vendredi 24 septembre 2010

Les volte-faces du "Soir".

Le quotidien bruxellois souffle décidément le chaud et le froid dans ses éditoriaux.
Après avoir brandi la menace du "plan B" du PS en l'agitant comme un étendard au nez des Flamands, voici que Béatrice Delvaux - qui, rappelons-le, habite en Brabant flamand - prône le  bilinguisme français-flamand généralisé dans tout le pays[sic]: "Dans ce pays toujours entier,il devrait être logique de parler les deux langues et de s'immerger ainsi dans la culture et le vécu de l'autre". Et elle conclut, en citant l'exemple du belgicain Magnette à la VRT :" C'est une évidence, être bilingue est une force dont les francophones ne peuvent plus se passer"[sic].
A cette "évidence", que le Mouvement wallon a toujours combattue, on peut en opposer une autre : si la Wallonie était réunie à la France, le problème du bilinguisme ne se poserait  pas et le temps perdu à apprendre le néerlandais pourrait être mis à profit pour aquérir des connaissances bien plus utiles ! Tant qu'à apprendre une autre langue, l'anglais est de toute façon bien plus intéressant car, contrairement au néerlandais, il ouvre des portes sur le monde entier.
Dans le même temps, un autre éditortialiste, M. Pascal Martin, s'en prend à ce qu'il appelle avec mépris le "wallonationalisme", à la suite des récentes déclarations des bourgmestres de Charleroi et de Namur. Il va jusqu'à comparer ce "wallonationalisme" avec le national-socialisme de funeste mémoire, ou tout simplement - et très grossièrement - à une "doctrine-latrines"[sic], le tout précédé d'un "Oufti" révélateur...
L'éditorialiste, qui ne comprend manifestement rien aux notions de nation et de nationalisme, dont il ne présente que des caricatures, ne connaît pas la conception française et humaniste de la nation, telle que l'a définie Ernest Renan avec sa célèbre formule : "la nation est  un plébiscite de tous les jours". Nous recommandons à cet égard l'excellent billet que notre ami Claude Thayse a publié sur son blogue-notes.
A l'appui de ses dires, l'éditorialiste n'hésite pas, après avoir été grossier, à accuser de "créationnistes" ceux qui veulent "convaincre les Wallons qu'ils forment une nation", et de citer des paroles falsifiées du Chant des Wallons qui n'existent que dans son imagination délirante...
Bien sûr, la Wallonie n'est pas une nation comme la France, dont elle fait d'ailleurs moralement partie. C'est, pourrait-on dire, une petite nation régionale, mais qui, dispose, autant que la Flandre, d'un territoire bien défini,  d'une langue et d'une culture propres( par rapport au Nord). Le fameux congrès de 1945, comme tous ceux qui suivirent, s'appelait Congrès National Wallon, sans qu'il y ait  jamai eu la  moindre remarque à ce sujet. C'est que la Wallonie est une terre d'accueil, où les immigrés sont bien reçus et respectés. Rien à voir, donc, avec ce "wallonationaisme " dont se moque M.Martin, qui ferait bien de revoir sa copie, ainsi que la rédactrice en chef qui, elle, fait, sans s'en rendre compte, l'apologie d'un "belgonationalisme" bilingue totalement dépassé, fondé sur une nation qui n'a jamais existé...

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5 commentaires:

Marc Delmotte a dit…

Comme l'a fait remarquer Claude Thayse sur facebook il y a quelques jours, "Le Soir" est un quotidien bruxellois et Bruxelles une région bilingue.

