lundi 16 novembre 2009

Hommage au fondateur du "Centre Harmel".

On apprend aujourd'hui la mort, survenue hier, de M Pierre Harmel, ministre d'Etat, ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères. La Libre lui consacre sa Une et deux pages intérieures sous le titre : La foi en Dieu et en la Belgique. En sous-titre, le quotidien précise : Pierre Harmel est décédé dimanche à Bruxelles à l'âge de 98 ans. Il fut un des grands acteurs de la Belgique du XXè siècle. Ancien premier ministre et chef de notre diplomatie, il n'avait jamais caché ses racines chrétiennes tout en respectant les laïques.
Ce n'est pas tous les jours que l'on peut rendre hommage à un adversaire d'un tel talent et d'une aussi grande courtoisie.
Nous laisserons aux media et aux biographes le soin de retracer sa vie. Nous voudrions quant à nous souligner le rôle qu'il joua, du point de vue wallon, en créant le Centre de Recherche pour la solution nationale des Problèmes sociaux, politiques et juridiques en Régions wallonnes et flamandes(1), centre de recherche qui, en abrégé, porte son nom : le Centre Harmel. La proposition de loi créant ce centre fut déposée à la Chambre le 21 mai 1946, moins d'un an après la tenue du Congrès national wallon de 1945. Signée par Pierre Harmel, elle était contresignée par trois députés flamands et deux wallons, dont Jean Duvieusart. Elle fu votée par la Chambre à l'unanimité moins une voix (celle de François Van Belle qui ne voyait dans cette initiative qu'une "entreprise de pompes funèbres" pour enterrer la question wallonne) et trois abstentions, et au Sénat, à l'unanimité des présents.
Outre son président (Eugène Soudan) et ses vice-présidents ( Pierre Harmel et Julien Hoste), le Centre se composait de 42 membres des quatre partis politiques de l'époque : 18 parlementaires et 24 extra-parlementaires. Grâce à cette composition, des dirigeants wallons, comme Fernand Schreurs, secrétaire général du CNW, et des experts du Mouvement wallon, furent désignés comme membres. Siégeant régulièrement dans l'une ou l'autre des quatre commissions de travail créées - la section démographique; la section économique; la section morale et culturelle; et la section juridique, politique et administrative-, les représentants du Congrès wallon accomplirent un travail considérable, dans le genre de celui que réalisèrent récemment les commissions des Etats généraux de Wallonie. Leurs contributions furent facilitées par le fait qu'un des deux secrétaires du Centre, M. Georges Vrancken, était un fervent militant wallon, particulièrement au fait des problèmes étudiés...
C'est au cours de ces nombreuses séances de travail que des Flamands et des Wallons apprirent à se connaître et finirent par développer des solutions ou des projets communs de décentralisation, voire de fédéralisme. C'est là aussi que prit naissance l'idée de contacts plus ciblés et plus étendus, en dehors du Centre Harmel, entre fédéralistes wallons et flamands. Ces derniers avaient en effet besoin d'un coup de main des Wallons, étant quelque peu déstabilisés et défranchis par la collaboration d'une partie du Mouvement flamand avec les Autorités allemandes pendant la guerre. Le résultat, que M. Pierre Harmel n'avait sans doute pas prévu, fut ce Manifeste des Intellectuels wallons et flamands pour le fédéralisme, mieux connu sous le nom "d'Accord Schreurs-Couvreur"(2), d'où résulta la constitution d'un Collège wallo-flamand. Ce manifeste eut un grand retentissement, puisqu'il donna lieu à plus d'un millier d'articles de presse.
Comme le relève La Libre Belgique, le Centre Harmel fut à la base de bien des réformes qui allaient suivre, dont les lois qui fixèrent la frontière linguistique ou encore la communautarisation lancée par la création de ministères de la Culture flamande et française.
C'est quelque chose du même genre que nous préconisons en évoquant la possibilité de contacts et d'un groupe d'études où se retrouveraient des intellectuels wallons et flamands favorables à la partition de la Belgique...
(1) Cf. Encyclopédie du Mouvement wallon, tome I, pages 241-242.
(2) Idem, tome I, pages 15-18.
Postez des commentaires.Exprimez votre avis. Rappelons qu'il y a aussi des commentaires sur "facebook", notamment à propos des deux messages précédents.

