lundi 15 septembre 2008

La Flandre veut Bruxelles ?

Sous ce titre, le député wallon PS Collignon(1) publie, sur le site de "Vivre en Wallonie" ASBL, un article sur la situation politique-article, qui à vrai dire, date du 3 septembre, c'est-à-dire avant que M. Kries Peters n'infléchisse quelque peu sa position.Notre ami Claude Thayse en donne un compte rendu sur son blogue-notes.

Après avoir analysé l' état, les attentes et les espoirs des partis flamands, en particulier le CD&V, la N-VA et la Lijst Dedecker, M. Collignon exprime la conviction que Bruxelles pourrait devenir un des principaux objectifs électoraux du nationalisme flamand. La hargne insolente avec laquelle les partis du nord du pays répètent, sur tous les tons, que les négociations institutionnelles doivent se situer entre Communautés, Bruxelles n'étant pas, selon eux, une Région à part entière, est déjà indicatrice d'une volonté de refuser aux Bruxellois le droit de choisir leur propre voie.

Jusqu'ici, poursuit M. Collignon, on se contentait de proposer une cogestion de la Région bruxelloise par la Flandre et la Wallonie. Mais depuis un certain temps, c'est un autre son de cloche que l'on commence à entendre. Au pélérinage de la Tour de l'Yser, même si les activistes du Vlaams Belang n'y participent plus guère car cette manifestation leur paraît trop modérée, un des discours officiels a clairement revendiqué le rattachement de Bruxelles à la Flandre(2), les non-néerlandophones y ayant droit (quelle générosité!) au statut de minorité culturelle(...)
Ce n'est peut-être qu'un moyen tactique mais, estime l'auteur de l'article, il est évident que des tentatives d'annexion de la Région bruxelloise seraient vouées à l'échec. Et il précise : les Bruxellois sont capables de se défendre, ajoutant : et ils peuvent compter sur le soutien des Wallons.
Le soutien des Wallons ? Est-ce vraiment l'essentiel pour nous ? Ne devons-nous pas penser d'abord et avant tout à notre Wallonie, si différente, mentalement et culturellement, de la capitale belge, qui, pendant longtemps, s'est accaparée tout ce que nous avions de mieux en Wallonie : nos artistes, nos compositeurs, nos banques, les sièges commerciaux de nos sociétés, nos élites intellectuelles qui se sont empressées d'oublier leur origine "provinciale"...
Peut-on mettre sur le même pied une vieille terre romane ( en ce compris notre "roman pays de Brabant" que certains Bruxellois voudraient nous ravir) et ce qu'il faut bien appeler, au fond, une "colonie" francophone ? Car ils ont raison, les Flamands, quand ils disent que Bruxelles est à l'origine une terre flamande. Il suffit de voir les noms flamands des principales communes, à commencer par celles des trois candidats-bourgmestres : Linkebeek, Diegem, Wezembeek-Oppem...Vous trouvez que ce sont des noms français ?En 1830, la grosse majorité des Bruxellois étaient d'expression flamande. Le nier est absurde. Au fond, Bruxelles est un peu à la Flandre ce que le Kosovo était à la Serbie...
Les Liégeois se sont battus pour Bruxelles en 1830, mais les Bruxellois ne leur ont jamais rendu la pareille... Au contraire, Bruxelles a pratiqué, pendant des décennies, une politique centralisatrice et anti-wallonne aussi exécrable que l'impérialisme flamand(3)!
Cette idée d'une cogestion de Buxelles par la Flandre et la Wallonie a été longtemps défendue tant par le Mouvement wallon que par le Mouvement flamand. Pas plus les fédéralistes wallons que les Flamands ne considéraient Bruxelles comme une "région à part entière"; c'est le compromis boiteux Régions/Communautés qui a changé la donne, et il a fallu attendre dix ans pour qu'émerge une "Région bruxelloise".
Alors, Bruxelles est-il vraiment un problème pour les Wallons, puisque, comme le dit justement M. Collignon, les Bruxellois sont capables de se défendre ? Dans notre optique réunioniste, l'essentiel n'est-il pas que la Wallonie, cette vraie province française détachée, réintègre la Nation ? On peut prévoir pour les Bruxellois un statut de ville libre européenne, où les droits des Flamands comme des francophones seraient reconnus par la société internationale, avec la proximité de la France dont la nouvelle frontière ne lui serait distante que d'une dizaine de kilomètres. C'était le point de vue de François Perin, qui prévoyait même que les francophones de Bruxelles puissent obtenir la nationalité française dans le cadre de cette "européisation" de Bruxelles. C'était avant qu'il ne s'exclame - récemment : surtout, ne faites pas de Bruxelles un cadeau à la Flandre. Mais on sait que François Perin, pour qui je conserve une vive admiration, a plusieurs fois changé d'avis...
(1) Fils de M. Robert Collignon, ancien ministre-président de la Région wallonne, ancien président du parlement wallon.
(2) Ce pélérinage, où il n'y avait pas plus de 2.500 participants ( ils étaient autrefois plus de 50.000) ne représente plus grand'chose.
(3) A. Schreurs, La Route (autoroute) de Wallonie, Liège, 1953, éd. Faculté de droit de l'ULg, 312 p.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