Lilian Lecoq a dit…

Je suis littéralement écoeuré par cette comparaison faite avec le "national-socialisme". Depuis que j'ai six ans, j'ai vu mes deux papys FGTB (dont un résistant) marcher avec des drapeaux wallons et des drapeaux rouges. Pourquoi écoeuré ? D'abord, parce que si on y réfléchissait de plus près, comme l'a fait la philosophe juive allemande Arendt, il ne serait pas trop difficile de reconnaître que le régime d'Hitler était impérial (Reich) racialiste (Ubermensch/Untermensch pas lutte des classes) et pas national socialiste. Ensuite parce que cette comparaison piétine l'héritage du congrès wallon de 45, votre positionnement pendant la guerre, celui de Perin et celui du père de Gendebien ! Ne pensez-vous pas qu'il est temps d'enterrer la hache de guerre pour une lettre commune Schreurs/Perin/Gendebien histoire de remettre les pendules à l'heure sur cette question et tirer les oreilles à ces éditorialistes aussi arrogants qu'insignifiants, à l'heure précisément où De Wever reproche aux francophones de ne pas avoir fait leur travail de mémoire... Ca me révulse ! Ils font mentir l'histoire et inversent même la perspective ! Ecrivez une lettre ouverte qui fera date, laissez une trace pour ma génération ! Le belgicanisme n'est même pas un nationalisme, c'est un alisme... Un nationalisme sans nation, avec sa haine et son système d'exclusion et d'ostracisation ! Qui a-t-il lui comme référence ? Léopold III, De Man ?

Français a dit…

Tout à fait à ceci-près que le Hainaut aujourd'hui sous administration belge (le vrai, donc sans Charleroi, le Hainaut n'est pas le nom donné à un ancien département français par la Belgique nouvelle) est une partie constitutive de ce que l'on pourrait appeler la "Picardie ethnique", à savoir cette sous-division du peuple français, très clairement définie par des faits linguistiques (donc l'absence de palatisations), grosso-modo une sorte de marche française vers les pays germaniques, qui va des portes de Paris jusqu'aux terres néerlandaises. La vraie Wallonie quant à elle est une extension des Ardennes françaises.

La nation française est clairement constitué de petites nations irréductiblement originales. Il y a d'abord la macro-division oc/oïl. Et dans le domaine des peuples oïliques, d'autres divisions tout aussi subtiles : l'espace poitevin, le sous-ensemble franc-comtois, les hommes de la Loire, ... Tout est si divers. Mais vu de Belgique, ce petit pays, tout est déformé : le Belge ne comprend rien à la France.

Eric Gigot a dit…

@ Français : Pas tous !
http://claude-thayse.over-blog.com/article-1639766.html
Mais peut-on raisonablement dire de lui qu'il est "belge" ?

Conservateur a dit…

La Belgique se meurt...

Air : Ô Marie, ô mère chérie.
Garde au cœur des Français la foi des anciens jours.

Aidez-nous, ô grands Saints de France,
La Belgique se meurt pour nous avoir sauvés,
Il faut que notre effort hâte sa délivrance,
Que ses biens soient tous retrouvés !

C'est pour le droit, pour la justice,
Qu'elle a souffert cette douleur,
Il est complet, son sacrifice,
Elle a tout perdu fors l'honneur !

Son vieux soi n'est plus que décombres.
Fuyant le fer, fuyant le feu,
Ses enfants sont partis, sans nombre,
En invoquant le nom de Dieu.

Dans sa défaite, qu'elle est belle,
Martyre de sa loyauté,
La nation brave et fidèle,
Qui lutta pour la liberté !

"Plutôt la mort que l'infamie",
Répondit-elle à ses vainqueurs ;
C'est par ces mots, sublime amie,
Que tu sus gagner tous nos cœurs.

Elle avait gardé dans son âme
L'idée qu'on exile ailleurs ;
Dès qu'on la nomme ou qu'on l'acclame,
Soudain, nous nous sentons meilleurs.

Sachons tenir, sachons attendre,
L'ennemi raille nos efforts,
Mais nous lui reprendrons la Flandre,
Rouge du sang de tant de morts !...

Vaincus et réduit à la fuite,
Ils nous imploreront, eu vain.
Ceux qui leur feront la conduite
N'auront qu'un cri : Louvain ! Louvain !...

Gloire au petit peuple héroïque,
Nous ne saurions trop le chérir.
Qu'à jamais vive la Belgique,
La Belgique ne peut mourir !

Jean Vézère