lundi 16 août 2010

Fîrs d èsse Walons ?

Ces paroles ont beau figurer dans notre hymne officiel - que plus personne n'ose jouer et que ne connaît plus grand' monde (1) - peut on encore être fier d'être Wallon ?
Certainement oui, s'il s'agit d'évoquer notre passé, les grandes luttes de la classe ouvrière pour son émancipation, la reconnaissance de ses droits, le suffrage universel et, plus près de nous, la Résistance sous l'occupation allemande, puis le Congrès national wallon de 1945 et  l'insurrection de 1950, de même que l'ingéniosité de nos grands industiels qui, autrerfois, ont fait connaître la Wallonie dans le monde entier.
Mais paradoxalement, depuis l'institutionalisation de la Région wallonnne, voici plus de trente ans, la conscience et l'ardeur des Wallons se sont considérablement émoussées, comme-ci la création de la Région dans le cadre du fédéralisme- un fédéralisme boiteux et inachevé - était un aboutissement !
Or, il n'en était et il n'en est toujours rien. Le premier "vice de construction" de la Région wallonne est qu'elle a été amputée, dès le départ, par la non-attribution des compétences culturelles abusivement réservées à la Communauté "française", qui a occulté la Wallonie sous prétexte de représenter également les francophones de Bruxelles.Il faut ajouter à cela la .politique de clientélisme et d'assistanat menée par les partis politiques wallons, en particulier le PS, couplée à un autre assistanat des Wallons par la Flandre à travers les transferts financiers Nord-Sud...
Ces réalités, ainsi que certains commentaires que nous avons reçus, nous amènent à nuancer notre billet précédent, dans lequel nous nous élevions contre les prétentions de M. Bart De Wever et son exigence qu'un contrôle soit exercé sur les résultats obtenus par le Gouvernement wallon avec l'aide financière de la Flandre. C'est bien entendu regrettable et humiliant et on ne peut espérer qu'une chose, c'est que la Wallonie puisse être gérée en "standalone" (comme on dit en français), la seule aide acceptablre pour nous ne pouvant venir que de la France et de l'Europe. Le "contrôle" en question est un peu, même si la comparaison est malheureuse, du même ordre que celui que l'on exerce sur les organisations humanitaires pour s'assurer, par exemple, que les fonds récoltés ont bien servi à aider les petits enfants du Darfour ou les sinistrés de Haïti et non à des dépenses administratives pléthoriques ou superflues. "Qui paye décide", écrit un commentateur...
Pour que les Wallons retrouvent leur fierté et leur dignité, que ce soiit pour eux-même ou pour se présenter devant la France le moment venu, il serait grand temps que leurs dirigeants politiques, Mr Di Rupo en particulier, cessent de quémander l'aide financière des Flamands, donnant ainsi à M. De Wever un argument de poids pour réclamer la responsabilité financière des Régions.
(1) A Liège, la cathédrale possède un carillon qui égrène toutes les heures les premières notes du Chant des Wallons. Il serait curieux de demander aux passants de quel air il s'agit et il est fort à parier qu'à peine un ou deux sur dix auraient la réponse juste !

N'hésitez pas à poster des commentaires.

12 commentaires:

Jean Petit a dit…

Les Wallons d'aujourd'hui ne connaissent peut-être pas le "Chant des Wallons", mais une chose est sûre : ils connaissent très bien "La Marseillaise" et l'entonnent volontiers !

Dassy a dit…

Le premier combat que nous devons mener en tant que wallons, c'est le combat pour la suppression de la communauté française.
Lorsque la Wallonie aura la maîtrise de son enseignement et de ses médias, les choses pourront changer. Pas avant.

j'espère que le nouveau rassemblement wallon pourra mener ce combat. C'est un combat, en tout cas, que l'on peut gagner car la communauté française est peu appréciée par les Wallons. Seuls les politiques et les culturels défendent cette entité.

Le remue-ménage institutionnel actuel nous rapprochera peut être de cet objectif.

Oli a dit…

Euh, si je ne me trompe pas, c'est le "valeureux liégeois" qu'égrène le carillon de la cathédrale.

