jeudi 19 août 2010

"Gravissime", vraiment ?

Lors de la conférence de presse qu'il a donnée hier soir dans la salle internationale de la Chambre, après sa longue entrevue avec le Roi, M. Ellio Di Rupo a notamment déclaré : "Il serait gravissime de ne pas prendre en considération l'opinion de la population qui, dans sa majorité [ il ne dit plus "sa grande" majorité ] ne veut pas de la scission de la Belgique".
Deux questions se posent. La première : de quelle population s'agit-il ? Celle de la Wallonie, celle de la Flandre, celle de Bruxelles ?
Il est certain qu'on obtiendrait des avis différents selon les Régions. D'autre part, en dehors d'une consultation  populaire comme celle qui a eu lieu en 1950, qui peut dire ce que pensent exactement les citoyens ? Les micro-trottoirs et autres techniques de questionnement de gens rencontrés dans la rue ne fournissent pas de données valables, car celles-ci sont souvent contradictoires. Tout dépend aussi de la manière dont les questions sont posées.
Par ailleurs, prétendre que les opinions des gens ne correspondent pas aux programmes des partis politiques pour lesquels ils votent est dangereux pour la démocratie. On sait où conduisit la politique de Rex et de Léon Degrelle, qui prétendaient opposer le "pays réel" au pays légal. Il est surprenant, à cet égard, que le président du parti socialiste utilise un tel argument...Les 2 millions de Flamands qui ont voté le 13 juin pour la N-VA et les 780.000 d'entre eux qui ont accordé une voix de préférence à Bart De Wever ne sont pas des idiots. Ils connaissaient trtès bien le programme séparatiste de ce parti et de son leader et ont voté en connaissance de cause. Quels que soient les propos que des gens peuvent tenir en privé ou dans la rue, la seule chose qui compte est le vote qu'ils expriment dans l'isoloir, puisque ce sont les partis politiques et non les gens qui décident.
La deuxième question est de se demander ce qu'une scission de la Belgique aurait de "gravissime"? Ce serait au contraire la voie de la sagesse, plutôt que de vouloir maintenir à tout prix un pays artificiel composé de deux peuples, dont les mentalités sont tellement opposées qu'Elio Di Rupo a dit lui même que sa mission consistait à "concilier l'inconciliable", que sa tâche était "titanesque" et que, de toute façon, il faudrait réaliser une "réforme radicale" de l'Etat, constituant une "révolution copernicienne"...Le sauvetage de cette Belgique hybride, dont  le rôle conçu en 1830 est achevé depuis longtemps [ the job is done ! ], vaut-il vraiment toutes ces crises politiques à répétition, ces oppositions continuelles entre Flamands et Wallons/francophones, cette non-gouvernance quasi permanente d'un Etat voué à disparaître ? Que d'efforts, de discussions sans fin, d'accords provisoires boiteux sans cesse remis en question pour retarder l'inéluctable !
En un sens, M.Maingain n'a peut-être pas tort quand il considère que M. Di Rupo n'agit pas en homme d'Etat. Un véritable homme d'Etat wallon [ il n'y en a plus de "belges" de toute façon] dirait à M. De Wever : "Vous voulez la scission de la Belgique, l'indépendance de la Flandre? Et bien, négocions dans ce sens, mettons cartes sur tables, osons aborder la question de la répartition des biens et de la dette, séparons-nous à l'amiable, allons ensemble chez le notaire". Et il entamerait parallèlement des négociations  avec la France, qui est prête à nous accueillir et pour laquelle la dette wallonne ne représenterait pas grand'chose, comme l'expose fort bien le Français Jacques Lenain.
Quant à l'opinion de la population wallonne, on sait que la moitié des Wallons sont d'ores et déjà favorables à la réunion à la France en cas de scission de la Belgique.

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7 commentaires:

Yves Pierlot a dit…

Tout à fait d'accord avec cet article. Quitte à en remettre une couche, j'ajouterai que cela coûte un fameux os aux contribuables alors que les politiques ne sont pas gênés de dire qu'il faut trouver 25 milliards d'euros d'ici 2015. Quel gâchis! Mais ce n'est pas perdu pour tout le monde. Si les politiciens freinent un max, c'est aussi dû aux intérêts financiers qu'ils ont à maintenir l'état moribond. Quant à la légende du "bon flamand belge", il n'y a plus que les cons qui y croient. De fait, on peut raconter tout ce que l'on veut, ce n'est pas compliqué! Tout se passe dans l'isoloir.

mars2000 a dit…

Je pense que ce qui anime en profondeur Elio Di Rupo, au niveau de son subsconscient, c'est 2 choses, l'une plutôt minable, l'autre plutôt ridicule :