PARIS VAUT BIEN UNE MESSE, LA REUNION DE LA WALLONIE A LA FRANCE VAUT BIEN QUE BRUXELLES SOIT COGEREE PAR LA FRANCE ET LA FLANDRE, EVENTUELLEMENT SOUS STTATUT INTERNATIONAL.LA PRESENCE SI PROCHE DE LA FRANCE NE SERAIT-ELLE LA MEILLEURE PROTECTION POUR LES BRUXELLOIS FRANCOPHONES ?

A. Schreurs a dit…

En ce qui concerne le problème de Bruxelles, le groupe "LIEGE-FRANCE" n'a rien innové par rapport au RWF. Il est simplement demeuré fidèle au programme initial du PARTI FRANCE, dont il est issu, et que ce dernier semble avoir infléchi en direction des indépendantistes du Groupe "WALLON".

Voici ce programme :

1) NOTRE OBJECTIF EST L'INTEGRATION DE LA WALLONIE A LA FRANCE.-
Notre message est sans ambiguïté et ne peut être dénaturé au bénéfice d'un succès électoral plus facile. Nous ne sommes ni "rapprochistes", ni indépendantistes francophiles : nous voulons la Wallonie intégrée à la France, nous réclamons pour les Wallons la citoyenneté française.

2. NOTRE DISCOURS N'EST PAS ANTI-FLAMAND.-
La Flandre n'est pas responsable de la situation économique de la Wallonie. Seule, la Belgique en porte la responsabilité : créée contre la France, il est évident qu'elle n'a pu - et n'a pas voulu -mener une politique équitable vis-à-vis du morceau de France que représente la Wallonie.La Flandre, BIEN DEFENDUE PAR SES REPRESENTANTS, en a tiré profit, c'est tout.

3. L'AVENIR DE BRUXELLES EST ETRANGER A NOTRE PROJET.-
Seule la francophonie réunit Bruxelles et la Wallonie. Ce combat commun pour la défense de la langue française ne se livre pas au niveau belge, mais au niveau mondial. En conséquence, la Région bruxelloise déterminera son avenir selon ses besoins, indépendamment de la Wallonie.
En revanche, la défense du français à Bruxelles sera facilitée si la France s'étend à quelques kilomètres de la périphérie bruxelloise.

C'est cette différence d'analyse et d'une partie des objectifs qui a rendu difficile une collaboration étroite entre Liège-France et le RWF,car celui-ci inclut dans son projet un avenir de Bruxelles en tant que "région de France", défend la solidarité francophone au sein de la Belgique et soutient les revendications des Bruxellois de la "périphérie", aussi belgicains soient-ils.

J'ai eu l'occasion de développer le point de vue du parti "France", dans la revue trimestrielle de celui-ci: "Wallonie Région de France" .

Des actions communes entre Liège-France et les autres rattachistes sont posiibles et souhaitables, mais sur des sujets qui respectent notre point de vue, ou en tout cas ne le mettent pas en cause.

QU'EN PENSENT NOS AMIS ?

Anonyme a dit…

Diegem, une commune périphérique à facilités avec un 'candidat-bourgmestre' non-nommé ?
Les gens ne seront pas d'accord à Diegem ! Mais bon, c'est loin de Liège et cela prouve en pratique que la Flandre et la Wallonie sont deux pays à part. Diegem, cela se situe dans un autre monde.