;-)

Yves Pierlot a dit…

Elio Di Rupo, via son porte-parole, parle beaucoup d'un périmère fixé. Etant doné la "discrétion", ne ne savons pas en quoi il consiste. Il pourrait être élastique. Je rejoins Jacques Lenain, lorsqu'il écrit que ce serait le dernier compromis "à la belche". Car la révolte finira par gronder. Il faut, en effet, supprimer la Communauté française et passer aux régions. Les "fîrs d'èsse Walon" vont-ils sortir de leur anesthésie sans parler des Bruxellois.

A. Schreurs a dit…

@# à Olivier :

Le carillon de la cathédrale de Liège égrène le "Chant des Wallons" toutes les heures ET le "Valeureux liégeois" à chaque demi-heure. :-))

Oli a dit…

@ André Schreurs :

Eh bien il faudra que je fasse plus attention lorsque je passerai place cathédrale à l'heure juste.

Anonyme a dit…

@Monsieur Dassy :

Si la Wallonie disposait de son propre enseignement et de ses médias, tout changerait... à condition que le logiciel ne soit plus belgicain et qu'il soit entre de bonnes mains!

Car le régionalisme tel qu'il est pratiqué par certains a aussi une part de responsabilité dans notre déclin.

Pour certains culturels régionalistes, notre identité doit se limiter au folklore, au péket et aux animations enfantines. Ces mêmes culturels régionalistes n'ont que le mot "intello" à la bouche pour le vomir à longueur de journée. Pour eux, il ne faudrait surtout pas que les Wallons se mettent à réfléchir par eux-mêmes. Ces culturels-là, tout wallons qu'ils se disent, s'entendent fort bien avec les belgicains.

Si l'histoire de Wallonie est une chose, la culture en est une autre. Or, notre culture est française, pas wallonne. Et certains régionalistes wallons détestent la France, comme ils détestent toute forme de "culture élitiste." Puisque la seule élite qu'ils tolèrent c'est la leur.

F.B.

Philippe Rasquin a dit…

Choisir entre la belgitude et le
folklore wallon, c'est vraiment un peu court. Il y a bien autrechose que cela en Wallonie. Que faites vous de nos universitaires, de nos chercheurs,de nos comédiens, de nos artistes, de toute une élite intellectuelle qui vaut largement celle de Bruxelles ?(en réponse à Mr F. Beck)

Anonyme a dit…

@Monsieur P. Rasquin :

Un peu court? En tout cas, c'est le choix que certains "culturels" cherchent à nous imposer à des fins de contrôle. Vous savez, la culture, de nos jours, c'est souvent l'opium du peuple.

Ensuite, l'élite dont vous parlez, il faut bien admettre qu'elle n'a guère réussi à constituer une identité wallonne forte, sinon nous n'en serions pas là. Tout dépend aussi de ce qu'on appelle "artistes".

Juste un détail : il n'y a pas de presse d'opinion en Wallonie. Il n'y a d'ailleurs pas d'opinion, ni aucun véritable débat. Tout serait donc de la faute de la communauté française ? Allons...

F.B.

Stéphane Dohet a dit…

Je me demande ce que monsieur F. B. entend par "culturels régionalistes".

En tout cas, il se trompe sur au moins un point, notre culture est française ET wallonne, les deux ne sont pas opposables, elles se complètent admirablement. Notre culture ne doit pas se limiter au folklore, au péket et aux animations enfantines (?), mais elle ne doit pas non plus aller vers l'autre extrême et nier ce qui n'est pas spécifiquement français.

Yves Pierlot a dit…

C'est vrai, j'en connais et il ne faut pas chercher bien loin qui en sont toujours au folklore, au péket, à la frite moutarde etc ...

Anonyme a dit…

Dans le secteur de la culture publique, un régionalisme éclairé devrait impliquer l'"élitisme pour tous." Descartes ou Bergson fourniront toujours plus de clefs d'interprétation du réel que le théâtre de marionnettes... même si ce dernier fait partie aussi de notre identité, bien sûr. Seulement, tout ne se vaut pas : la culture implique une hiérarchie de valeurs.

Et le problème, c'est que certains savent très bien instrumentaliser le folklore à des fins perverses, un peu comme Big Brother imposait le novlangue dans le roman d'Orwell.

Cordialement,

F.B.