- la volonté qu'il y ait enfin un Premier Ministre francophone et que ce soit un PS ; rappelez-vous, lorsque la N-VA a cessé d'appuyer Leterme, ce poste aurait pu revenir à Didier Reynders (les libéraux étant plus nombreux que CD&V + CDH), mais, à la grande joie des Flamands, PS et CDH s'y sont opposés

- la volonté d'éviter tout ce qui mènerait à la France, qu'il s'agisse d'association, d'intégration ou d'assimilation; il suffit de comparer avec le MR-FDF, où Daniel Ducarme a fait une proposition, certes à modifier qui a le mérite d'exister, d'une formule d'association à la France, en fait pas si éloignée qu'il n'y paraît des propositions de Jacques Lenain; au PS, rien de semblable, du moins dans ce qui est étalé dans la presse (les études de l'Institut Emile Vandervelde, Elio n'en parle jamais !), mais une volonté aveugle de pousser au maximum le régionalisme.

Je résume :
Tout sauf Didier Reynders comme Premier Ministre : minable !
Tout sauf la France comme solution : ridicule !

Benoît Delvaux

pierre@s a dit…

"Il n'y aura jamais de Belgique harmonieuse. Jamais.
Il y aura peut-être un Etat national flamand. Celui qui n'a pas vu ça est aveugle !
Mais une Belgique remodelée et établie dans la paix des Belges unis par un sentiment collectif national, ça, jamais !
"C'est un pays qui est malade, et qui ne peut pas être autre chose que malade. C'est sa nature d'être malade (...)
"La Belgique n'existera pas toujours. Elle est malade et elle finira par mourir, c'est certain"

François PERIN 1989

Et un homme politique de la vision et de la trempe de M. Perin nous manque cruellement en Wallonie.

francophonedebruxelles a dit…

EDR a largement remporte les elections en Wallonie en promettant la "stabilite" du pays, ie "sauver la Belgique a n'importe quel prix", notamment en vendant Bruxelles aux flamands et en subordonnant la Wallonie a la Flandre.

Sans la Wallonie ultrabelgicaine et soumise Bruxelles pourrait davantage se defendre et peut etre meme a terme prendre le large. Malheureusement nous ne sommes pas associes aux negociations.

Si la majorite des Wallons veulent conserver la Belgique, tres bien, mais ne decidez pas a notre place. Di Rupo est un etranger ici au meme titre que De Wever.

Vous avez soutenu De Wever et le "realiste" Di Rupo. Vous n'aurez pas le separatisme, plutot une confederation inversee. Retour progressif aux Pays-Bas du Sud?

Apres tout la Wallonie et Bruxelles n'organisent-elles pas l'Euro 2018 avec les Pays-Bas?

Philippe Rasquin a dit…

@ francophonedebruxelles :

Ce n'est pas la Wallonie qui est ultrabelgicaine c'est Bruxelles, par essence même; c'est le ceour de la Belgique et de la monarchie.

Les Liégeois fêtent le 14 juillet, les Bruxellois fêtent le 21 !

Rien n'empêche les Bruxellois de décider ce qu'ils veulent. C'est leur problème pas celui des Wallons.

Retour progressif aux Pays-Bas du Sud ? Fantasme ou paranoïa !

Ce que veut la Flandre, à tout le moins les partis séparatistes et De Wever, c'est un Etat flamand indépendant et, en attendant, ils ne veulent plus payer pour les Wallons six millards d'euros par an.

Le confédéralisme leur apportera les deux, mais pertmettra aussi à la Wallonie, si elle le veut, de se gérer elle-même.

Et la France accueillera les Wallons si ceux-ci le demandent.

Georges Lambert a dit…

"francophonedebruxelles" ferait quand même bien de signer ses commentaires.Il a beau avoir un site, ce n'est pas une raison. Ne pas signer est un manque de courage et il est dès lors mal venu de critiquer les rattachistes wallons !
PS. Son nom ne figure pas non plus sur son site.

Anne Dopchie a dit…

MR Gendebien, sur son site, confirme son constat, à savoir que la révision de la loi de financement des Régions exigée par la N-VA et le CD&V va de nouveau permettre à la Flandre de "rouler la Wallonie dans la farine"...
Le président du RWF estime donc que les Wallons doivent continuer à maintenir leur niveau de vie grâce à l'argent des Flamands ?
Donc, les Wallons seraient "roulés dans la farine" faute de ne plus bénéficier de cette sorte d'assistanat par la Flandre ?
Que le PS et le cdH raisonnent ainsi, pour ne pas effrayer leur électorat, on peut le comprendre, mais de la part d'un parti rattachiste, je suis éerluée !