samedi 16 octobre 2010

Le statut et l'avenir de Bruxelles : comment concilier les points de vue ?

Le ministre-président du gouvernement flamand, M. Kris Peeters, vient de déclarer, dans une interview au Soir, que la Flandre ne lâcherait jamais Bruxelles, qui est sa capitale et constitue pour elle une valeur ajoutée importante. Il ajoute que le CD&V ne veut pas la scission de la Belgique, mais une profonde réforme de l'Etat accordant beaucoup plus d'autonomie aux Régions et Communautés. Ce qui permet à M. Peeters d'affirmer que Bruxelles est "la capitale de la Flandre", est le fait qu'elle est la capitale de la Communauté flamande, comme elle est aussi celle de la Communauté française.
Mais la situation des francophones et des néerlandophones n'est pas la même, du fait que la Communauté  et la Région flamandes ont fusionné  en une seule institution, ayant un seul gouvernement et un seul parlement, établis tous deux à Bruxelles. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les partis flamands, dans les années '70, ont réclamé prioritairement la création de Communautés, alors que les Wallons revendiquaient surtout l'institution de Régions. Grâce à cette notion de "Communautés" sans territoire précis, compétentes pour les questions relatives aux personnes (enseignement, sports, etc), les Flamands pouvaient conserver une influence à Bruxelles, bien qu'ils n'y constituent qu'environ 10 à 15% de la population.. En outre, après une "mise au frigo" pendant dix ans de la création de la Région de Bruxelles-Capitale, les partis flamands obtinrent une sur-représentation politique, tant au parlement bruxellois que dans les collèges des 19 communes.
Pour les Wallons, la situation est tout autre. Non seulement la Région wallonne et la Communauté française n'ont pas fusionné, mais cette dernière seule a établi sa "capitale", son gouvernement et son parlement à Bruxelles, les Wallons préférant choisir Namur comme capitale de la Wallonie. C'est un peu comme si la Région flamande avait établi sa capitale non à Bruxelles, mais à Gand ou à Anvers.
Il semble toutefois que bien qu'en marquant nettement leur différence avec Bruxelles, les dirigeants wallons ne  veulent pas non plus "lâcher" celle-ci et postulent la création d'une Fédération Wallonie-Bruxelles, prélude à un éventuel Etat du même nom en cas d'indépendance de la Flandre. C'est, semble-t-il dans cet esprit, que M. Rudy Demotte s'est coiffé d'une double casquette, celle de ministre- président wallon et celle de ministre-président de la Communauté française, créant ainsi entre les deux institutions non une fusion comme en Flandre, mais des synergies dans certains domaines. Dans le cadre du fameux "plan B", certains comme M. Di Rupo voudraient même que ce nouvel Etat sans la Flandre conserve le nom et les attributs de la Belgique.
Dès lors, la question qui se pose est la suivante.En dehors d'une cogestion de Bruxelles par la Flandre et la Wallonie - à laquelle pourrait être associée la communauté des Bruxellois francophones -, quelle autre solution pourrait être trouvée concernant Bruxelles, qui aurait à la fois l'agrément des Flamands, des Wallons et des Bruxellois ?
Après les déclarations formelles du ministre-président flamand, on ne peut éluder cette question qui rend plus difficile encore un divorce à l'amiable qui nous paraît pourtant indispensable. A cet égard, on ne peut comparer la Belgique et la Tchécoslovaquie, car ce dernier pays ne comportait pas une capitale centrale disputée entre les Tchèques et les Slovaques.
Ouvrons donc le débat, en espérant que les internautes seront nombreux à nous adresser des commentaires.





9 commentaires:

pierre@s a dit…

"A cause" de Brxl, le problème belge ne se résoudra en effet pas sans une internationalisation du conflit.
L'Europe devra tôt ou tard intervenir et arbitrer. Elle pourrait imposer un referendum aux Bruxellois leur demandant de choisir entre diverses solutions.
Pour que les instances internationales s'en mêlent, il faudra sans doute un incident majeur à défaut d'un appel au secours d'une des composantes du pays. Le pourrissement peut donc encore durer longtemps.

Jacques Laurent a dit…

Avez-vous lu l'avis de Jean-Emile Humblet à ce sujet sur le blog de Claude Thayse?

francophonedebruxelles a dit…

"quelle autre solution pourrait être trouvée concernant Bruxelles, qui aurait à la fois l'agrément des Flamands, des Wallons et des Bruxellois"

Pourquoi avons-nous besoin de l'agrément des Flamands et des Wallons? C'est aux Bruxellois de décider ce qu'ils veulent pour Bruxelles, que cela plaise aux flamands ou pas.

LERUSSE a dit…

Aucune solution pour Bruxelles ne pourra agréer à la fois les Flamands, les Wallons et les Bruxellois. Ceux-ci auraient intérêt à déclarer unilatéralement Bruxelles ville libre indépendante et demander à la France une union-intégration selon Lenain en tant que ville libre en France, ce qui permettra le désenclavement.

Anonyme a dit…

Bien sûr les frontières fluctuent au cours du temps mais il faut bien admettre que la "frontière linguistique" demeure stable depuis bien des siècles; assurément depuis sa première fixation administrative au 16e siècle. La pseudo francophonie de Bruxelles n'en fait pas une région homogène encore moins une communauté de destin; bien au contraire vu la spécificité de ses tributs. Elle se trouve en territoire brabançon thiois historique; qu'elle y reste. N'oublions pas que la francisation du parler populaire bruxellois provient d'un phénomène d'autorité depuis 1830. Aujourd'hui le déplacement de la population bruxelloise vers l'extérieur ne doit ni perturber ni destabiliser la vie des populations germaniques contiguës. Si ces francophones veulent parler français qu'ils se déplacent jusqu'en Wallonie ou alors qu'ils s'adaptent. Ils sont la preuve vivante de l'esprit belgeois et leurs appels aux lois européennes montrent que ces dernières lois sont dangereuses et potentiellement belliqueuses. Une solution: que Bruxelles reprenne son statut d'Agglomération et que la Flandre lui accorde un régime particulier en fonction de sa spécificité multiculturelle. P. COCHE, Uccle

Raymond Walgraphe a dit…

Bravo à Paul Coche pour sa position très claire et logique.

Et pour le (quoi finalement ?) "francophone de Bruxelles", il y a depuis peu un parti qui propose ce que vou semblez souhaiter: pro-bruxsel.
Un peu belgicains (ils n'ont pas encore intégré la fin prochaine de cette machination qu'on appelle Belgique), mais régionalistes bruxellois. Ce qui est très bien et attendu.

R.W.

Paul Patrant a dit…

@ francophonedebruxelles : d'accord, mais ne mellez pas les Wallons à vos délires "frankeupheunes "!

LERUSSE a dit…

C'est la fin d'un blog passionnant.
Sera t'il repris , et par qui ?
Mes condoléances à la famille de Monsieur Schreurs.

Anonyme a dit…

Sincères condoléances. C'est un des derniers Wallons qui s'en va.

F.B.