le gouvernement wallon en cas de confédéralisme, qu'est-ce qui l'empêcherait d'adresser une telle demande à la France ?

francophonedebruxelles a dit…

C'est quelque peu surprenant d'apprendre que des rattachistes plaident pour le maintien de la Belgique, sous une forme "confédérale" créée par la Flandre pour la Flandre, avec Bruxelles, "sa capitale" et la Wallonie "son jardin".

En tant que Bruxellois, ce n'est pas ce que je souhaite. Au contraire j'espère un échec des "négociations", le chemin le plus rapide vers une partition qui nous serait favorable.

A. Schreurs a dit…

@ Francophone de Bruxelles:

Une sécession, due à l'échec des
négociations, serait évidemment préférable pour la Wallonie, mais à défaut de cette issue,le confédéralisme n'est pas l'épouvantail que certains pensent.Tout dépendrait de la capacité des dirigeants wallons à bien utiliser les nouvelles compétences que le confédéralisme apporterait à la Wallonie, comme l'expose M. Philippe Rasqin, dont je partage le point de vue.

Dassy a dit…

Ce qui se passe pour le moment est du pain béni pour nous, les rattachistes. Si les négociations capotent (ce qui sera sûrement le cas au vu des exigences flamandes révélées par la Libre, ce matin) le pays se dirigera vers une méga-crise de régime qui pourrait déboucher sur la prise de conscience que "la Belgique, c'est fini". A partir de là, tous les espoirs nous sont permis.
Mais l'autre scénario, celui du confédéralisme, accepté par Di Rupo,nous est aussi favorable. Si certains belgicains l'accepteront sans peine (car pour eux, ce qui compte c'est que la Belgique continue sous n'importe quelle forme), beaucoup ne pourront se satisfaire de cette Belgique coquille vide. Les régions renforcées (Wallonie- Bruxelles-communauté germanophone) vont prendre de plus en plus d'importance et le débat sur ces régions (quels rapports vont-elles avoir entre-elles? Quelles compétences vont-elles gérer? Quid de la communauté française?) sera inéluctable. Dans ce débat, les rattachistes devront être présents et proposer leur solution.Et ils seront beaucoup plus écoutés que dans le contexte belge fédéral actuel.
Tous les espoirs restent permis et je pense que l'avenir nous est favorable.

Oli a dit…

L'échec des négociations est de plus en plus probable.


La N-VA a mis une série de demandes sur la table des négociations: régionalisation du registre national,... Le fossé avec les francophones est abyssal.

http://www.lalibre.be/actu/elections-2010/article/600070/ce-que-la-n-va-met-sur-la-table-de-di-rupo.html

C. Thayse a dit…

Dans l'immédiat, le confédéralisme est la meilleure chose qui puisse arriver à la Wallonie.
Mais alors " un confédéralisme intégral" ! C'est à dire - en fait - la disparition de l'Etat fédéral et de la Communauté française.

Je l'ai déjà envoyé, mais le commentaire a du se perdre. Quatre régions Etats libres et égales en Droits. Libres de s'associer deux à deux en fonction de leurs intérêts réciproques. Mais également (et bien évidemment !) avec d'autres Etats voisins.

C. Thayse a dit…

Je partage tout à fait l'avis de Monsieur Dassy !

Il faut prendre tout ce qu'on peut au fédéral et à son succédané :la Communauté française.

Une fois que nous serons entre Wallons, les choses seront beaucoup plus faciles.

PS : Je me méfie plus des propositions ridicules (si elles n'étaient pas dépourvues d'arrière-pensées et donc très dangereuses pour l'intégrité française de la Wallonie) comme celles des "partis francophones" qui demandent l'extension des facilités à tout le Brabant flamand. On se demande qui sont les vrais impérialistes...

Unknown a dit…

Bien que Di Rupo soit belgicain, car son éléctorat l'est en grande partie, il n'est pas moins lucide. En gardant cette ligne "belge" jusqu'à un certain point il veut adresser un message électoral (en cas d'échec de sa mission de préformateur) qui dit" j'ai tout fait pour que continue la belgique mais la flandre n'a voulu faire aucune concession, je ne suis donc pas responsable de l'échec des négociations. De wever fera de même en flandre en ettribuant l'échec au "sud du pays". Car n'en déplaise aux inconditionnels de la belgique, sa fin est proche et les plans B, C ou D existent bel et bien.

Denis Dinsart

Pynnaert a dit…

merci d'avoir omi de publier mon post
je répète : le confédéralisme amènera à la satisfaction de l'ogre flamand pour 20 ans au moins, donc le confédéralisme maintiendra la belgique.
Quant à la satisfaction d'un tel confédéralisme malgré l'appauvrissement des wallons, c'est vraiment être très loin de son propre peuple.
Mr dassy a donc tord de souhaiter en bon soldat le confédéralisme, il a raison face à l'impossibilité d'un accord; il faut dire non à la flandre pour obtenir de ce nous voulons tous, mais plus encore et plus fort au RWF, apparemment.
"c'est tout pour le moment" dit la voix

Philippe Rasquin a dit…

@ M.Pynnaert :
Certains comme M. Schreurs, M. Dassy, M.Thayse, M.Dinsart,Mme Davister et quantité d'autres insistent sur LA DIGNITE DU PEUPLE WALLON et lui font confiance. D'autres comme vous et M. Thirion n'ont pas confiance en lui et préférent le maintenir dans l'ASSISTANAT. A chacun sa philosophie !

Unknown a dit…

Fier d'être wallon, après avoir été assisté par la Flandre, selon les rattachistes, ils veulent être assistés par la France ... pffft

Philippe Rasquin a dit…

@ M. Axel Remacle :

1. Il n'est pas question d'être assisté par la France, mais d'une solidarité interrégionale tout-à-fait naturelle entre des personnes ayant la même culture et la même langue maternelle. Rien de comparable donc, avec l'assistanat par les Flamands et les transferts Nord-Sud entre deux peuples étrangers.

2. Oui, fiers d'être wallon, parce que nous sommes convaincus que les Wallons sont capables de se redresser par eux-même si la Wallonie obtient, grâce aux nouvelles et importantes compétences que la grande réforme de l'Etat annoncée lui accordera, autant qu'à la Flandre.

Unknown a dit…

Vous devriez lire le livre de Michel Quévit pour vous rendre compte que la Flandre a profité de l'Etat belge plutôt que d'assister la Wallonie.

Unknown a dit…

L'assistanat de la Flandre va se transformer en solidarité interrégionale parce que la Wallonie sera en France au lieu d'être en Belgique.
Vous jouez vraiment sur les mots.