6 commentaires:

Guy Bertrand a dit…

Concernant l'interview du professeur Jacques Thisse :

Les connaissances en économie du professeur Jacques Thisse sont indéniables. Il ne lui est cependant pas possible de les faire apparaître dans un hebdomadaire, au risque d'ennuyer une majorité de lecteurs.
Mis à part les professeurs Pestieau et Deschamps, rares sont les experts en économie moderne à exposer leurs vues sur la situation actuelle de la Région wallonne en terme d'avenir économique.
A l'exception des revues spécialisées, il est rare de lire des articles sur l'économie wallonne dans les quotidiens et les revues francophones subventionnées.
Généralement, ce que le contribuable peut lire a été visionné et censuré par les directions des rédactions, afin que l'ensemble de la population continue à croire qu'elle vit toujours dans un "pays de cocagne".
L'économie est une science, dont les modèles mathématiques sont en constante évolution.
Je m'abstiendrai de faire un commentaire quelconque sur l'interview du professeur, car ayant travaillé dans cette branche, je sais que les bases et les connaissances d'hier, ne sont plus valables aujourd'hui.
Toutefois, je trouve l'approche du professeur Thisse, dans le même hebdomadaire (1), concernant la "Priorité à l'enseignement", très à propos, car bien en phase avec la situation actuelle. En mentionnant des axes à suivre, pour permettre le redressement du niveau relativement bas de notre enseignement secondaire supérieur et technique.
(1) Le Vif-L'Express.

L'administrateur a dit…

Il y a, sur les deux messages précédents, de nombreux commentaires traitant d'une part, de l'interview du professeur Jacques Thisse dans "Le Vif-L'Express", et d'autre part, de la désignation éventuelle de M. Herman Van Rompuy à la présidence du Conseil européen des Ministres.

Commentaires "à charge et à décharge".

Georges Lambert a dit…

Le peu de commentaires sur ce message montre bien que les choses sérieuses n'intéressent pas grand monde.

Il faut crier, hurler, "bouffer du flamand"...alors ça marche ! Pauvres petiis wallons, citoyens de cette "sous-France" comme disait René-Pierre Mélon.

Anonyme a dit…

Quele mépris pour les Wallons. Quelle prétention sur votre intellect, bien supérieur au bon peuple. Quelle suffisance de votre part. Vous savez tout, vous connaissez tout, vous seul êtes capables de montrer la direction.
Emplissez-vous de votre auto satisfaction jusqu'à en éclater comme la grenouille de La Fontaine.

Georges Lambert a dit…

@ à l'"anonyme", qui n'est pas une "grenouille" mais un "trouillard", puisqu'il n'ose pas se nommer :

Lisez le petit livre de P.-R. Mélon, vous comprendrez...si votre QI est suffisamment élevé !

Franchement, la bêtise crasse du "bon peuple", qui ne lit que des torchons comme "La Meuse" ou la "DH", qui ne s'intéresse qu'aux faits divers et aux "people", aux "stars", famille royale comprise, ça ne vous écoeure pas ? Moi si !

A. Schreurs a dit…

Un ami ayant fait observer que c'est dans le but d'"encommissionner" le dossier communautaire belge et d'endiguer ainsi le courant fédéraliste, que M. Pierre Harmel déposa, en 1946, une proposition de loi portant création du Centre de recherches qui porta son nom, je réponds ceci :

Certes, mais là n'est pas l'important. Ce qui l'est, c'est l'utilisation intelligente que les dirigeants du Mouvement wallon surent faire de cette institution.
Contrairement aux prévisions de Pierre Harmel, un travail en profondeur a été réalisé, qui a permis de relancer l'idée fédéraliste...en Flandre, où elle avait été mise à mal par la collaboration d'une partie du Mouvement flamand avec l'Occupant.

Les dirigeants du Congrès Wallon, et les parlementaires libéraux et socialistes qui les appuyaient, avaient compris qu'UNE REVENDICATION WALLONNE,EN BELGIQUE,N'A DES CHANCES D'ABOUTIR QUE SI ELLE DEVIENT AUSSI UNE REVENDICATION FLAMANDE. Il fallait donc que le fédéralisme soit réclamé à la fois par la Flandre et la Wallonie.

C'est grâce à cette stratégie intelligente - qui suscita déjà à l'époque injures et sarcasmes de Bruxellois francophones - que la Volksunie finit par déposer, sur le bureau de la Chambre, une proposition de loi fédéraliste qui entraîna, par contagion et par concurrence, une prise de position identique des autres partis flamands. Bien entendu, cela ne se fit pas en un jour. Comme tout en Belgique, cela prit de longues années, mais le point de départ de toutes les réformes institutionnelles, est là.

C'est par référence à ces contacts wallo-flamands, que je suggère d'avoir des contacts avec les nationalistes flamands actuels (ceux des années '50 étaient bien pires!), afin de développer ensemble une stratégie pour mettre fin à l'Etat belge, condition incontournable pour que la Wallonie puisse se réunir à la France.